
On ne saurait trop insister sur l’importance de la réussite du déploiement des vaccins contre la COVID-19. À l’heure où le nombre de cas quotidiens dans le monde atteint des records, les vaccins apparaissent comme le remède le plus puissant pour protéger les vies et les moyens de subsistance et mettre un terme à la pandémie. Fort heureusement, de nombreux vaccins candidats ont reçu une autorisation d’utilisation d’urgence et sont en cours de déploiement dans le monde entier.
Toutefois, le chemin qui mène de la démonstration de l’innocuité et de l’efficacité des vaccins dans les essais cliniques à la vaccination de populations entières est long et complexe (voir l’article intitulé en anglais “Vaccines Aren’t the End of the Fight, but the End of the Beginning”). En se préparant à mener des campagnes de vaccination d’une ampleur inédite, les pouvoirs publics doivent impérativement améliorer leurs systèmes de santé pour qu’ils soient prêts de bout en bout, tant dans l’immédiat, pour que la campagne de vaccination soit opérationnelle, qu’à long terme, dans l’éventualité où la COVID-19 deviendrait une maladie endémique avec laquelle il faille vivre. Il faut agir à une vitesse et à une échelle sans précédent, sous l’œil attentif du public et dans un contexte d’extrême incertitude.
La région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA) a été fortement touchée par la pandémie, recensant à ce jour plus de 2,75 millions de cas confirmés. Des mesures ont été prises et plusieurs pays de la région MENA enregistrent déjà d’importants progrès au niveau de leur plan national de vaccination, particulièrement en matière de stratégie et d’approvisionnement. Dix pays de la région ont déjà lancé des campagnes de vaccination.
Dans ce contexte, la Banque mondiale organise une série d'ateliers pour aider les pays de la région MENA à réfléchir aux problèmes les plus stratégiques de la vaccination contre la COVID-19 et tirer les enseignements de leurs expériences respectives. Nous présentons ci-dessous les quatre points essentiels à prendre en compte lors de la planification d’une campagne de vaccination, thème du premier atelier. D’autres thèmes, qui correspondent au programme des ateliers, seront abordés plus en détail dans une série de billets à venir.
1. Stratégie vaccinale
Toute stratégie vaccinale repose sur la fixation par les pouvoirs publics d’objectifs clairs à court, moyen et long terme. Ces objectifs permettent de définir les populations prioritaires pour la vaccination, les vaccins les mieux adaptés au contexte national, les prévisions de l’offre et de la demande, les exigences en matière de déploiement et les scénarios envisageables. La stratégie doit être soutenue par une réglementation, un plan opérationnel et un bon système de suivi permettant de suivre les progrès de la campagne de vaccination en veillant à ce que l’accès aux vaccins soit efficace et équitable
2. Achats
Même si l’achat de vaccins est une nécessité urgente, chaque vaccin présente ses propres spécificités de distribution, notamment en ce qui concerne le prix, le protocole, le stockage, le transport et l’administration. Les décisions d’achat doivent être guidées par l’évaluation des spécificités de distribution et des capacités du système de santé national. Par exemple, certains ont choisi des vaccins moins contraignants en termes de chaîne du froid.
3. Distribution
L’état de préparation de la chaîne d’approvisionnement est une question cruciale pour tous les pays. Les chaînes existantes peuvent ne pas être correctement équipées pour assurer la distribution des vaccins contre la COVID-19. Les trois principaux aspects à prendre en compte sont les capacités de la chaîne du froid, la logistique sur le dernier tronçon et les fournitures connexes. Certains vaccins candidats de la « première vague » doivent respecter des exigences très strictes en matière de chaîne d’approvisionnement, notamment la conservation à très basses températures. Même pour les vaccins présentant des exigences standard concernant la chaîne du froid, il est difficile de faire correspondre les quantités de vaccins aux fournitures connexes, d’assurer la traçabilité de ressources rares, de garantir la disponibilité des fournitures pour l’administration de la deuxième dose et de permettre un flux de volumes supérieurs à ceux des campagnes de vaccination classiques.
L’efficacité de la distribution repose sur le renforcement du système de santé. Les pays doivent trouver des moyens de mobiliser rapidement le personnel de santé pour la vaccination et d’améliorer les systèmes de données nécessaires au suivi des bénéficiaires et à la pharmacovigilance continue.
Des campagnes de communication bien conçues, qui tiennent compte des informations comportementales, doivent permettre de renforcer l’acceptation et la demande de vaccins par la population. Une communication ciblée peut être nécessaire pour lutter contre la désinformation et les idées reçues.
4. Financement
Les pouvoirs publics devraient évaluer le coût total de l’achat et de la distribution des vaccins dans différents scénarios et planifier en conséquence. Les ressources budgétaires devraient analysées en fonction du calcul des coûts. Il est essentiel d’évaluer les options et les arbitrages pour mobiliser des fonds tant internes qu’externes, y compris les coûts d’opportunité, en tenant compte de la nécessité de maintenir un portefeuille de vaccins équilibré.
Cependant, le déploiement d’un nouveau vaccin comporte d’importantes incertitudes, qui nécessitent de parer à toute éventualité. Par exemple, si la protection vaccinale dure moins longtemps que prévu ou qu’elle est plus faible face aux nouveaux variants, les coûts augmenteront considérablement.
Planifier l’avenir : adaptation et renforcement du système de santé
La pandémie de COVID-19 a fait ressortir des faiblesses dans tous les systèmes de santé et créé des difficultés qui persisteront longtemps après le déploiement des campagnes de vaccination. Les pays devront examiner comment la vaccination s’inscrit dans leur stratégie plus globale de lutte contre la pandémie et quelles en sont les conséquences pour la reprise. Parallèlement, la planification à moyen et long terme doit tenir compte de l’éventualité que la COVID-19 puisse devenir endémique, ce qui nécessitera de s’adapter, avec un renforcement important des systèmes de santé, l’intégration de cette maladie dans les programmes de vaccination systématique et une analyse des coûts à long terme pour les systèmes de santé.
Vous avez évoqué d'importants progrès dans certains pays de la zone Mena , est-il possible d'avoir un tableau synthétique par pays,avec une situation de où on en est en terme d'avancement dans les stratégies de vaccination contre la covid, ainsi que les type de vaccins utilisés ?
Nous savons tous avant la pandemie de COVID comment le systeme de sante dans les pays en developpement est fragile. Cette fragilite s'est agravee avec l'avenement de COVID-19. Comment faire a court terme pour mettre en place une reponse vaccinale efficace en se basant sur les differents programmes nationaux de vaccination dans ces pays par un renforcement de la logistique adaptee
Bien merci pour cet article qui me permet de situer les stratégies quant aux réponses durables par rapport à la riposte contre l'actuelle pandémie au Covid 19. Je souhaite partager mon inquiétude par rapport à certains pays de l'Afrique subsaharienne qui jusqu'en ces jours expriment des dénies par rapport à l'éxistance du virus et par voie de conséquences réfractaires à la vaccination. Évidement la sensibilisation est et reste prioritaire. mais dans les visions d'éviter un isolement régional; que ce qui est envisageable pour éviter de freiner le développement économique de ces régions bien qu'au départ fragile?