La finance est essentielle pour assurer une reprise équitable après la pandémie de COVID-19

Una mujer nigeriana en un quiosco de servicios entrega dinero a un cliente Una mujer nigeriana en un quiosco de servicios entrega dinero a un cliente

En 2020, alors que les communautés à travers le monde s’efforçaient de contenir la propagation de la COVID-19 et de gérer les coûts sanitaires et humains de la pandémie qu’elle avait provoquée, les pouvoirs publics ont engagé d’urgence un certain nombre de mesures de soutien inédites et de grande envergure pour atténuer les pires conséquences immédiates de la pandémie. Ces mesures comprenaient des confinements qui se sont traduits par la fermeture d’entreprises, des plans de relance budgétaire qui incluaient des aides directes en espèces au profit de ménages et des entreprises, des politiques monétaires visant à réduire les taux d’intérêt et assouplir les conditions de prêt pour les institutions financières, et des politiques axées sur le secteur financier telles que des moratoires sur le remboursement des dettes des ménages et des entreprises ainsi que des systèmes de garantie de crédit. Ces politiques de crise ont contribué à limiter les pires effets économiques de la pandémie à court terme. Cependant, elles ont également mis en évidence et exacerbé un certain nombre de fragilités économiques susceptibles d’entraver une reprise économique durable et équitable. Cette situation est réellement préoccupante étant donné que les effets économiques de la pandémie s’avèrent plus persistants et plus graves pour les pays à revenu faible et intermédiaire.

Notre nouveau Rapport sur le développement dans le monde 2022 : la finance au service d’une reprise équitable examine le rôle central de la finance pour assurer la reprise des économies après la pandémie, afin que tous, y compris des groupes vulnérables tels que les adultes pauvres, les femmes et les petites entreprises, puissent se remettre sur pied.

Une vision globale des risques économiques associés à la pandémie

Bien que les ménages et les entreprises aient été les plus directement touchés, les conséquences de la COVID-19 se sont répercutées sur l’ensemble de l’économie à travers de nombreux canaux qui se renforcent mutuellement et font le lien entre la santé financière des ménages et celle des entreprises, des institutions financières et des administrations publiques. En raison de cette interdépendance, si rien n’est fait, des risques financiers élevés dans un secteur peuvent facilement se propager et déstabiliser l’économie tout entière. Lorsque les ménages et les entreprises connaissent des difficultés financières, le secteur financier se retrouve exposé à un risque plus élevé de défaut de remboursement et est moins susceptible de fournir des crédits. De même, lorsque la situation financière du secteur public se détériore, par exemple en raison d’une augmentation de l’encours et du service de la dette, la capacité de l’État à soutenir les ménages et les entreprises peut s’affaiblir. Cependant, cette relation n’est pas déterministe. Des politiques budgétaires, monétaires et financières bien pensées peuvent contrecarrer et réduire ces risques interdépendants, et contribuer à transformer le « cercle vicieux » que représentent les liens entre différents secteurs de l’économie en un cercle vertueux.

Gérer et réduire les risques financiers interconnectés pour les ménages, les entreprises, les banques et les administrations publiques est essentiel pour assurer la reprise économique dans les pays en développement.

Figure 1

 

Des politiques efficaces pour maîtriser les risques financiers et assurer une reprise équitable

Le Rapport sur le développement dans le monde 2022 s’intéresse essentiellement aux solutions à apporter à quatre sources importantes de risques qui sont : des bilans bancaires affaiblis, le redéploiement différé d’actifs productifs coincés dans des entreprises défaillantes, les défis rencontrés par les prêteurs pour identifier des emprunteurs solvables par temps de perturbations économiques, et l’accroissement de la dette souveraine. Dans l’idéal, les États mettraient parallèlement en œuvre des politiques pertinentes dans chacun de quatre domaines d’action. Cependant, rares sont les pays, s’il en existe, qui disposent des ressources et de la marge de manœuvre politique nécessaires pour s’attaquer d’un coup à tous ces problèmes. Aussi faudra-t-il classer par ordre de priorité les mesures les plus importantes à prendre.

Domaine d’action 1 : Gérer et réduire les difficultés de remboursement des prêts

Les gouvernements et les institutions financières pourraient atténuer ce risque en mettant l’accent sur la transparence, la bonne gestion des prêts douteux et les interventions proactives au profit des banques en difficulté. Les moratoires sur la dette, les mesures de tolérance et les règles d’information assouplies adoptés pour alléger les pressions sur les emprunteurs et les prêteurs pendant la pandémie ont engendré un déficit de transparence sur l’état des bilans bancaires, particulièrement en ce qui concerne la reconnaissance des prêts non performants, ce qui limite la capacité du secteur privé à octroyer des prêts.

Domaine d’action 2 : Améliorer le cadre juridique régissant l’insolvabilité

Des systèmes de faillite efficaces, qui mettent l’accent sur les arrangements extrajudiciaires, y compris des procédures simplifiées et plus rapides pour les petites entreprises, peuvent aider à éviter le risque de surendettement insoluble à long terme. Actuellement, les créanciers ne peuvent s’appuyer sur des méthodes traditionnelles d’analyse du risque de crédit pour déterminer si les emprunteurs en difficulté sont confrontés à des problèmes de liquidité à court terme ou d’insolvabilité à long terme. En outre, les emprunteurs ne peuvent pas se déclarer insolvables dans les pays où les mécanismes d’insolvabilité sont inexistants ou limités.

Domaine d’action 3 : Garantir un accès continu au financement

L’innovation en matière d’outils financiers et de modèles de prêt numériques, notamment des sources de données, des conceptions de produits et des contextes de prêt non traditionnels, peut contribuer à maintenir le flux de crédit lorsque le cadre réglementaire y est favorable, et à mettre en place des mécanismes pour assurer la protection des consommateurs et des marchés. L’impact continu de la crise sur les résultats des entreprises et les revenus des ménages pourrait empêcher l’octroi de nouveaux prêts en raison de l’augmentation du risque de crédit, de la baisse de visibilité sur la viabilité des emprunteurs et d’une capacité moindre à exécuter des garanties.

Domaine d’action 4 : Gérer des niveaux plus élevés de dette souveraine

Les pays qui ne sont pas en mesure d’assurer le service de leur dette risquent de connaître une récession prolongée. Pour éviter une telle issue, il faut une gestion active de la dette par le biais d’un reprofilage ou d’une restructuration et des réformes à plus long terme en matière de transparence de la dette et de politique fiscale. De nombreux gouvernements ont contracté des dettes pour financer des programmes massifs de soutien à l’économie, ce qui a entraîné une augmentation d’environ neuf points de pourcentage du fardeau total de la dette des pays à revenu faible et intermédiaire.

Conclusion : établir des priorités d’action pour une reprise équitable

Les pays doivent prendre en compte la panoplie de risques internes et externes auxquels ils sont particulièrement exposés au moment de définir leurs politiques prioritaires en vue d’assurer une reprise équitable.  Pour de nombreux pays à faible revenu, la résolution du problème de l’insoutenabilité de la dette souveraine constituera une priorité absolue. En revanche, les pays à revenu intermédiaire dont le secteur financier est plus exposé à la dette des ménages et des entreprises devront peut-être mettre l’accent sur des politiques d’appui à la stabilité financière.

Enfin, bien que le Rapport sur le développement dans le monde 2022 traite essentiellement des principaux risques financiers et économiques créés par la pandémie à l’échelle nationale, les perspectives de reprise d’un pays seront aussi déterminées par l’évolution de l’économie mondiale. On peut citer par exemple les risques liés aux taux de change et aux taux d’intérêt, qui pourraient apparaître au moment où l’activité reprend dans les économies avancées et où les programmes de relance arrivent à leur terme, ce qui amènerait les banques centrales à réduire les liquidités mondiales et à relever les taux d’intérêt.

Il est important d’agir sur les risques financiers que pourrait engendrer la pandémie pour que les gouvernements et les institutions financières puissent soutenir la reprise, notamment en investissant dans des services publics comme les soins de santé et l’éducation. Il est également essentiel que les ménages et les entreprises ne perdent pas l’accès aux services financiers qui sous-tendent la reprise de la croissance et la résilience aux chocs économiques. Si l’on parvient à surmonter ces risques, on pourra en limiter les effets négatifs sur les acquis du développement et maintenir la dynamique en faveur de l’écologisation de l’économie mondiale pour lutter contre la crise climatique.


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