Globalement au Sénégal, le coût financier des redoublements et des abandons accuse une tendance haussière qui s’explique par l’augmentation des taux de redoublement et d’abandon. Sur la période 2012-2015, les redoublements et abandons représentent 13,72 % des dépenses exécutées par le gouvernement. Plusieurs facteurs expliquent ce phénomène dont l’un est l’accès à une éducation préscolaire de qualité. Le Sénégal a encore des efforts à faire dans ce domaine avec notamment un taux brut de préscolarisation d’un peu plus 17 % seulement, mais surtout en ce qui concerne l’amélioration significative de la qualité.
Le préscolaire a un impact considérable sur la scolarité primaire. Il existe de nombreux outils permettant d’évaluer dans quelle mesure la préscolarisation met effectivement l’enfant dans les meilleures conditions pour entrer au cycle primaire avec plus de chance et de dispositions pour y effectuer une meilleure scolarisation. Les bénéfices de l’éducation de la petite enfance (EPE), qui one été largement étudiés et documentés, sont nombreux : (i) faire une scolarité complète et fluide, avec moins de risques de redoubler et/ou d’abandonner en cours de cycle, ( ii) obtenir un niveau plus élevé d’acquisitions et obtenir un meilleure seuil maitrise durant les différentes évaluations.
En effet, la préscolarisation est un levier important pour l’amélioration de la qualité du cycle primaire. Ce levier agit à la fois i) sur le niveau des apprentissages individuels, et ii) sur la fluidité des carrières scolaires en cours de cycle. Ces deux impacts positifs essentiels sur les jeunes apportent du crédit au plaidoyer pour le développement du préscolaire au Sénégal.
Rôle primordial de la mesure de la qualité
Mesurer et documenter la qualité de l'EPE au Sénégal est donc d’une importance critique. Cela fournira des données contextualisées relatives à la portée et de l’impact de l’EPE sur les performances du système éducatif qui pourront être présentées au gouvernement.
Au Sénégal, il y a des évaluations quotidiennes effectuées par les enseignants dans les classes conformément aux cahiers des charges. Ces évaluations reposent sur une observation attentive et une interprétation de ce que chaque enfant dit ou produit, autrement dit sur les acquis et les progrès réalisés par les apprenants. De manière plus systématique, le Sénégal utilise des mécanismes nationaux, régionaux et internationaux pour l’évaluation des apprentissages. Toutefois, l’absence d’un véritable système d’évaluation des acquis des élèves rend difficile l’obtention de données de qualité comparables. A cela, il faut ajouter la quasi-inexistence d’outils d’évaluation standardisée que les prestataires de services d’EPE pourraient utiliser qui permettraient de définir les seuils de maitrise de chaque enfant par rapport à chaque compétence.
La voie à suivre pour le gouvernement
Dans ce cadre, le gouvernement du Sénégal envisage de mettre en place un dispositif national i) d’évaluation des acquis des enfants inscrits au préscolaire, ii) du processus d’apprentissage et iii) du pilotage de l’EPE. A cet effet, un benchmark a été fait pour identifier des approches et des outils pertinents et adaptés tels que le TEACH ECE, les AIM ECD Core items de la Banque mondiale, ECDI2030, etc.
Le Projet Investir dans les Premières Années pour le Développement Humain au Sénégal, financé par la Banque mondiale, donne une opportunité inédite avec notamment i) la mise en place d’un système d’information pour l’EPE, ii) le lancement d’une enquête nationale sur l’EPE combinée avec l’enquête démographie et de santé de 2022 en collaboration avec l’Agence Nationale de la Démographie et de Statistique. Ce travail permettra de disposer d’informations essentielles pour renseigner les différents indicateurs clés, mais surtout d’asseoir les bases de la mise en place du système d’évaluation de l’EPE au Sénégal, dont le besoin est si urgent, qui utilise les outils et approches susmentionnés.
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