
Les crises survenues ces dernières années, de la pandémie de COVID-19 à la crise énergétique actuelle provoquée par l'invasion de l'Ukraine par la Russie, ont obligé les pouvoirs publics à répondre rapidement à l'augmentation des besoins des populations. Elles ont aussi mis en lumière l’importance d'une bonne gouvernance, tant pour se préparer aux crises que pour y faire face.
La pandémie de COVID-19 a modifié le mode de fonctionnement des pouvoirs publics, notamment lorsqu’il s’agit d’assurer la stabilité et de répondre à la demande croissante de services de la part de la population. L'élargissement du champ d'action de l'État correspond à un besoin accru de bonne gouvernance. Cependant, plusieurs questions se posent : comment financer cette activité accrue de l’État ? Faut-il augmenter les impôts ou creuser les déficits ? Comment les autorités décident-elles que le risque est écarté et qu'elles peuvent réduire leur soutien ? Quels mécanismes de gouvernance sont nécessaires pour garantir que l'argent public n'est pas gaspillé ou, pire, qu'il n'alimente pas la corruption ? Ce billet tente de répondre à cette dernière question.
Les crises précédentes
Les pressions en faveur de l’intervention des pouvoirs publics ont commencé bien avant la pandémie de COVID-19, puisqu’elles remontent à la crise financière mondiale de 2007-2008. D'importantes mesures budgétaires contracycliques ont alors été mises en place — pour la première fois depuis des décennies, le Fonds monétaire international (FMI) a recommandé (a) une expansion budgétaire mondiale de 2 % — et les États ont adopté des politiques monétaires visant à réduire les écarts de taux sur des marchés dysfonctionnels. L'intervention accrue de l'État s'est traduite par des mesures de soutien au système bancaire : octroi de subventions, nationalisation temporaire d’institutions bancaires (a), nationalisation de compagnies d'assurance (l’administration américaine a acquis des participations majoritaires dans AIG et GMAC, par exemple), recapitalisation d’entreprises « trop grandes pour faire faillite » ou autres mesures prises par les banques centrales (ainsi, en 2008, la Banque centrale du Nigéria détenait environ 60 % des actions de la bourse de Lagos après avoir accordé des prêts sur marge d'une valeur de 10 milliards de dollars).
Pendant la crise de la COVID-19, les pouvoirs publics ont de nouveau été contraints d’intervenir davantage lorsqu’il a fallu aider rapidement les ménages et les entreprises ou soutenir le secteur de la santé : aménagements au paiement du treizième mois de salaire au Brésil et transferts monétaires aux ménages en Inde, moratoires sur les dettes en Italie, création d'une facilité de crédit de 50 milliards de nairas pour les PME en difficulté au Nigéria, accès gratuit aux vaccins aux États-Unis ou construction d'hôpitaux en Chine... Les marchés publics ont pris une place de premier plan. Pour la première fois, les États ont acheté des biens qui n'existaient pas encore, sans garantie qu’ils fonctionnent une fois produits, et à des prix qui n'avaient pas encore été fixés.
En 2022, les États sont face à une nouvelle crise. La guerre en Ukraine a des répercussions considérables sur le secteur de l'énergie, ainsi que sur les prix de certaines matières premières comme les céréales et les engrais. Les pouvoirs publics sont intervenus en accordant des subventions à certains groupes de consommateurs, en plafonnant les prix de l'énergie ou en participant à la production et au transport de l'énergie par le biais des entreprises publiques. Les pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ont adopté des politiques de soutien des prix et des revenus. En Inde et au Pérou, les autorités ont privilégié les réductions de taxes sur l'essence et le diesel, tandis que le Brésil a plafonné les prix. Les subventions accordées par l’Équateur sur le carburant et les engrais représentent 0,8 % du PIB (a).
Ces décisions transparaissent dans les statistiques relatives aux comptes nationaux. À l'échelle mondiale, la part des dépenses publiques dans le PIB a bondi pour passer de 25,9 % en 2008 à 34,1 % en 2020, et il faut s'attendre à ce qu’elle progresse encore en 2022 (figure 1). Cette tendance s'observe dans toutes les régions, de l'Union européenne (+5,9 points de pourcentage entre 2008 et 2020) à l’Amérique latine (+5,5 points entre 2010 et 2020).
Figure 1. Dépenses en pourcentage du PIB, 1994-2020
LÉGENDE
MONDE
Source : Annuaire sur les statistiques des finances publiques du Fonds monétaire international et estimations du PIB de la Banque mondiale et de l’OCDE.
La gouvernance en période de crise
L'expérience des crises précédentes nous enseigne que trois principaux canaux de gouvernance doivent être renforcés lorsque l'État doit satisfaire des besoins accrus dans la population. Premièrement, l'augmentation des dépenses publiques nécessite un système plus efficace de passation des marchés publics (a), afin de traiter rapidement un flux plus important de projets. Certains pays suspendent temporairement leurs procédures ordinaires en la matière, au détriment de la transparence et de la lutte contre la corruption. En revanche, il convient d’accorder une plus grande marge de manœuvre aux instances de réglementation dans les pays où les capacités du secteur public et le capital humain sont élevés et qui disposent de mécanismes de contrepouvoirs internes éprouvés[MPS1] (a).
Deuxièmement, les nouveaux régimes de subventions nécessitent la communication d’informations et/ou des audits spécifiques, qui garantissent que les fonds sont employés conformément aux objectifs fixés et ne sont pas mal utilisés. En temps normal, les processus d’information et d’audit des activités du secteur public peuvent prendre plusieurs années, si tant est qu'ils soient obligatoires. En cas de crise, on peut accélérer ces opérations à l’aide des nouvelles technologies. Les subventions présentent une difficulté similaire à celle des marchés publics, où, en temps de crise, les exigences de rapidité entrent naturellement en tension avec les risques de corruption, d'inefficacité et d'abus.
Enfin, avec la hausse de la participation de l'État dans les actifs productifs, par exemple dans les secteurs de la santé ou de l'énergie, la gouvernance des entreprises publiques requiert une attention accrue. Dans les entreprises publiques, il existe souvent des tensions entre les enjeux de la mission de service public et le souci de la rentabilité (a). En période de crise, c’est la première qui prime. Cependant, les politiques publiques réagissent rapidement face à une crise émergente (par exemple, lorsqu'il s'agit d'acheter des respirateurs ou de financer la recherche sur les vaccins) et les conseils d'administration des entreprises publiques doivent donc être dotés de professionnels capables de discerner ces tendances.
Étant donné que la plupart des pays n'ont pas, à ce stade, la capacité de s'orienter vers des modèles de partenariat public-privé (PPP) (on pense, par exemple, aux récents échecs des vastes projets de privatisation en Angola, en Éthiopie ou au Zimbabwe), il faut mettre l'accent mis sur l'amélioration de la gouvernance des entreprises publiques. Toutefois, cette dernière est d'autant plus difficile que les structures de rémunération et d'incitation financière y sont généralement peu compétitives par rapport à celles du secteur privé. Ces structures doivent être modernisées et des protocoles d'embauche transparents mis en place.
La Banque mondiale possède une longue expérience de la collaboration avec les gouvernements en vue de combler les lacunes en matière de gouvernance du secteur public. Les crises incitent à poursuivre ce travail en mettant en évidence les maillons faibles de la chaîne de prestation des services publics et en apportant des solutions. Les principaux enseignements, toutefois, peuvent être tirés du monde de la recherche. La technologie sur laquelle s’appuie la prévision des crises économiques évolue constamment et, avec elle, nos capacités à prévoir les crises futures. Elle permet d'affiner les mécanismes de gouvernance avant de se laisser emporter par la panique qu'engendre l’apparition d’une crise. Il est préférable de procéder à ces améliorations en temps normal, en prévision des difficultés à venir.
NOTE DE LA RÉDACTION : Ce billet est le premier d'une série de publications sur les défis de gouvernance engendrés par les crises récentes.
Prenez part au débat
Sumamente interesante entender y compartir todas estas ideas que nos ayudaran a entender el vardadero papel de Estado o Gobiernos.
C'est vrai que la pandémie à COVID 19 a amené de nombreux gouvernements à changer ou réajuster leur politique de gestion, mais cela n'est pas suffisant.Nos différents gouvernements doivent penser à faire suffisamment des réserves pour répondre à toutes crises qui surviendrait.
Mon inquiétude est pour de nombreux pays en développement qui déjà ont du mal avec leur budget de résoudre même les besoins élémentaires de leur population.Ils ne sauront pas faire face aux crises sanitaires ou économiques mondiales qui surviendraient.
Le Groupe de la Banque mondiale a dans ce cas le devoir de penser comment aider ces pays à faire face cette situation.
Je suis analyste statisticien économiste. C'est un plaisir de participer au débat et de donner mon opinion
Monsieur, Madame.
Je suis vraiment reconnaissant de ce votre grande Institution apporte comme aide aux États à travers le monde entier.
Mais ce que je déplore dans vos interventions en Afrique en ce qui me concerne, c'est votre manque de suivi de interventions, sauf erreur de ma part.
Je pense pour ma part, que l'objectif
recherché est de sortir les ménages de la précarité, or tel n'est pas le cas en général dans nos États.
Une gestion orientée, ciblée, non démocratique en un mot politisée ( COVID-19).
Afin d'atteindre vos nobles objectifs, il faudrait veiller rigoureusement sur vos interventions en Afrique.
Je vous remercie.
Bonjour pour moi la banque mondial doit elle même aider les ONG et les gens qui veulent travailler mais qui n ont pas les moyens. Les gouvernements sont tous méchants ils aident pas .ils prennent l argent de la banque mondiale pour s enrichir eux même
Le problème est préoccupant. Étant donné que des solutions ont été adoptées pour amortir les chocs après crise, il reste que des enseignements devront être tirés autant par les gouvernants que les gouvernés. Les maladies et les crises inter-etats doivent d'avantage être considérés dans la planification des risques par l'affectation de budgets plus conséquents dans les départements comme la santé, le développement du secteur primaire des économies des états et le développement de l'économie numérique. Ceci pourrait permettre aux états de disposer des prérequis pour faire face aux nouvelles pandémies, assurer leur autosuffisance alimentaire et leurs communications durant leur confinement.
Une très bonne analyse context tuelle et situationnelle. Je pense que la crise du covid 19 a été un moment inedit pour certains gouvernants de financier des activités normal es à des couts très élevés. Cela occasionne une forme de corruption qui ne dit pas son son nom. On a mis en place des subvensions aux populations dont elles ne sont en partie que beneficiaries. Bref toute une activité financees dans les secteurs Agricoles, d'énergie et sanitaire ont profité aux gouvernants avec des comptes financiers justifies en fonction de la position des gouvernants. Laudts et controls financiers n'ont pu inverse cette tendance.
Une très bonne analyse context tuelle et situationnelle. Je pense que la crise du covid 19 a été un moment inedit pour certains gouvernants de financier des activités normal es à des couts très élevés. Cela occasionne une forme de corruption qui ne dit pas son son nom. On a mis en place des subvensions aux populations dont elles ne sont en partie que beneficiaries. Bref toute une activité financees dans les secteurs Agricoles, d'énergie et sanitaire ont profité aux gouvernants avec des comptes financiers justifies en fonction de la position des gouvernants. Laudts et controls financiers n'ont pu inverse cette tendance.
Oui pour un assainissement des finances publiques. À cet effet, les pouvoirs publics des pays en développement et des pays émergents doivent bien sûr mettre l'accent sur la transparence et la lutte contre la corruption dans les dépenses publiques mais force est de reconnaître que l'urgence des projets impose une réorganisation des textes de passation de marchés, en identifiant de manière prévisionnelle avant une quelconque crise les secteurs pouvant être touchés en premier et de prévoir une marge de manœuvre de décaissement de fonds plus rapide. Actuellement, la BM doit travailler à accompagner plus de manière technique qu'à donner des orientations de gestion de fonds.
Votre billet a offert au public une compréhension claire de la nécessité de pratiquer la théorie keynésienne de la demande effective en toute circonstance du fait d'un monde de plus en plus imprévisible à cause des actions humaines inappropriés.
Merci à toute l'équipe
Ça m'intéresse de participer le débat où au ca contraire de suivre en direct et de poser des questions merci
Parole de confidentialité acquie
Très enrichissant
Article éclairant et d actualité
La gouvernance en période de crise
L'expérience des crises précédentes nous enseigne que trois principaux canaux de gouvernance doivent être renforcés lorsque l'État doit satisfaire des besoins accrus dans la population. Premièrement, l'augmentation des dépenses publiques nécessite un système plus efficace de passation des marchés publics (a), afin de traiter rapidement un flux plus important de projets. Certains pays suspendent temporairement leurs procédures ordinaires en la matière, au détriment de la transparence et de la lutte contre la corruption
je suis d'accord que le rôle de l’État devient et doit être prépondérant pour anticipation et activation des mesures de prévention des populations face aux multiples endémies avec ses conséquences économiques, humaines, financières environnementales, etc....
Cela est un devoir et un droit universel
Pour ma part, aider la population les plus vulnérables suppose que cette population a bien élu ceux ou celles qui dirigent son pays. Comme je suis un simple citoyen qui a connu tous les gens qui étaient à la tête du pouvoir, les aides extérieures n'avaient servi que pour leurs enrichissements personnels. Profitant de l'ignorance de la population, des barrières multiples comme sans accès aux vraies informations, la pauvreté, la corruption, la malnutrition, l’insécurité, la mauvaise gouvernance, le changement climatique...les gouvernants atteignent toujours leur but. Le peu qu'ils injectent pour son pays, c'est pour une question d'une semaine ou un mois tout au plus, et c'est pour ceux qui les ont élu et les éliront prochainement.
Si on veut donner la priorité aux investissements au capital humain, je crois que la première chose à faire c'est de filtrer les candidats à des élections et cela intelligemment et avec transparence.
, j’aimerais que IDA prenne en compte nos souhaits d’ apporter notre contribution au recours accru à des systèmes de contrôle dans le sphère publique ainsi que la responsabilisation des acteurs de la société civile. La derniére fois, j’ai évoqué le mot “filtrer” les candidats à des élections et cela avec intelligence et transparence. Un dicton disait ; « mieux vaut prévenir que guérir ».
Ce ne sont pas les talents qui nous manquent ni les ressources, mais les harmonies entre les talents, les savoirs, les ressources et les tempéraments. Pour ainsi dire que, nous ne devons pas laisser seule aux gouvernants ou aux dirigeants la responsabilité de vaincre le mal. Et aussi, avant qu’ils prennent leurs responsabilités, on devrait savoir comment ils prendront leurs décisions, et cela, dès son entrée dans un groupement politique socio-économique.
. En fait, notre projet consiste à soutirer un modèle performant et tangible à partir des études sur l’inventaire des styles de décision de chaque citoyen, marqué par l’individu lors du changement de sa carte d’identité actuelle en carte à puce, et non une carte biométrique. En effet, la carte à puce contient toutes les informations usuelles concernant l’individu propriétaire de la carte à puce, et l’inventaire de son style de décision.
Comme exemple, les questions suivantes sont basées sur les instructions données ; notre score reflète comment nous voyons nous-mêmes, mais pas ce que nous croyons est correct ou désirable, comme en relation en notre situation. Il englobe les décisions typiques que nous prenons dans le domaine de notre travail ou de nos activités habituelles:
1- Mon premier objectif est : I- d’avoir une position avec statut II- d’être le meilleur dans mon domaine III- de faire reconnaître mon travail IV- de se sentir protégé dans mon travail
…7- Devant la résolution d’un problème, je : I- compte sur des approches prouvées II- applique soigneusement les analyses III- cherche des approches créatives IV- compte sur mes feelings
...18- On me considère comme : I- agressif II- discipliné III- imaginatif IV- partisan soutenant
Nous aurons ainsi vingt réponses sur vingt questions pour un individu de 18 ans ou plus.
"Respecter les engagements" ne se dit pas comme donner des ordres et cela se réalise. Il nous faut des hommes ou des femmes honnêtes pour que cela se produit réellement. Et plus encore, lui ou elle est bien à la hauteur de respecter ses engagements? Si cela concerne plus particulièrement les gouvernants , les gouvernés ont-ils au moins un certain nombre d’éléments pour savoir qu’ils ont bien choisi la personne qui doit diriger les actions à réaliser? De là, l’étude de la personnalité de l’individu joue un rôle important dans ses responsabilités aux postes à lui donner.
Bonjour, je suis vraiment d'accord avec votre analyse qui tombe à pic dans la réalité de beaucoup de pays en voie de développement. L'intervention de l'Etat est vraiment primordial pour booster les activités économiques et soulager la souffrance de la population, en place une dispositive efficace de surveillance mutuelle ( lisu likolo ya lisu) pour cette initiative ne s'écarte de leurs objectives et en fin de soutenir les entreprises du secteur public pour n'est pas qu'elles disparencent après avoir fourni des efforts pendant la période de la crise faute de son essoufflement.
Donc retournons dans la théorie de l'économiste KEYNES.
Problème sanitaire. Problème d'eau. Vie chère. Nous voulons ainsi réaliser un forage . Case de santé. École. Et autres infrastructures.
Bonjour
Je suis taïlleur coudre les pangnes tradissonelle Etc...
Je veux créer Atelier pour l'enfant de demain.
4 l'enfants qui travaille avec moi, mais ils sont contents, souvent je passe visite ils m'a dit qu'il gagné pa beaucoup, mais pour manger çava.
Donc sa mai plaît beaucoup.
Je veux créer Atelier pour l'enfant.
Merci bien.
La mauvaise gouvernance et la corruption tue a petit feu la plupart des pays africains. Les financements de la banque mondiale sont pillés. Les employés dans les entreprises publiques travaillent pour leur poches. Comment éradiquer la corruption en Afrique.?
La corruption tue a petit feu la plupart des pays africains. A mon avis c'est la première cause de la pauvreté. La mauvaise gouvernance aggrave la situation. Comment éradiquer la corruption en Afrique.?
Excellent article. L’anticipation est un élément essentiel de bonne gouvernance, comme le renforcement des capacités des ressources humaines