Petit pays de la côte ouest de l’Afrique, le Togo abrite une population jeune et en pleine croissance, 60 % de ses 8 millions d’habitants étant âgés de moins de 25 ans. Les jeunes sont le meilleur atout du pays pour stimuler la croissance et réduire la pauvreté – à condition d’être employés de manière plus productive.
Comme analysé dans le récent Diagnostic de la Banque mondiale de la situation de l’emploi au Togo, co-financé par la GIZ, l’emploi des jeunes n’est pas un défi unidimensionnel. Une approche à plusieurs volets s’impose pour créer les conditions qui permettront d’exploiter le potentiel de la jeunesse à travers la création d’emplois plus nombreux et de meilleure qualité.
L’économie togolaise doit continuer à croître et à générer un million d’emplois d’ici 2030 pour offrir tout au moins des opportunités aux nouveaux arrivants sur le marché du travail. Pour répondre aux aspirations de la jeunesse togolaise, de plus en plus instruite, il faut créer des emplois de meilleure qualité, susceptibles d’améliorer leurs conditions de vie. Conscient de l’opportunité ainsi offerte, le gouvernement togolais s’est concentré sur des réformes visant à développer le secteur privé, à attirer les investissements directs étrangers et à améliorer le climat global des affaires. Mais cela sera-t-il suffisant ?
Sous-emploi, faible productivité et manque de protection pour aider les individus à affronter les chocs
Comme dans d’autres pays d’Afrique subsaharienne, le sous-emploi constitue le principal défi des Togolais. Le sous-emploi visible, à savoir des emplois de moins de 35 heures par semaine, touche 60 % de la population active. Les pauvres et presque pauvres n’ont d’autre choix que de le subir ; et bien que le taux de chômage officiel ne soit que de 1,7 %, la proportion élevée de travailleurs sous-employés contribue au manque de stabilité financière des ménages.
La plupart des Togolais exercent des activités peu productives et doivent créer leurs propres emplois. Trois travailleurs sur cinq sont en auto-emploi, perçoivent des revenus souvent faibles et aléatoires et subissent des conditions de travail précaires. Alors que les politiques publiques de l’emploi se sont focalisées dans le passé sur l’intégration des demandeurs d’emploi au marché du travail formel, les opportunités dans les entreprises enregistrées, qui offrent de meilleurs salaires, sont très limitées, en particulier dans les zones rurales.
La forte proportion d’emplois informels se traduit également par l’absence de mécanismes protégeant les travailleurs de la pauvreté en cas de perte de revenus ou lorsqu’ils sont malades ou âgés. Moins d’un Togolais sur six a accès à une forme quelconque de protection sociale. Seulement 5 % de la population en âge de travailler bénéficient de l’assurance sociale par le biais de leurs emplois formels dans le public ou le privé, et seulement 13 % de ménages pauvres et vulnérables bénéficient des filets sociaux du gouvernement ou des programmes de cantine scolaire.
La création d’emplois plus nombreux et de meilleure qualité pour la jeunesse togolaise requiert un secteur privé dynamique
Seul le secteur privé est en mesure de créer les emplois dont la jeunesse togolaise a besoin. Cependant, seulement 15 % des entreprises appartiennent au secteur formel, et peu d’entre elles atteignent une taille significative.
La plupart des entreprises informelles sont engagées dans des activités de subsistance modestes et n’ont pas les moyens d’assumer les coûts liés au fonctionnement dans l’économie formelle. Grâce à une série de réformes facilitant l’enregistrement des entreprises, le nombre de sociétés togolaises enregistrées a augmenté. Toutefois, la création d’emplois dans le secteur privé n’a pas suivi le même rythme en raison des coûts salariaux élevés et de l’accès limité au financement, entre autres.
Les politiques de l’emploi au Togo doivent donc inclure des changements dans l’environnement économique qui favoriseront une croissance dynamique dans le secteur privé, tant au sein des entreprises existantes que par la création de nouvelles entreprises, notamment par de jeunes entrepreneurs. Le soutien des pouvoirs publics sera essentiel pour créer des conditions permettant à cette croissance du secteur privé de tenir ses promesses en matière de création d’emplois de qualité. Malgré une importante progression du nombre d’emplois salariés formels, la plupart des jeunes Togolais et Togolaises devra probablement continuer à créer à court terme leur propre activité dans le secteur informel. Le soutien à l’amélioration de la productivité et à la stabilité de ces activités devra donc être au centre de la transformation économique du Togo.
Une approche multisectorielle de l’emploi pour un avenir meilleur
Une accélération de la réduction de la pauvreté et un renforcement de la cohésion sociale au Togo nécessiteront une transformation structurelle plus rapide de l’économie vers des activités à plus forte productivité et créatrices d’emplois de meilleure qualité. À cette fin, le Togo devra accélérer les réformes visant à promouvoir la compétitivité, améliorer l’accès au financement et renforcer la bonne gouvernance.
Au niveau macroéconomique, il sera crucial d’investir dans les secteurs prioritaires qui promettent des opportunités plus nombreuses et plus productives. Alors que les secteurs agricole et alimentaire représentent les deux tiers du total des emplois, l’amélioration de la productivité agricole et le développement d’industries à plus forte valeur ajoutée, comme la transformation alimentaire, seront des mesures essentielles. Il conviendra également de tirer parti de la position géographique unique du Togo pour poursuivre le développement des services logistiques, et de doter sa jeune population de compétences numériques et techniques pour favoriser la création de meilleurs emplois. Des réformes du climat d’investissement pourront également stimuler la demande de main-d’œuvre dans les entreprises formelles et productives.
Les politiques devront aussi se concentrer sur la promotion d’une plus grande productivité dans les activités du secteur informel ; ainsi que sur l’accès des jeunes, des femmes, des populations rurales et des personnes vivant avec un handicap aux opportunités d’emploi. Les programmes doivent améliorer leur portée et inclure des initiatives d’inclusion économique plus larges de façon à construire et protéger le capital humain, y compris l’entrepreneuriat. Enfin, le Togo doit étendre l’accès à la protection sociale, y compris pour les employés du secteur informel, afin de préserver le bien-être de leurs familles et d’appuyer la croissance de la productivité à long terme.
La résolution de ces défis offre au gouvernement togolais l’opportunité de réunir toutes les parties prenantes, y compris le secteur privé, alors qu’il intensifie la coordination d’un agenda multisectoriel pour l’emploi. La mise en place de bases de données sur le marché du travail et sociales sera un élément clé de cet effort pour éclairer les décisions, garantir des efforts ciblés, soutenir des interventions efficaces et faciliter le suivi et l’évaluation.
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