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Un succès parfumé : le portail réglementaire des huiles essentielles de Madagascar

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Un succès parfumé : le portail réglementaire des huiles essentielles de Madagascar À Nosy Be, un alambic, l’appareil qui permet de distiller les plantes en huiles essentielles. Photo : Jean Arlet / Banque mondiale

Avec sa remarquable biodiversité, plus de 30 types différents d'huiles essentielles de haute qualité peuvent être produits à Madagascar, toutes convoitées par des marques prestigieuses telles que Gucci et Chanel. Ces huiles sont prisées non seulement dans le secteur du luxe, mais aussi pour les produits pharmaceutiques, les médecines alternatives et les produits alimentaires. Pourtant, alors que les huiles essentielles font partie des trois principales exportations agricoles du pays et qu'elles constituent le principal moyen de subsistance de plus d'un demi-million de familles, Madagascar ne détient qu'une part marginale du marché mondial des huiles essentielles (figure 1).


Image Figure 1 : Madagascar n'exporte qu'un infime volume d’huiles essentielles sur le marché mondial.

 

À Madagascar, les entreprises, en particulier les petites et moyennes entreprises (PME), ont beaucoup de mal à s'y retrouver dans le labyrinthe réglementaire du pays. Plus de 20% des petites entreprises considèrent que l'obtention de licences et de permis est un obstacle majeur, ce qui est nettement plus élevé que la moyenne régionale, selon les enquêtes d’Entreprise Surveys (WBES). Ce défi est particulièrement accentué dans les chaînes de valeur de l'agro-industrie, qui restent de loin le plus grand pourvoyeur d'emplois dans le pays, entravant considérablement le développement de l’Île.

Pour aider Madagascar à relever ce défi ainsi qu’à tirer le meilleur parti de la croissance à deux chiffres attendue sur le marché des huiles essentielles au cours de la prochaine décennie, la Banque mondiale s'est associée au gouvernement malgache et au Groupement des exportateurs d'huiles essentielles (GEHEM) pour identifier et surmonter les obstacles dans le secteur du Programme ACP Business Friendly, financé par l'Union européenne (UE) et l'Organisation des États d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (OACPS). Après avoir consulté les acteurs des secteurs public et privé, il est rapidement apparu que la refonte du régime réglementaire de la chaîne de valeur des huiles essentielles pourrait renforcer considérablement le secteur et avoir un impact sur des centaines de milliers de Malgaches.

Les producteurs d'huiles essentielles ont indiqué un manque de transparence et de cohérence dans la réglementation, constituant ainsi leur principal défi opérationnel. Des entreprises comme Bionnex et Homeopharma, par exemple, ont déclaré passer plus d'un tiers de leur temps à se conformer aux réglementations spécifiques du secteur. Le directeur de Symabio, qui représente des centaines d'entreprises dans le secteur de la bio-agriculture, a également indiqué qu'il se rendait souvent dans les capitales régionales de Madagascar pour récupérer des formulaires et des autorisations requises mais souvent redondantes. De nombreux petits exploitants agricoles ont également indiqué qu'il était difficile de remonter les maillons à plus forte valeur ajoutée de la chaîne de valeur (par exemple, l'extraction d'huiles essentielles à partir de plantes) parce que la réglementation qui affecte ces domaines n'est pas claire.

Pour relever ces défis, l’équipe de la Banque mondiale a cartographié toutes les réglementations, autorisations, licences, frais et formulaires requis à Madagascar pour opérer dans la chaîne de valeur des huiles essentielles. Les résultats ont révélé plus de 30 autorisations et licences requises, nécessitant à leur tour 230 formulaires distincts, dont beaucoup n'ont pas de base réglementaire et ne sont pas bien compris, même par les agences elles-mêmes.

En nous appuyant sur les résultats de cet examen réglementaire, nous avons créé un portail d'information - Huiles essentielles de A à Z - qui offre aux entreprises une vue transparente et complète du paysage réglementaire du secteur. Le portail (figure 2) a été lancé le 24 mai 2024 et peut être consulté à l'adresse suivante : https://www.huilesessentiellesmg.com/; une courte vidéo d'information décrit également la plateforme de manière plus détaillée. Le portail clarifie les étapes à suivre par les entrepreneurs pour adhérer aux réglementations nationales et internationales lorsqu'ils cultivent et exportent des huiles essentielles. Lors du lancement du portail, le président du GEHEM a reconnu que "Ce portail représente une avancée majeure pour le secteur privé en facilitant l'accès aux informations réglementaires, en améliorant la transparence et en stimulant l'investissement étranger, favorisant ainsi l'expansion de ce secteur clé de l'économie malgache".


Image Figure 2 : Le portail Huiles essentielles de A à Z

 

Outre les avantages du portail pour le secteur privé, il permet au gouvernement de clarifier le cadre réglementaire du secteur des huiles essentielles et a favorisé l'adhésion des différentes agences pour faciliter le régime d'octroi de licences. Ces nouvelles informations ont également persuadé le gouvernement d'inclure l'opérationnalisation du portail des huiles essentielles dans le nouveau Pacte d'industrialisation, qui a été cosigné en juillet 2023 par les associations du secteur privé. À l'avenir, la Banque mondiale continuera de travailler avec le gouvernement pour simplifier le régime réglementaire et, à terme, numériser les demandes d'autorisation.

La révision par Madagascar des exigences réglementaires en matière d'huiles essentielles constitue un bon exemple pour d’autres pays qui souhaitent entreprendre les premières étapes d'une révision réglementaire d'une chaîne de valeur agro-industrielle et, à terme, dématérialiser les procédures. En établissant des partenariats robustes avec des entités gouvernementales et des groupements d’entreprises, à l'image de ce qui a été fait à Madagascar, les pays peuvent commencer à éliminer les obstacles réglementaires à la croissance et renforcer leur position sur les marchés mondiaux.

Le Programme ACP Business Friendly est une action intra-ACP financée par l'Union européenne et l'Organisation des États d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (OACPS) et mise en œuvre par la Banque mondiale, l'Organisation des Nations unies pour le développement et le Centre du commerce international. Le programme soutient les chaînes de valeur par le biais de politiques inclusives, de la promotion des investissements et d'alliances. Pour plus d'informations sur le travail de l'équipe de la Banque mondiale à Madagascar, voir la vidéo de présentation du projet : ACP Business-Friendly : World Bank Support in Madagascar (en anglais).

Jean Arlet

Private Sector Specialist

Madelynne Grace Wager

Private Sector Development Consultant

Cecile Kappen

Private Sector Development Consultant, Finance, Competitiveness & Innovation Global Practice, World Bank

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