Pendant des années, les systèmes de mesure des résultats du Groupe de la Banque mondiale ont fonctionné en parallèle : les fiches de performance de l’institution, qui comparaient les réalisations aux objectifs de résultats, et les évaluations d’impact qui examinaient ce qui fonctionne, pour qui et pourquoi. Ces deux systèmes étaient efficaces à leur façon, mais trop souvent déconnectés l’un de l’autre.
Mais les choses commencent à changer.
Dans le contexte actuel de budgets plus serrés, de défis plus complexes et d’un appel renouvelé à un impact transformateur, le Groupe de la Banque mondiale déploie des efforts concertés pour mettre ces outils en concordance. Nous établissons actuellement des liens plus solides et délibérés entre notre fiche de performance institutionnelle et la masse croissante d’évaluations d’impact afin d’affiner notre compréhension de la meilleure manière d’obtenir des résultats significatifs à grande échelle.
Conjuguer le quoi et le pourquoi
La fiche de performance arrime l’ambition de l’institution à des objectifs de résultats qui s'articulent autour des thèmes transversaux du climat, de l’emploi, de l’égalité hommes-femmes et de l’inclusion. Elle nous indique ce que nous accomplissons et là où nous en sommes. Toutefois, elle ne peut pas nous expliquer pourquoi les progrès sont (ou ne sont pas) obtenus.
C’est là que les évaluations d’impact entrent en jeu. Elles fournissent les informations nécessaires sur les causes et les conditions de la réussite des interventions ayant produit des résultats. Elles renforcent la chaîne des résultats en mettant en perspective les impacts et leurs déterminants, et en permettant de rectifier le tir en temps utile.
Intégrer réactivité et précision
Historiquement, les fiches de performance ont été conçues dans un but de rapidité : mises à jour régulières, reddition de comptes sans délai. En revanche, les évaluations d’impact étaient considérées comme des exercices académiques à progression lente. Mais ce clivage est en train de s’estomper.
Les évaluations d’aujourd’hui sont plus dynamiques que jamais. Des études randomisées rapides, des conceptions adaptatives et des tests A/B intégrés peuvent être prévus lors de la conception des projets sans en retarder l’exécution. Lorsqu’elles s’appuient sur de solides théories du changement et des systèmes de données de qualité, ces évaluations peuvent fournir des résultats précoces qui permettent de prendre des décisions en temps réel.
Cette approche nécessite plus qu’une bonne conception : elle exige une infrastructure opérationnelle permettant d’agir en fonction des enseignements tirés des évaluations d’impact. C’est pourquoi nos essais adaptatifs incluent des équipes de soutien à la mise en œuvre, directement sur le terrain. Ces équipes traduisent les données factuelles en actions par l’intermédiaire de plateformes numériques et de l’IA, de retours d’information rapides et d’une collaboration étroite avec les partenaires gouvernementaux.
Le secret est de commencer tôt, de rester souple et d’être toujours utile. Bien menées, les évaluations d’impact ne sont pas un simple bilan, elles sont un moteur favorisant l’apprentissage accéléré.
De l’occasionnel au systémique
Si la fiche de performance sert de boussole institutionnelle, les évaluations d’impact doivent éclairer chaque voie qu’elle indique. Pour ce faire, ces évaluations doivent être plus en phase avec l’ensemble des résultats de l’institution, de la réduction des émissions au renforcement de la résilience, en passant par la création d’emplois de qualité.
Plutôt que de satisfaire une curiosité de recherche ou d'être le fruit d’un financement occasionnel, les portefeuilles d’évaluation devraient refléter la stratégie institutionnelle. Cela implique de la rigueur dans de nouveaux domaines tels que la finance climatique, la fragilité et la mobilisation des capitaux privés, à l’image de ce qui existe pour l’éducation ou la santé.
Ce passage d’une approche « occasionnelle » dispersée à une démarche « systémique » stratégique nécessite une planification volontariste, une collaboration intersectorielle et un investissement soutenu dans l’apprentissage.
De la démonstration à l’amélioration
Nous parlons souvent de « culture du résultat », mais cette culture s’arrête trop souvent à un comptage. Une culture du résultat mature doit également valoriser la causalité, la curiosité et la correction de trajectoire, autant de caractéristiques d’une approche d’apprentissage adaptatif fondée sur la science, qui teste, apprend et évolue en permanence au cours du cycle de vie d’un projet.
Lorsque les évaluations sont intégrées au cycle de vie des projets et explicitement liées aux objectifs institutionnels, elles nous permettent de passer de la démonstration du succès à l’amélioration de celui-ci. Elles nous permettent de présenter des récits convaincants, fondés sur des données probantes et, plus important encore, elles nous guident pour investir dans ce qui fonctionne réellement.
Ce point est particulièrement important pour les résultats qui se manifestent au fil du temps. Par exemple, les programmes de promotion de l’entrepreneuriat peuvent produire des résultats prometteurs comme l’augmentation des créations d’entreprises, mais seule l’évaluation révèle quelles interventions (associer capitaux et mentorat, par exemple) génèrent réellement des emplois durables.
De même, les programmes de formation professionnelle peuvent faire état de taux de certification élevés, mais l’évaluation met en évidence les modèles qui permettent réellement d’accroître les revenus, l’emploi et l’inclusion, en particulier pour les femmes et les jeunes.
Piloter la mise en œuvre d’aujourd’hui, façonner l’impact de demain
Le constat est clair : les fiches de performance nous disent si nous avançons. Les évaluations d’impact nous indiquent si nous allons dans la bonne direction et pourquoi.
Prenons, par exemple, les projets qui intègrent des études randomisées dans les premières phases de mise en œuvre, en testant des variantes dans les modalités de formation, les structures d’incitation ou les mécanismes de ciblage. En produisant des informations précoces et en procédant à des ajustements en temps réel, ces projets peuvent évoluer vers des modèles qui maximisent leurs résultats avant leur plein déploiement. Il ne s’agit plus d’un simple apprentissage, mais d’un pilotage par l’expérimentation.
Cette convergence est particulièrement pertinente dans le domaine de l’emploi, où la rapidité et l’efficacité sont essentielles. En intégrant le suivi des performances et une évaluation rigoureuse, les institutions peuvent, au besoin, corriger le tir en temps réel tout en restant concentrées sur les résultats à long terme.
Au sein du Groupe de la Banque mondiale, nous ne considérons plus nos évaluations d’impact et notre fiche de performance comme des outils distincts. Nous les combinons — de manière délibérée et stratégique – pour non seulement mettre en évidence les résultats obtenus, mais aussi leur donner du sens.
C’est ainsi que nous trouvons ce qui se cache derrière les résultats et que nous mettons en place un système de mise en œuvre adaptatif fondé sur la science, qui permet d’obtenir de meilleurs résultats, plus rapidement et avec un impact durable.
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