Le Groupe de la Banque mondiale catégorise les économies du monde[1] en quatre groupes : faible revenu, revenu intermédiaire de la tranche inférieure, revenu intermédiaire de la tranche supérieure et revenu élevé. Cette classification est mise à jour chaque année, le 1er juillet, date qui marque le début du nouvel exercice budgétaire. Elle est basée sur le revenu national brut (RNB) par habitant de l’année précédente, exprimé en dollars des États-Unis[2] et calculé selon la méthode de l’Atlas (a).
Une classification aux enjeux importants
La catégorie de revenu d’un pays reflète non seulement son niveau de développement, mais elle peut aussi influer sur sa trajectoire de développement. Ce critère conditionne en effet l’accès à l’aide publique au développement et à des financements à des conditions préférentielles (dit « concessionnels »).
Des évolutions notables en 40 ans
Depuis la fin des années 1980, la classification des pays a considérablement évolué. Le nombre de pays à faible revenu n’a cessé de diminuer, tandis que celui des pays à revenu élevé a augmenté.
Plusieurs raisons expliquent cette tendance : les dynamiques économiques mondiales, et en particulier une croissance soutenue dans de nombreux pays en développement, une plus grande intégration dans l’économie mondiale, les effets des réformes menées dans les politiques publiques et le soutien apporté par les organisations internationales. En 1987, 30 % des pays étaient classés dans la catégorie « à faible revenu » et 25 % dans la catégorie « à revenu élevé ». En 2024, ces proportions sont passées respectivement à 12 % et 40 %.
Une progression inégale selon les régions
Les changements de classification des pays varient considérablement d’une région à l’autre :
Asie de l’Est et Pacifique : en 1987, 26 % des pays étaient classés dans la catégorie des économies à faible revenu, contre 3 % seulement en 2024.
Europe et Asie centrale : cette région ne comptait aucun pays à faible revenu en 1987 ; c’est toujours le cas en 2024, mais on observe une légère baisse dans la proportion de pays à revenu élevé, qui est passée de 71 à 69 %.
Amérique latine et Caraïbes : les pays à faible revenu sont passés de 2 à 0 entre 1987 et 2024, tandis que la proportion de pays à revenu élevé a augmenté de 9 à 46 %.
Moyen-Orient et Afrique du Nord[3] : le nombre de pays à faible revenu est passé de 2 à 3, mais la proportion des pays à revenu élevé grimpé à 35 %.
Asie du Sud : en 1987, tous les pays de la région étaient classés dans les économies à faible revenu ; en 2024, ils figurent tous parmi les économies à revenu intermédiaire inférieur ou supérieur.
Afrique subsaharienne : la proportion de pays à faible revenu a reculé pour passer de 75 à 45 %, et un pays de la région a accédé au statut d'économie à revenu élevé.
Tous ces changements sont mis en évidence dans le graphique ci-dessous, qui montre l'évolution de la catégorisation des pays dans chaque région du monde depuis 1987.
Nouvelle classification pour l’exercice 2026
La classification actualisée pour l’exercice 2026, qui repose sur le RNB par habitant de 2024 (méthode Atlas), est disponible ici (a). Elle est le résultat de changements dans les RNB par habitant calculés selon la méthode de l’Atlas et dans les seuils de classification des revenus, qui sont ajustés chaque année en fonction de l’inflation à l’aide du déflateur des droits de tirage spéciaux (a). Ces ajustements entraînent en général une augmentation des seuils de classification, mais pas toujours, comme c'est le cas cette année, où les seuils ont légèrement baissé en raison de l’appréciation du dollar américain par rapport aux autres devises.
Le graphique ci-dessous indique les économies qui changent de catégorie de revenu cette année :
Principaux changements cette année
Le Costa Rica progresse de la catégorie des économies à revenu intermédiaire supérieur à celle des économies à revenu élevé. L’économie costaricienne a récemment connu une expansion vigoureuse et soutenue, avec un taux de croissance moyen de 4,7 % au cours des trois dernières années. En 2023, le RNB par habitant du Costa Rica approchait du seuil de revenu intermédiaire supérieur. Le taux de croissance de 4,3 % enregistré en 2024, tiré par une forte demande intérieure (consommation privée et investissement), a permis cette année de propulser le pays dans la catégorie des économies à revenu élevé.
Cabo Verde et le Samoa passent de la tranche inférieure des économies à revenu intermédiaire à la tranche supérieure
En 2024, Cabo Verde a vu son PIB augmenter de 7,3 %, soit une hausse de deux points de pourcentage par rapport à 2023, à la faveur principalement de la croissance des activités liées au tourisme (+16,5 %). En même temps, le déflateur du PIB a ralenti de 4,1 % en 2023 à 1,7 % en 2024. Autre fait important : la Division de la population des Nations Unies a révisé à la baisse le nombre d’habitants (-12,8 % pour 2023), ce qui explique l’augmentation globale de 16,8 % du RNB par habitant calculé selon la méthode de l’Atlas.
L’économie du Samoa a enregistré une croissance de 9,4 % en 2024, tirée par la reprise du secteur du tourisme, les efforts de reconstruction en cours et une forte augmentation des envois de fonds qui ont dopé la consommation. Le RNB nominal a augmenté de 14,8 %. La population a légèrement augmenté (+0,6 %), tandis que le taux de change est resté stable. En conséquence, le RNB par habitant a augmenté pour atteindre 4 650 dollars, permettant ainsi à l'archipel du Pacifique de se hisser dans la catégorie des économies à revenu intermédiaire supérieur.
La Namibie est le seul pays du monde qui régresse cette année dans la classification, en passant de la tranche supérieure des économies à revenu intermédiaire à la tranche inférieure. En 2024, le PIB de la Namibie a augmenté de 3,7 %, soit une baisse de 0,7 point par rapport à 2023. Le taux d’inflation (mesurée par le déflateur du PIB) a reculé sur la même période de 6,6 à 3,3 %. Le ralentissement économique s'explique principalement par la contraction des activités minières, dont la croissance est passée de +19,3 % en 2023 à -1,2 % en 2024 en raison de la baisse de la demande de diamants. Parallèlement, la Division de la population des Nations Unies a revu à la hausse le nombre d’habitants (+13,8 % pour 2023), ce qui a conduit à une diminution de 12,9 % du RNB par habitant calculé selon la méthode de l’Atlas.
Recommandations à l’intention des décideurs publics
Les classifications de revenu établies par le Groupe de la Banque mondiale fournissent des informations précieuses sur les tendances économiques mondiales et les progrès du développement. Alors que les pays poursuivent leur évolution économique, elles sont et resteront essentielles pour éclairer l’élaboration des politiques et stratégies de développement. Il est important que les décideurs publics tiennent compte de ces classifications lorsqu’ils conçoivent des politiques et stratégies économiques. Comprendre les facteurs qui influent sur la catégorisation d’un pays peut aider à orienter les efforts de relance de la croissance économique, mieux maîtriser l’inflation et renforcer l’intégration dans l’économie mondiale.
Pour en savoir plus
Pour plus d’informations concernant la méthode de classification des pays utilisée par le Groupe de la Banque mondiale, cliquez ici (a). Sur la page de classification des pays (a), vous trouverez la liste complète des économies, classées par revenu, par région et par statut (admissibilité à emprunter à la Banque mondiale), ainsi que des liens vers les classifications des années précédentes. Ces tableaux couvrent les États membres de la Banque mondiale ainsi que les autres économies de plus de 30 000 habitants. Ces classifications reposent sur les meilleures données disponibles pour les chiffres du RNB de 2024, sachant que ceux-ci pourront être modifiés en fonction des estimations finales publiées par les pays.
Les données sur le RNB, le RNB par habitant, le PIB, le PIB en PPA et la population pour l’année 2024 sont disponibles dans le catalogue de données en libre accès de la Banque mondiale. Ces données sont des estimations et peuvent faire l’objet d’une révision. Pour en savoir plus, contactez-nous en écrivant à data@worldbank.org.
[1] Les termes « pays » et « économie », employés indifféremment, n’impliquent pas nécessairement une indépendance politique, mais renvoient à un territoire pour lequel les autorités publient des statistiques économiques ou sociales distinctes.
[2] Dans les pays où coexistent plusieurs taux de change, le taux de change utilisé pour convertir les unités monétaires locales en dollars des États-Unis correspond à la moyenne de ces taux, sous réserve de la disponibilité des données.
[3] Dans les publications précédentes, l’Afghanistan et le Pakistan faisaient partie du groupe Asie du Sud ; ces deux pays sont à présent inclus dans le groupe Moyen-Orient et Afrique du Nord, et les totaux régionaux ont été mis à jour pour l'ensemble de la série chronologique.
Les auteurs remercient leurs collègues, Charles Kouame et Tamirat Yacob, de leur contribution essentielle à la préparation de cet article.
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