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Au-delà des chiffres : que révèlent les données liées au genre sur les difficultés économiques des femmes au Bangladesh ?

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Les données économiques ventilées par sexe révèlent les inégalités entre les femmes et les hommes, ce qui permet d’avoir une idée plus précise des défis et des injustices auxquelles les femmes sont confrontées au travail. La collecte précise et appropriée de ces données est essentielle pour comprendre les disparités entre les sexes et élaborer des politiques efficaces. Avec le soutien du projet Renforcer les statistiques sur le genre (SGS) de la Banque mondiale et du projet de soutien à la mise en œuvre de la Stratégie nationale de développement des statistiques (NSDS), le Bureau de la statistique du Bangladesh (BBS) a récemment publié un rapport détaillé issu des données de l'Enquête sur les revenus et les dépenses des ménages (HIES) de 2022. Ce rapport, qui s'aligne sur les normes internationales et les recommandations de la Division des statistiques des Nations unies, marque une étape importante grâce à une analyse approfondie des indicateurs économiques liés au genre.

Les femmes bangladaises sont confrontées à de nombreux défis au travail, et nous en examinerons trois ici :
 

Défi 1 : Les femmes font face à des taux de chômage plus élevés que les hommes.

Selon les données de l'enquête HIES 2022, les femmes bangladaises sont moins susceptibles que les hommes de faire partie de la population active (42,5 % contre 81,3 %). Elles sont également beaucoup plus susceptibles d'être au chômage que les hommes (5,9 % contre 2,8 %). Toutefois, les écarts entre les sexes varient en fonction du lieu : les femmes vivant en milieu urbain sont confrontées à des taux de chômage plus élevés (9,6 %) que celles vivant en milieu rural (4,7 %), ainsi que les hommes en milieu urbain (3,8 %) et en milieu rural (2,4 %). Les jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans ont le taux de chômage le plus élevé (16,5 %), soit le double de celui des hommes de la même tranche d'âge. Les taux de chômage des personnes en situation de handicap présentent des différences minimes entre les sexes (figure 1).
 

Figure 1. Taux de chômage des personnes âgées de 15 ans et plus, par sexe, lieu de résidence, groupe d'âge et situation de handicap, 2022 (%)

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Le taux de chômage élevé des femmes est le résultat de plusieurs facteurs entremêlés et qui ont été aggravés par la crise du COVID-19 et ses conséquences. Pendant la pandémie, les femmes ont été touchées de manière disproportionnée, perdant souvent leur emploi et restant au chômage à l’issue du confinement, comme le souligne l’Évaluation de l'égalité entre les femmes et les hommes au Bangladesh publiée en 2021. Des obstacles structurels contribuent au chômage des femmes, notamment la discrimination fondée sur le sexe, les contraintes d'accès à l'emploi, la ségrégation professionnelle, les lourdes tâches domestiques et de soins, les possibilités limitées de mise en réseau, les normes sociales enracinées et les politiques et infrastructures de soutien inadéquates.
 



Défi 2 : Les femmes sont à la traîne par rapport aux hommes en matière d'égalité de rémunération pour un travail de valeur égale.

L'écart salarial entre les hommes et les femmes persiste en faveur des hommes. En moyenne, les hommes gagnent 35,8 % de plus par heure que les femmes. Dans certains secteurs comme l'agriculture, cet écart atteint 57,2 %. Les femmes gagnent moins que les hommes dans tous les groupes d'âge, celles âgées de plus de 65 ans étant confrontées à la disparité la plus importante –  leurs revenus sont inférieurs d'environ 70 % à ceux des hommes du même âge.

Figure 2. Salaire horaire brut moyen des employés féminins et masculins (taka bangladais [BDT] et USD), 2022

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Qu’est-ce qui explique les écarts salariaux entre les hommes et les femmes au Bangladesh ?

La ségrégation professionnelle est un facteur important qui pousse les femmes vers des secteurs et des emplois moins bien rémunérés. En outre, la discrimination sexuelle à l’embauche empêche les femmes d’accéder à de meilleures opportunités d’emploi (Rapport d’analyse diagnostique sur l’emploi au Bangladesh 2017). La sous-représentation des femmes dans les postes décisionnels ralentit également les progrès en matière de politiques d’égalité salariale. En outre, les femmes ont un accès limité aux ressources financières, ce qui a un impact sur leur capacité à créer des entreprises ou à poursuivre leurs études et leurs formations. Selon l’enquête HIES 2022, seuls 22,3 % des femmes disposent d’un compte bancaire, contre 34,5 % des hommes.
 


 

Défi 3 : Les femmes ont du mal à trouver un emploi à temps plein et de qualité.  

Au Bangladesh, les hommes tout comme les femmes ont du mal à accéder à des emplois à temps plein de meilleure qualité, la majorité d’entre eux étant actifs dans l’économie informelle et ou travaillent à leur compte. Toutefois, les femmes semblent plus désavantagées que les hommes : selon l’enquête HIES 2022, les hommes consacrent en moyenne deux heures de plus par jour au travail rémunéré que les femmes : 8,7 heures contre 6,7 heures, respectivement. Les femmes sont également plus susceptibles de travailler à temps partiel : 35,4 % des femmes salariées travaillent à temps partiel, contre 28,7 % des hommes. Ces disparités sont particulièrement marquées dans l’agriculture, où près de huit femmes sur dix travaillent à temps partiel, contre environ cinq hommes sur dix.
 

Figure 3. Proportion de travailleurs à temps partiel (moins de 40 heures par semaine, 15+, dans l’emploi total et dans l’emploi agricole) par sexe, 2022 (%)

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Le fait que les femmes consacrent moins d’heures au travail rémunéré que les hommes a des effets négatifs sur leurs revenus et leur stabilité économique. Les écarts entre les hommes et les femmes en matière de temps de travail rémunéré et d’emploi à temps partiel suggèrent que les femmes sont confrontées à des obstacles qui les empêchent d’accéder à de meilleures débouchés professionnels que les hommes. Les normes sociales patriarcales, qui restreignent la mobilité des femmes et confinent à s’occuper principalement des tâches ménagères et des soins, sont des facteurs importants qui les empêchent d’accéder à des possibilités d’emploi à temps plein (Diagnostic systématique du Bangladesh 2021).
 


 

Quelles sont les prochaines étapes ?

La collecte et le partage de données sexospécifiques de haute qualité sont essentiels non seulement pour mieux comprendre ces écarts, mais également pour concevoir des politiques permettant de les combler efficacement, au bénéfice de l’économie et de la société bangladaises dans leur ensemble. La recherche indique que la réduction des écarts entre les hommes et les femmes sur le plan économique peut générer des avantages macroéconomiques significatifs, y compris la croissance économique et la réduction de la pauvreté. Il est donc essentiel de disposer de données de haute qualité et actualisées sur le genre. Pour ce faire, le projet SGS envisage d’approfondir sa collaboration avec le BBS, de soutenir le suivi du 8e Plan quinquennal et de contribuer au projet Stratégie nationale de développement des statistiques 2024 - 2030. Le projet SGS examinera également les possibilités d’améliorer les données sur le genre dans le cadre de la prochaine opération de renforcement des capacités statistiques de la Banque mondiale au Bangladesh.

 


Authors

Anna Tabitha Bonfert

Data Scientist, Gender Group

Alina Kalle

Project Coordinator, Strengthening Gender Statistics (SGS) project, World Bank

Miriam Muller

Spécialiste des sciences sociales, pôle Pauvreté et équité, Banque mondiale

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