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L’algoculture : un secteur prometteur pour une croissance durable

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Woman working in sea weed farm. Woman working in sea weed farm.

Il existe dans le monde naturel des champs encore inexploités qui pourraient pourtant stimuler la croissance économique et favoriser une plus grande égalité sociale, tout en répondant aux enjeux de l’équilibre environnemental. 

Prenons l’exemple des algues marines.

Pendant des siècles, on a récolté les algues brunes, vertes et rouges qui poussent naturellement dans les eaux côtières salées ou qui jonchent les littoraux. Elles étaient consommées et vendues (par des femmes essentiellement) afin de pourvoir aux besoins nutritionnels et économiques de familles et de communautés rurales. Aujourd’hui encore, les femmes sont prédominantes dans l’algoculture.

Riches en fibres, micronutriments et protéines, les algues sont considérées comme un aliment sain et peu calorique. Elles sont également largement utilisées comme aliments frais dans l’aquaculture et comme hydrocolloïdes (substance gélatineuse). 

Le rapport Global Seaweed New and Emerging Markets 2023 (a) que la Banque mondiale vient de publier passe en revue les nombreuses facettes de l’algoculture et s’arrête sur certaines filières offrant des solutions aux défis du développement. Les dix marchés mondiaux recensés dans le rapport devraient connaître une croissance de 11,8 milliards de dollars d’ici à 2030. Financé par le fonds fiduciaire multidonateurs PROBLUE (a), ce travail est le fruit de la plateforme AquaInvest (a) du Groupe de la Banque mondiale.

Les coûts de la récolte sauvage d’algues sont généralement moins élevés que leur culture, mais, en raison de la hausse rapide de la demande, la croissance future du secteur sera tirée par les rendements de l’aquaculture , un secteur qui produit aujourd’hui plus de 97 % du total des algues commercialisées. Malgré la prolifération récente d’algues sauvages (on pense notamment aux sargasses qui menacent la mer des Caraïbes et l’océan Atlantique), leur contribution devrait être minime par rapport aux volumes exigés.

Les prévisions à court terme font ressortir quatre secteurs du côté de la demande : l’alimentation pour animaux de compagnie et d’élevage, les additifs réducteurs de méthane et les biostimulants, qui amendent les sols pour stimuler les cultures sans recourir à des engrais ou à d’autres intrants susceptibles de produire des gaz à effet de serre contribuant au réchauffement de la planète. 

À moyen terme, les débouchés des produits à base d’algues pourraient concerner le marché des nutraceutiques, des protéines alternatives, des bioplastiques et du textile. Les produits pharmaceutiques et le BTP offriront d’autres perspectives, à plus long terme.

Avec l’élargissement géographique des marchés des algues marines, les volumes pourraient bondir et les domaines d’exploitation se multiplier. L’Asie cultive les algues depuis plus de 50 ans, mais si d’autres régions en produisaient, l’offre pourrait considérablement augmenter. 

La hausse de la production d’algues et l’optimisation des chaînes de valeur pourraient contribuer à la réalisation d’au moins neuf des 17 Objectifs de développement durable de l’ONU. L’algoculture peut en effet aider à éliminer la faim, améliorer la santé, réduire les inégalités entre les sexes, atténuer les changements climatiques et favoriser l’adaptation, promouvoir la croissance économique tout en préservant la biodiversité , conserver la vie marine et terrestre, et créer des emplois décents. 

L’algoculture pourrait contribuer à l’édification d’un monde sans pauvreté sur une planète viable. Capable de piéger le carbone, de préserver la biodiversité marine, de fournir un emploi aux femmes et de favoriser des chaînes de valeur, l’algoculture montre qu’en alliant développement, climat et nature, on peut générer de la valeur et créer de meilleures conditions de vie. 
 


Liens utiles (en anglais) :

- Télécharger le rapport

- Lire le communiqué


Auteurs

Harrison Charo Karisa

Spécialiste senior de la pêche (aquaculture)

Christopher Ian Brett

Spécialiste principal de l’agro-industrie, Banque mondiale

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