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Bien-être et autonomie des enseignants, condition sine qua non de la relance des apprentissages

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Teachers have experienced heightened stress and burnout during the COVID-19 pandemic, but focused policies and programs can help support teacher well-being. Teachers have experienced heightened stress and burnout during the COVID-19 pandemic, but focused policies and programs can help support teacher well-being.

Ils sont 85 millions dans le monde et la Journée mondiale des enseignants (a), mercredi dernier, a été l’occasion de leur rendre hommage. Pour les élèves et leurs professeurs aux quatre coins du monde, cet évènement a accompagné la première rentrée des classes exclusivement en présentiel depuis le début de la pandémie. Pourtant, ce retour à l’école n’a rien d’un retour à la normale.

Dans un contexte marqué par de nombreuses autres crises, le monde continue de payer un lourd tribut à la COVID-19. Les élèves et les enseignants n’y échappent pas, mais alors que l’on commence à avoir une idée assez claire de la gravité des effets de la pandémie sur les premiers, la situation des seconds, pourtant tout aussi importante, fait l’objet de bien moins d'attention.

Des travaux (a) mettent d’ores et déjà en évidence une aggravation du stress et de l'épuisement professionnel chez les enseignants. Aux côtés de l’UNESCO et de l’UNICEF, la Banque mondiale a souligné, dès l’année dernière (a), l’importance de se soucier de leur bien-être au moment de relancer la machine scolaire et de rattraper les apprentissages perdus. À l’occasion de cette édition de la Journée mondiale des enseignants, nous avons souhaité dresser un premier bilan des efforts menés dans ce sens. Nous avons réuni pour cela un groupe unique d’experts du secteur éducatif, avec le souci de mobiliser des points de vue émanent du monde de l'école, de la recherche et du champ politique. Pourquoi est-il important de favoriser le bien-être et l'autonomie des enseignants en cette période cruciale qui nous invite à reconstruire sur de meilleures bases ? Voici en quatre points ce que l’on peut retenir de la discussion :

1. Pour relancer efficacement les apprentissages, il est indispensable de bien former, valoriser et responsabiliser les enseignants

Selon Andreas Schleicher (a), directeur de la Direction de l'éducation et des compétences à l’OCDE, « le facteur qui a le plus pesé dans les retards scolaires n’était pas le nombre d’heures consacrées aux devoirs à la maison ou l’accès à la technologie, mais bel et bien la relation élève-enseignant ». De nombreux professeurs peuvent avoir subi un traumatisme lié à la pandémie et s’être épuisés au travail en raison du stress occasionné par le besoin d’assurer une continuité pédagogique pendant la fermeture des écoles et de remédier à la perte des acquis lors de la réouverture des classes. Aujourd’hui plus que jamais, les enseignants sont le premier facteur de réussite des élèves : il n’y aura pas de reprise des apprentissages (a) si on ne les soutient pas. Pour Keishia Thorpe (a), lauréate du Global Teacher Prize 2021, « la ressource clé d’un élève, c’est son enseignant, et non pas le bâtiment dans lequel il étudie ou son accès à un ordinateur ». 

2. Le bien-être des enseignants dépend à la fois de leurs conditions de travail et de leur sentiment d’efficacité personnelle

Certes, une juste rémunération et des conditions de travail adéquates sont essentielles au bien-être des enseignants, mais ils ont également besoin de se sentir efficaces et autonomes dans leur travail. Pour Chris Henderson (a), responsable du groupe de travail sur le personnel enseignant en situation de crise au sein du Réseau inter-agences pour l'éducation en situations d'urgence (INEE), ce bien-être réside dans « ce qu’un enseignant est capable de faire, et dans l'absence d’obstacles ». « Et tout particulièrement dans un contexte de crise, poursuit-il, il s’agit de pouvoir enseigner efficacement, alors même que les enfants comme les enseignants sont exposés à des traumatismes et un stress importants. »

À l’heure de cette nouvelle rentrée en classe, il ne suffira pas de reprendre les choses comme avant. Au contraire, il faut préparer, accompagner les enseignants et leur donner les moyens de refaire le retard pris dans les apprentissages au sein de classes plus hétérogènes. Leur sentiment d’auto-efficacité est aussi indispensable que leur aptitude réelle à relever ce défi. Forte de son expérience de responsable de programme pour le développement humain en Asie de l’Est à la Banque mondiale, Tara Béteille (a) a fait état des lacunes observées encore aujourd’hui sur ce plan : « Dans mes discussions avec les ministères, les mots qui reviennent fréquemment sont développement professionnel et responsabilisation des enseignants. Je n’entends pas souvent le mot motivation ». Il convient d’investir systématiquement pour conforter le bien-être, la résilience et le sentiment d’efficacité personnelle des enseignants.

3. Il existe des interventions ciblées et économiques qui améliorent le bien-être des enseignants

Au plus fort de la pandémie, 1,6 milliard d’élèves ont vu les portes de leur établissement se fermer (a). Si nous voulons que ces enfants rattrapent leur retard, une tâche monumentale nous attend. Pourtant son ampleur ne doit pas nous paralyser. Daniela Labra Carderova (a), directrice de l’organisation AtentaMente (es), a présenté les travaux d’un programme destiné à accroître le bien-être socio-affectif des enseignants au Mexique et à faire en sorte qu’ils surmontent le stress et l’anxiété engendrés par la pandémie. « Nous ne pouvons pas empêcher les difficultés de la vie, mais nous encourageons les enseignants à adopter une perspective plus large, à retrouver leur mission d’éducateur », a-t-elle expliqué. Et d’ajouter qu’avant le lancement du projet, les enseignants se sentaient incapables de faire face aux défis de la pandémie et de l’après-COVID, mais qu’à la faveur de cette initiative, ils se disaient « plus enthousiastes, ressourcés et plus à même de répondre aux aléas ». Des programmes ciblés comme AtentaMente peuvent promouvoir efficacement l’amélioration du bien-être des enseignants, en complément d’investissements et de réformes visant à faire de l’enseignement une profession attrayante, avec l’amélioration des politiques de recrutement et d’affectation, et la mise en place de véritables parcours de développement professionnel (a).

4. Il faut privilégier le bien-être des enseignants et leurs attentes pour combler le déficit d’apprentissages et reconstruire des systèmes éducatifs résilients, équitables et efficaces

Depuis des décennies, nombre de systèmes éducatifs ne parviennent pas à attirer et recruter des enseignants, ni à les former, les soutenir et les motiver tout au long de leur carrière. La pandémie a mis la question de la fidélisation et de la motivation du personnel enseignant au premier rang de nos préoccupations. Eleonora Villegas-Reimers (a), directrice du département Enseignement et Apprentissage de l’université de Boston, l’a souligné : « Ce n’est pas que la pandémie ait suscité un manque de respect envers les enseignants, un plus fort besoin de développement professionnel ou un plus grand souci du bien-être des enseignants. Elle a juste mis en lumière un état de fait. » Pour qu’un système éducatif fonctionne, il est désormais acquis qu’il faut créer un environnement social respectueux des enseignants et qui les valorise pleinement. 

La conception et l’exécution des plans de relance des apprentissages doivent activement écouter et intégrer les attentes des enseignants. Ils ne peuvent pas être exclusivement perçus comme l’objet de ces politiques : leur point de vue est essentiel au processus d’élaboration de ces réformes. « Souvent, ces discussions ont lieu sans les enseignants... Il est réellement nécessaire que nous disposions d’un espace où parler de ces difficultés avec lesquelles nous sommes en prise directe », a souligné Keishia Thorpe. Cette approche favorisera une prise en compte de l’importance du bien-être, de l’autonomie et du respect professionnel des enseignants, et participera à la réussite des politiques de relance et d'accélération des apprentissages.

Vous pouvez retrouver l’enregistrement de cet évènement sur notre chaîne YouTube (a). Et vous, quel est votre avis sur la manière de promouvoir des programmes qui accompagnent au mieux les enseignants ? Dites-le nous en écrivant à teach@worldbank.org !


Auteurs

Elaine Ding

Analyst, Education Global Practice

Omar Arias

Deputy Chief Economist

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