Publié sur Opinions

Cinq axes d’action pour freiner la corruption pendant la pandémie

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Si la pandémie de coronavirus ébranle les systèmes sanitaires, économiques et éducatifs partout sur la planète, elle pourrait bien engendrer une autre crise qui, jusqu’à présent, n’a pas suscité l’attention qu’elle mérite. 

En effet, la COVID-19 jette aussi une lumière crue sur les lacunes, les irrégularités et les faiblesses de la gestion des finances publiques. 

Les médias du monde entier ne cessent de souligner le dilemme dans lequel se débattent les gouvernants : agir rapidement pour répondre à l'urgence tout en garantissant le respect des procédures.  Des articles de presse évoquent ainsi des contrats secrets d'achat de vaccins, le gonflement du prix des fournitures médicales ou encore la corruption qui gangrène l'usage des fonds d’urgence. 

Bien sûr, les carences de la gouvernance, la mauvaise gestion des budgets publics et le détournement de fonds et de biens ne sont pas des phénomènes nouveaux, mais ils revêtent une nouvelle urgence avec la pandémie. Car les défaillances de la gouvernance, en particulier les abus dans l'usage et la gestion des fonds destinés à lutter contre la COVID-19, risquent de saper les efforts mis en œuvre de trois manières principales, dont aucune ne peut être tolérée aujourd'hui : (1) les prix gonflés et la mauvaise utilisation des financements, voire leur disparition pure et simple, amputent les rares ressources disponibles pour des dépenses pressantes et légitimes comme les programmes d'urgence ; (2) les équipements de mauvaise qualité ou les défaillances dans la prestation des services mettent la sécurité publique en péril ; (3) plus important encore, la mauvaise gestion des finances publiques érode la confiance (a) des citoyens à un moment où les gouvernements peuvent difficilement se le permettre. La méfiance envers les autorités accroît par exemple la probabilité qu'un grand nombre de personnes rejettent le vaccin, menaçant ainsi son efficacité, et nous observons déjà l'émergence de telles oppositions. 

Nous pouvons et devons prendre des mesures pour améliorer la gouvernance et contrecarrer la méfiance croissante à l'égard des gouvernements . Non seulement parce que c'est essentiel à la réussite de notre réponse à la pandémie, mais aussi parce que la confiance des populations est garante de la cohésion sociale et le principal rempart contre la fragmentation.

Heureusement, il existe des moyens avérés que les institutions internationales, les pouvoirs publics, la société civile et le secteur caritatif peuvent utiliser pour permettre aux gouvernements d’accroître la confiance des citoyens, renforcer leur gestion des fonds publics et améliorer ainsi l’impact de leur réponse à la crise actuelle. 

1. Améliorer la transparence

De nombreux gouvernements n'ont pas encore mis en œuvre des réformes de bon sens en matière de transparence, comme la mise en ligne de tous les budgets et marchés publics. C'est une mesure simple qui aurait dû être prise depuis longtemps. Les administrations nationales produisent déjà un grand nombre de données qu'elles utilisent à des fins internes ou pour rendre compte aux donateurs, mais elles ne les rendent pas publiques. C'est un problème politique, et non technique.   

L’Open Contracting Partnership (a), qui œuvre en faveur de la transparence de la commande publique, a travaillé avec des dizaines de pays, dont le Paraguay (a) et l'Ukraine (a), pour préparer des réformes contraignant les gouvernements à publier les contrats et les marchés publics. D'autres pays devraient suivre leur exemple. 

2. Promouvoir le rôle de la société civile

Selon de récentes études (a) de Transparency International (a), la transparence n'est un instrument efficace que si elle s'accompagne de mécanismes de responsabilisation robustes. Nous devons soutenir les initiatives de la société civile et des médias qui visent à contrôler les dépenses publiques et la prestation des services de l’État. Les organisations de la société civile disposent des modèles et des outils nécessaires pour informer les citoyens et demander des comptes aux autorités. Par exemple, l’International Budget Partnership (a) et ses partenaires permettent aux habitants de 200 quartiers informels d'Afrique du Sud de témoigner de la façon dont des services publics essentiels sont assurés pendant la pandémie, en envoyant régulièrement un questionnaire sur les téléphones mobiles (a).

3. Exploiter les ressources technologiques

La technologie peut permettre de réduire les sources de corruption. Outre la dématérialisation des marchés publics et la numérisation des budgets, l'utilisation de la technologie pour gérer les transferts monétaires conditionnels est un moyen sûr et efficace d'assurer que des fonds salvateurs seront bien versés aux plus vulnérables pendant cette crise. En Inde, un système de paiement à authentification biométrique a réduit la corruption (a) et considérablement amélioré le déploiement des programmes publics d'aide sociale. 

4. Actionner les bons leviers institutionnels 

Les institutions supérieures de contrôle des finances publiques ont, en vertu de leur mandat constitutionnel, un rôle de chef de file en matière de reddition de comptes. Toutefois, ces institutions (a) se heurtent souvent à des problèmes d'indépendance, de mandat et de moyens (a). Il nous faut chercher des solutions pour renforcer ces organes de contrôle essentiels.

5. Mobiliser les institutions internationales

Le Fonds monétaire international, la Banque mondiale et d'autres institutions internationales peuvent apporter une aide précieuse. 

Comme l’a souligné le directeur du pôle Gouvernance de la Banque mondiale, Ed Olowo-Okere, « la réponse à la pandémie de COVID-19 est susceptible d'accroître les risques de corruption ». Aussi, afin d'aider les pays à s'en prémunir, la Banque mondiale a diffusé une note d'orientation intitulée Ensuring Integrity in Government’s Response to COVID-19 (a).

Kristalina Georgieva, directrice générale du FMI, a pour sa part adressé la recommandation suivante aux gouvernements : « Dans ce contexte de crise, prenez toutes les mesures nécessaires quoi qu’il en coûte, mais dépensez à bon escient et gardez-en une trace ».  

Nous savons néanmoins que garder trace des dépenses ne suffit pas. Il faut aussi que le public et les acteurs du contrôle aient accès à ces données, c'est là le gage de l'indispensable responsabilisation des pouvoirs publics. 

Tous, nous pouvons faire en sorte que les gouvernements se montrent à la hauteur de leur mission et qu'ils utilisent les fonds publics de manière efficace et équitable en les aidant à gagner et conserver la confiance des citoyens. 

Warren Krafchik, directeur exécutif de l’International Budget Partnership (a). Compte officiel : @OpenBudgets

Leslie Lang Tsai, directrice Impact social de la Chandler Foundation. Compte officiel : @ChandlerFdn.


Auteurs

Warren Krafchik

Directeur exécutif de l’International Budget Partnership

Leslie Lang Tsai

Directrice Impact social de la Chandler Foundation

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