Publié sur Opinions

Combattre la pauvreté et renforcer la résilience grâce à la protection sociale

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Photo: Mohamad Al-Arief / World Bank

Depuis quelques décennies, un nombre croissant de pays investit dans des programmes de protection sociale. Ces programmes aident les individus et les ménages, en particulier les plus pauvres et les plus vulnérables, à faire face aux crises et aux chocs et à investir dans la santé et l’éducation de leurs enfants. En outre, ils permettent aux jeunes de renforcer leurs compétences et de trouver un emploi, et ils protègent une population vieillissante.

Nous disposons aujourd’hui de nombreux éléments (a) prouvant que les filets de protection sociale ou les transferts monétaires conditionnels (aides en numéraire, d’un montant prévisible, que l’État accorde aux ménages pauvres à condition qu’ils envoient leurs enfants à l’école ou qu’ils passent des visites médicales régulières) non seulement permettent aux pays d’investir dans leur capital humain, mais sont également source de revenus pour les pauvres, dont ils améliorent le niveau de vie. Aujourd’hui, plus de 1,9 milliard de personnes dans quelque 130 pays à revenu faible ou intermédiaire (a), bénéficient de programmes de protection sociale.

La protection sociale n’est plus considérée comme un « luxe » que seuls les pays à revenu élevé peuvent s’offrir, mais comme un instrument essentiel qui change la vie des personnes pauvres et vulnérables. Elle contribue à la croissance économique, à la cohésion sociale et à la résilience.
C’est ce que nous observons aux Philippines (a), où le programme de transferts monétaires conditionnels concerne aujourd’hui 4,4 millions de familles, soit 21 % de la population. Grâce à ce programme, les enfants pauvres peuvent continuer de fréquenter l’école. En outre, les retards de croissance ont diminué de 10 % chez les enfants bénéficiant de ce programme. Au niveau national, l’écart de pauvreté a été ramené de 9,1 % à 8,2 %, ce qui équivaut à une diminution de 61 pesos philippins pour 100 pesos consacrés au programme.

à Madagascar (a), où 60 % de la population vit dans l’extrême pauvreté, nous aidons les enfants pauvres à prendre un bon départ dans la vie grâce à des programmes de transferts monétaires liés à la nutrition et au développement de la petite enfance. Nous expérimentons aussi une approche qui s’appuie sur des facteurs comportementaux pour autonomiser les femmes. Ce programme vise à changer les comportements et à doter les femmes de compétences dans le domaine du leadership, de la planification financière et de la création d’entreprise.

Et à mesure que la population vieillit, on constate, dans les pays en développement, une expansion notable des programmes de pensions sociales (a) destinés à protéger les personnes âgées. Au Mexique (a), un système de pension universel offre une couverture à toutes les personnes dès l’âge de 70 ans et, en zone rurale, dès 65 ans à celles qui ne perçoivent pas de pension de retraite.  

Les Objectifs de développement durable définis par les Nations Unies reconnaissent le rôle essentiel que joue la protection sociale pour nous permettre d’atteindre nos objectifs de développement. La protection sociale permet en effet de réduire la pauvreté, d’améliorer l’égalité entre hommes et femmes et de promouvoir le travail décent.
 
Lancé à l’occasion de l’Assemblée générale des Nations Unies le 21 septembre 2016 et piloté par l’Organisation Internationale du travail et la Banque mondiale, un nouveau partenariat mondial vise l’accès universel à la protection sociale. Il témoigne de l’engagement pris par la communauté internationale pour promouvoir la création de systèmes de protection sociale (a) qui soient définis par les pays eux-mêmes et dotés d'un financement durable, dans le but d’étendre la couverture à l’ensemble de la population.

Le Groupe de la Banque mondiale considère que cette étape est fondamentale pour atteindre le double objectif qui consiste à mettre fin à l’extrême pauvreté et à promouvoir une prospérité partagée. Nous aidons les pays à harmoniser leurs politiques, leurs programmes et leurs systèmes d’administration de la protection sociale, ainsi qu’à élargir l’espace budgétaire afin de parvenir à une protection sociale universelle, tout en levant les obstacles et en intégrant cette couverture à leurs stratégies nationales de développement.
 
Et même si des progrès ont été réalisés, il reste encore beaucoup à faire, tant pour élargir la couverture des personnes pauvres et vulnérables que pour adapter les mesures de protection sociale aux nouvelles réalités, telles que le changement climatique et les crises humanitaires.

Malgré les incertitudes causées par les chocs, les catastrophes naturelles et les conflits, les programmes de protection sociale peuvent aider les plus pauvres à investir dans leur propre avenir et dans celui de leur famille, à accroître leur résilience aux crises et à saisir des occasions d’améliorer leurs conditions de vie, en brisant l’engrenage de la pauvreté intergénérationnelle.
 
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Auteurs

Michal Rutkowski

Directeur, Protection sociale et Emploi, Banque mondiale

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