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De la crise à l’action : des outils pour une réponse rapide et une résilience durable

De la crise à l’action : des outils pour une réponse rapide et une résilience durable Inondations dans le district Le Thuy, dans la province de Quang Binh, au Viet Nam. Crédit photo : Banque mondiale.

Cette dernière année, j’ai constaté un intérêt croissant et une hausse de la demande pour des outils de préparation et de réponse aux crises plus performants. Nos partenaires des gouvernements, du secteur privé, de la société civile, des fondations et d’autres organisations de développement nous envoient sans cesse le même message : face à une crise, nous avons besoin d’être mieux préparés et d’accéder plus rapidement aux financements. 

Lorsqu’un pays peut réagir vite à une situation d’urgence, il y a plus de chances que les écoles restent ouvertes, que les routes soient praticables et que les entreprises comme leurs salariés poursuivent leur activité. Cette stabilité permet au secteur privé de se redresser plus rapidement, et aux autorités d’éviter l’aggravation de la pauvreté et des perturbations. Elles peuvent par conséquent se concentrer sur la mise en place de bases solides pour la reprise et la croissance à long terme. 

C’est pourquoi la Banque mondiale a mis en place l’an dernier une panoplie d’outils pour la préparation et la réponse aux crises. Cet ensemble d’instruments innovants a été conçu pour aider les pays à renforcer leur résilience et à mieux faire face à l’intensification des impacts climatiques, à l’augmentation des risques de pandémie et à l’aggravation des conflits qui bouleversent les vies et les moyens de subsistance dans le monde entier. Depuis son lancement, 66 des pays avec lesquels nous travaillons ont adopté au moins un des outils de cette panoplie. 

L’année dernière par exemple, quand la tempête tropicale Sara a provoqué des inondations et des glissements de terrain dévastateurs au Honduras, les autorités gouvernementales étaient prêtes. Elles ont activé l’option d’intervention rapide, ce qui a permis de réduire au minimum les conséquences de la tempête sur les vies et les infrastructures. Ce mécanisme permet aux pays de réaffecter et d’utiliser rapidement jusqu’à 10 % des fonds de la Banque mondiale non dépensés pour répondre aux besoins d’urgence en cas de crise. Alors que les financements classiques prennent parfois des semaines ou des mois pour atteindre les zones touchées, l’option d’intervention rapide raccourcit le délai entre la crise et l’action à quelques jours grâce à l’accès à des financements existants et non utilisés de la Banque mondiale. Et cela peut changer la donne en temps de crise.  

Au Honduras, le gouvernement a sélectionné deux projets en cours sur lesquels prélever des fonds et a consacré 50,78 millions de dollars à ses interventions d’urgence et ses efforts de redressement dans les 24 heures qui ont suivi l’activation de l’option. Toujours l’an dernier, la Roumanie a débloqué 47,3 millions de dollars en utilisant ce même mécanisme pour faire face aux inondations qui ont perturbé les transports et les services publics dans plusieurs de ses comtés, tandis que Vanuatu a pu utiliser 12 millions de dollars après un tremblement de terre dévastateur d’une magnitude de 7,3. À eux trois, ces pays ont pu réaffecter plus de 110 millions de dollars à leurs ripostes d’urgence grâce à l’option d’intervention rapide, à ce jour déjà mise en œuvre par 46 pays 

Durant l’année écoulée, cinq pays — la Grenade, le Honduras, le Népal, le Panama et la Roumanie — ont par ailleurs bénéficié d’un montant total de 530 millions de dollars en recourant à un autre outil pour répondre à des catastrophes naturelles : le financement à l’appui de politiques de développement avec option de tirage différé en cas de catastrophe (Cat DDO). Cet instrument aide les pays à consacrer davantage de ressources à la préparation de crises futures. Il accélère également l’accès à de nouveaux financements lorsque les catastrophes surviennent, fournissant des ressources immédiates pour gérer la crise et réduisant la nécessité d’arbitrage entre les priorités de développement et les besoins de financement d’urgence.   

La panoplie s’est avérée particulièrement utile pour les petits États insulaires qui se caractérisent souvent par une vulnérabilité accrue aux chocs et sont confrontés à des défis de développement singuliers. Elle comprend un ensemble de mesures concrètes et renforcées pour aider ces pays à mieux se préparer aux crises et à y répondre plus efficacement.  

Ainsi en 2024, à la suite de l’ouragan Beryl, Saint-Vincent-et-les Grenadines a utilisé la clause de suspension temporaire du paiement de la dette (CRDC) tandis que la Grenade a activé l’option Cat DDO. La CRDC offre une certaine souplesse dans le remboursement de la dette lors de catastrophes climatiques, ce qui permet aux pays de se consacrer aux efforts de relèvement plutôt qu’au paiement de la dette. Cela signifie qu’ils peuvent donner la priorité au rétablissement et au maintien de l’accès à des biens essentiels tels que l’eau potable, la nourriture et l’électricité, plutôt qu’au remboursement des emprunts.   

L’assurance renforcée contre les catastrophes est un autre outil qui offre une meilleure protection contre les conséquences de grands désastres. Grâce à ce mécanisme, la Banque mondiale offre aux pays la possibilité d’intégrer dans leurs financements des obligations-catastrophe, des dispositifs d’assurance et autres produits de gestion des risques. Les gouvernements peuvent ainsi percevoir une indemnisation en cas de survenue d’une crise, sans s’endetter davantage. Cette approche permet de mobiliser des capitaux privés et de transférer les risques liés à des catastrophes d’intensité élevée mais peu fréquentes vers les marchés internationaux de la réassurance et des capitaux.  

Une réponse rapide aux crises, qu’il s’agisse de catastrophes naturelles, de chocs sanitaires ou de conflits, ne consiste pas seulement à sauver des vies. C’est aussi le moyen de maintenir les conditions nécessaires à la croissance économique et à l’emploi. Ainsi, la préparation aux crises s’inscrit dans un programme de développement plus large : l’objectif est d’investir dans la réduction des risques tout en gardant les économies suffisamment stables pour permettre au secteur privé de prospérer.


Gallina Andronova Vincelette

Vice-présidente, Politique opérationnelle et services aux pays (OPCS), Banque mondiale

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