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David Malpass : Ukraine, Sommet UE-UA et Conférence sur la sécurité de Munich

Ce billet a été initialement publié en anglais sur LinkedIn.


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De retour de mon premier voyage officiel de l'année 2022, je souhaiterais revenir ici sur ses moments forts et vous livrer quelques-unes de mes réflexions. 

D’abord et avant tout, face à la tragédie qui se joue actuellement en Europe de l’Est, le Groupe de la Banque mondiale est horrifié par la violence et les pertes en vies humaines choquantes que connaît l’Ukraine. Nous sommes un partenaire de longue date de l'Ukraine et nous nous tenons aux côtés de son peuple en ce moment critique.

La situation désastreuse qui se produit en Ukraine aura des répercussions économiques et sociales de grande ampleur. Nous travaillons en étroite coordination avec le FMI pour en évaluer les coûts.

Le 17 février, dans les prémices de ces événements, j’avais assisté au sommet Union européenne-Union africaine (UE-UA) à Bruxelles, avant de me rendre à la Conférence sur la sécurité de Munich, du 18 au 20 février. Ces rencontres ont essentiellement porté sur l’insécurité croissante dans les pays en situation de fragilité, conflit et violence et en Europe de l’Est, mais aussi sur les crises en cours dans les domaines de l’économie (inflation, remontée probable des taux d'intérêt, mauvaise allocation des capitaux), de la politique étrangère et du développement.  

Bruxelles

J’ai d’abord eu le plaisir de participer virtuellement au séminaire de haut niveau du G20 sur le renforcement des systèmes de santé, aux côtés de la secrétaire au Trésor des États-Unis, Janet Yellen, de la ministre indienne des Finances, Nirmala Sitharaman, et du ministre singapourien Tharman Shanmugaratnam. J’ai souligné les efforts déployés par le Groupe de la Banque mondiale pour aider les pays à traverser la pandémie et renforcer leurs systèmes de santé. J’ai expliqué pourquoi il est important de disposer de structures financières souples, à l’instar de celles du Groupe de la Banque mondiale, pour être en mesure de fournir des financements accrus en cas de crise et un soutien durable pour la préparation aux urgences de santé publique à plus long terme. J’ai aussi pu mettre en avant les instruments de financement innovants que nous mettons à la disposition des pays pour mieux se préparer au risque de pandémie, comme notamment les options de tirage différé en cas de catastrophe (ou Cat DDO). J’ai également évoqué un projet de fonds d’intermédiation financière conçu pour accroître les financements destinés à la santé et compléter les initiatives en cours des banques multilatérales de développement dans ce domaine. Et j’ai exposé les principes fondamentaux pour la réussite de ces nouveaux mécanismes de financement, en insistant sur la nécessité d’éviter les doublons.

Pendant mon séjour à Bruxelles, j’ai eu le plaisir de retrouver un grand nombre de nos personnels sur place et d’aborder avec eux l’importante collaboration du Groupe de la Banque mondiale avec l’Union européenne (UE), ainsi que l’impact de nos activités en Europe et Asie centrale. Il a été question de plusieurs de nos projets en cours. En Pologne notamment, où nous soutenons la transition énergétique dans les régions charbonnières (a) et la réduction de l’usage du charbon pour le chauffage (a), mais aussi notre appui à l’inclusion des Roms (a) ou encore à la mise en place d’institutions efficaces dans la région (a).

 

David Malpass meets with stakeholders

J’ai ensuite rejoint plus de 60 chefs d’État de toute l’Afrique et de l’Europe pour le sixième sommet UE-UA. Dans une allocution liminaire (a) consacrée aux enjeux de la paix, de la sécurité et de la gouvernance, j’ai mis en lumière l'action du Groupe de la Banque mondiale dans les contextes fragiles et de conflit. Unissant ma voix à celle d'autres dirigeants, j’ai dit l’importance de la bonne gouvernance, de la transparence, de l'État de droit et du commerce.

Tout au long du sommet, j’ai entendu l’extrême préoccupation des dirigeants africains face au flot d’armes qui se déverse dans les environnements fragiles. Dans un billet publié à la veille de mon voyage, j’avais insisté sur l’importance de réduire à la fois les entrées et les surplus d’armes, et j’ai eu l’occasion d’assurer les participants au sommet du soutien résolu du Groupe de la Banque mondiale en vue d’aider les pays à faire face à des problématiques de développement cruciales. 

Munich

Je me suis rendu ensuite à Munich pour assister à la Conférence sur la sécurité, aux côtés d’un large éventail de participants : chefs d’État, ministres des Affaires étrangères, parlementaires, partenaires de développement, secteur privé et membres des médias. J’ai pris part à des événements consacrés aux questions de la numérisation, de la santé mondiale, des relations Est-Ouest et du Caucase du Sud. S’agissant du Caucase du Sud, la rencontre entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie qui s'est tenue sous l'égide de la conférence était la première en personne depuis la guerre qui les a opposés, et j’ai été sensible aux propos encourageants des deux nations — ainsi que de la Géorgie et de l’OSCE — quant à l’impact productif du Groupe de la Banque mondiale dans la région.

J’ai eu le plaisir de prendre part à une table ronde sur le thème « Prévenir la prochaine polypandémie » (a) qui a donné lieu à une discussion intense sur la préparation aux crises. J'étais entouré de la ministre allemande du Développement, Svenja Schulze, de la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, de la directrice générale de l’OMC, Ngozi Okonjo-Iweala, et de l’administrateur du PNUD, Achim Steiner.

Je me réjouis aussi d’avoir pu rencontrer le directeur exécutif du PAM, David Beasley, et de m'entretenir avec lui de nos efforts conjoints en Afghanistan, au Yémen, au Sahel et ailleurs dans le monde pour renforcer la production alimentaire, la sécurité, l’agriculture et l’irrigation.

Ukraine

Enfin, j’ai rencontré le président Volodymyr Zelenskyy, auquel j’ai réaffirmé le soutien du Groupe de la Banque mondiale envers la population et l’économie ukrainiennes à court et à long terme. Nous avons discuté de la résilience de l’Ukraine face à des défis économiques et sécuritaires majeurs, et souligné les coûts financiers immenses que représente la crise actuelle pour l’Ukraine, la Russie et la région dans son ensemble. J’ai indiqué au président Zelenskyy que nous préparions un appui budgétaire rapide pouvant aller jusqu’à 350 millions de dollars pour soutenir les réformes en cours et je lui ai fait part du vif intérêt manifesté par les partenaires de développement en faveur d’une aide coordonnée. Nos échanges ont en outre porté sur le solide vivier de projets visant à soutenir l’emploi et la prospérité dans tout le pays, et j’ai exprimé mon soutien à la poursuite des discussions entre bailleurs de fonds en vue d’accompagner l’Ukraine et son programme de réformes.

Le Groupe de la Banque mondiale est disposé à fournir un soutien immédiat à l'Ukraine et prépare des solutions envisageables à cet effet, dont un décaissement rapide de fonds. Aux côtés des partenaires de développement, nous utiliserons tous les outils de financement et d'appui technique dont nous disposons pour apporter une réponse rapide.

En outre, nous menons actuellement des discussions en vue de prêter soutien aux pays voisins et aux populations susceptibles d’être touchés par le conflit, et mettrons à disposition des ressources supplémentaires.

À l’heure où les perspectives demeurent sombres pour les populations des pays en développement, il est essentiel que le Groupe de la Banque mondiale et toute la communauté internationale entreprennent des actions décisives et significatives pour leur donner main-forte.  

J’adresse mes remerciements à tous ceux qui, au sein de notre Groupe et parmi nos partenaires, ont contribué à l’organisation de cette série de réunions et discussions.


Auteurs

David Malpass

Ancien président du Groupe de la Banque mondiale

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