Lorsque les villes investissent dans le tourisme, elles investissent dans l’emploi, l’entrepreneuriat et la croissance.
Marrakech en est un exemple probant : en 2024, la ville a accueilli (a) près de 4 millions de touristes, qui sont autant de sources de revenus pour le personnel des hôtels, les vendeurs ambulants, les guides ou les artisans.
Il suffit d’extrapoler ces retombées aux villes du monde entier pour comprendre pourquoi le tourisme urbain est un puissant moteur d’emploi et de développement économique local. C’est pourquoi, à l’occasion de la Journée mondiale des villes, nous nous intéressons à la manière dont un tourisme fondé sur des infrastructures solides et des attractions dynamiques peut transformer des visiteurs de passage en opportunités économiques durables pour les populations locales.
Un moteur d’opportunités
Le tourisme est l’un des principaux moteurs de la création d’emplois dans le monde. Il figure, aux côtés des infrastructures et de l’énergie, de l’agroalimentaire, de la santé et de l’industrie manufacturière à valeur ajoutée, parmi les cinq secteurs les plus porteurs pour générer des emplois locaux à grande échelle, selon l’avis du Conseil consultatif de haut niveau sur l’emploi du Groupe de la Banque mondiale.
En 2024, le secteur du voyage et du tourisme a contribué (a) à 10 % environ du produit intérieur brut mondial et fourni environ 357 millions d’emplois, soit plus de 10 % de la totalité des emplois dans le monde. Selon des prévisions récentes (a), il pourrait être à l’origine de quelque 91 millions de nouveaux emplois à l’horizon 2035, soit potentiellement une création d’emploi sur trois à l’échelle mondiale. Une perspective d’emplois massifs d’autant plus cruciale qu’au cours de la prochaine décennie, 1,2 milliard de jeunes atteindront l’âge de travailler dans les pays en développement.
Or cette dynamique concerne principalement les villes : les destinations urbaines représentent (a) environ 75 % du tourisme mondial, les grandes villes (a) concentrant la moitié de toutes les visites internationales. En Colombie, par exemple, 85 % des dollars venus de l’étranger sont dépensés (a) dans six villes du pays seulement. Autrement dit, lorsque les villes investissent dans le tourisme, elles investissent dans leurs habitants.
Toutes les villes n’ont pas la même fonction touristique. Certaines, comme Marrakech, sont des destinations « autonomes », que l’on visite pour leur culture, leur histoire et leurs attraits intrinsèques. D’autres, comme Berat en Albanie, servent de porte d’entrée pour explorer l'arrière-pays, des sites naturels et autres centres d’intérêt environnants.
Que fait la Banque mondiale pour soutenir le tourisme urbain ?
De Marrakech à Berat, l’essor du tourisme urbain repose sur de bonnes infrastructures. En l’absence de réseaux de transport fiables, de services publics, de marchés dynamiques, de connectivité numérique et de services de santé et de sécurité performants, les villes ne sont pas en mesure d’attirer durablement les visiteurs ni de soutenir le tissu économique local. Le développement urbain, la création d’emplois et la croissance économique sont tous tributaires de ces infrastructures.
J’ai pu constater par moi-même comment la modernisation des routes, la restauration des sites patrimoniaux et l’amélioration des espaces publics peuvent transformer le potentiel d’une ville. En voici un bref tour d’horizon avec une sélection de projets soutenus par la Banque mondiale :
En Albanie, le projet intégré d’aménagement urbain et de développement du tourisme a accompagné la restauration de sites historiques, amélioré les infrastructures environnantes et développé les services touristiques, créant ainsi de nouvelles opportunités économiques et des emplois dans et autour des villes de Berat, Gjirokastra, Përmet et Saranda.
En Inde, le projet de développement du tourisme et de réduction de la pauvreté dans l’Uttar Pradesh (a) a permis de créer près de 3 000 emplois et d’accroître les revenus des entrepreneurs locaux en soutenant le développement économique, la planification et la gouvernance dans les principales destinations touristiques urbaines. Sur toute la durée du projet, le nombre de visiteurs nationaux a augmenté de près de 40 %, pour passer de 43 millions en 2014 à près de 60 millions en 2024.
En Tanzanie, le projet pour une croissance inclusive à Zanzibar (a) contribue à la croissance économique de trois villages, en fournissant des compétences et des emplois à 600 habitants pour tirer parti du dynamisme de l’économie touristique dynamique insulaire.
Mais les infrastructures ne font pas tout. Pour réaliser pleinement leur potentiel, les villes ont également besoin d’un environnement propice, ce qui passe par une solide gouvernance du tourisme, une coordination étroite entre les ministères et les autorités infranationales, un renforcement des capacités locales et la formation de la main-d’œuvre. Des partenariats productifs avec le secteur privé sont également essentiels pour attirer les investissements privés, développer les activités entrepreneuriales et renforcer les compétences dans le domaine du tourisme. La collaboration entre autorités locales et entreprises en soutien aux investissements dans l’hôtellerie, l’hébergement, la restauration et les loisirs permet de démultiplier les retombées de leurs efforts.
C’est là que les atouts du Groupe de la Banque mondiale entrent en jeu. Nous finançons un nombre important de projets liés au tourisme, et ces engagements allient une fine connaissance du secteur et des solutions de financement mobilisant à la fois des ressources concessionnelles et des capitaux privés. Avec 66 projets en cours dans le monde en 2025, nous mettons notre expérience au service des villes pour les aider à planifier et financer un développement de destinations touristiques porteur de nouveaux emplois et de meilleurs revenus.
Ce dont les villes ont besoin pour réussir
L’avenir du tourisme urbain et de ses emplois repose sur des investissements judicieux et des institutions solides. Pour réussir, les villes doivent préserver leurs atouts naturels et leur patrimoine culturel, construire des infrastructures résilientes et favoriser la collaboration intersectorielle. Elles doivent aussi impérativement veiller à la formation de leurs habitants et au développement de leurs compétences, en mettant en particulier l’accent sur les femmes et les jeunes.
Enfin, maximiser les gains du tourisme implique aussi de gérer les risques et aléas de cette activité, du surtourisme à la saisonnalité, en passant par la pression sur le logement et les services, la marchandisation culturelle et les effets néfastes sur l’environnement. Grâce à une planification minutieuse et à la participation des populations locales, il est possible de concevoir des investissements qui profitent à tous.
En cette Journée mondiale des villes, il convient de rappeler que le tourisme urbain, c’est bien plus que de simples visites. C’est une source de moyens de subsistance, de dignité et de sens, ce sont des liens tissés entre les cultures. C’est donner aux jeunes leur premier emploi, aider les entrepreneurs à développer leurs activités et permettre aux populations locales d’investir dans leur avenir. Un tourisme bien conçu et bien géré peut permettre aux villes d’accueillir plus de visiteurs tout en fonctionnant mieux, au profit de leurs habitants comme de leurs entreprises.
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