Publié sur Opinions

Journée mondiale des réfugiés 2019 : renforcer la réponse internationale face au défi des déplacements forcés

Cette année, je célèbrerai la Journée mondiale des réfugiés à Addis-Abeba, avec les représentants d’une bonne cinquantaine de pays réunis pour passer en revue le travail de l’Association internationale de développement (IDA), l’institution du Groupe de la Banque mondiale qui aide les pays les plus pauvres de la planète, et définir les priorités des prochaines années. Au titre de son programme actuel, l’IDA apporte 2 milliards de dollars à 14 pays à faible revenu qui, ensemble, accueillent 6,4 millions de réfugiés.  L’Éthiopie figure parmi eux.

L’Éthiopie est l’un des pays les plus actifs sur ce front. Avec notre soutien, le gouvernement va adopter un nouveau cadre juridique pour permettre aux réfugiés de quitter progressivement les camps, trouver un emploi et accéder aux services d’éducation et de santé. Pour celles et ceux qui vivent tant bien que mal le long des frontières du pays avec la Somalie, l’Érythrée, le Soudan et le Soudan du Sud — plus de 900 000 personnes à ce jour —, c’est une véritable avancée. Qui fera toute la différence entre pouvoir démarrer une vie nouvelle ou être condamné à la dépendance et à la misère.

Le gouvernement éthiopien fait là preuve d’une clairvoyance remarquable et nous sommes fiers de lui apporter notre soutien, à travers un projet de 200 millions de dollars (a) qui vise à créer des débouchés économiques pour les réfugiés et les communautés d’accueil.

Comme nous le disait Ahmedin Ibrahim, « mieux vaut gagner sa vie par ses propres moyens que de dépendre de la charité des autres ». Cet entrepreneur érythréen réfugié en Éthiopie a quitté le camp d’Adi Harush et vit désormais à Shire, où il apprend à ses filles à fabriquer des meubles et à se débrouiller par elles-mêmes.

L’Éthiopie ne fait pas exception : l’Ouganda (pratiquement 1,2 million de réfugiés) a distribué à un grand nombre d’entre eux un lopin de terre pour qu’ils puissent subvenir à leurs besoins ; en Turquie, où le gouvernement a incité les réfugiés syriens à créer des entreprises, plus de 8 000 sociétés ont ainsi vu le jour ; le Tchad réfléchit à des solutions pour assurer une plus grande cohérence entre son système de filets sociaux, encore balbutiant, et les dispositifs humanitaires ; et le Pakistan vient d’autoriser les réfugiés à ouvrir des comptes en banque.

Cependant, les conflits et les persécutions obligent un nombre toujours croissant de personnes à fuir leur pays ou à changer de région dans leur propre pays. Il y a aujourd’hui dans le monde environ 29,4 millions de réfugiés et demandeurs d’asile, soit plus que toute la population de l’Australie. Ce ne sont pas des migrants économiques en quête d’un emploi plus gratifiant ou d’une vie meilleure mais bien des gens qui ont tout abandonné pour se mettre à l’abri, eux et leurs familles, et se retrouvent de ce fait le plus souvent plongés dans la misère.

Et contrairement à certaines idées reçues, près de neuf réfugiés sur dix s’installent dans un pays en développement, le plus souvent un pays voisin du leur.  De fait, comme la plupart des réfugiés sont originaires de régions en guerre depuis des années et que la plupart d’entre eux traversent juste une frontière, ce sont toujours les mêmes pays — entre 12 et 15 — qui accueillent plus des deux tiers de ces migrants depuis la fin de la Guerre froide.

Certes, les souffrances incroyables infligées à ces hommes, ces femmes et ces enfants obligés de fuir les zones de conflit pour se mettre à l’abri restent pour nous en grande partie inimaginables. Mais nous pouvons et devons faire notre maximum pour les aider. Face à l’afflux de réfugiés, le système est sous tension. Les pays et les communautés d’accueil sont confrontés à une hausse des arrivées, souvent dans des régions en retard déjà victimes d’une pauvreté omniprésente. Et les dépenses à engager pour faire vivre les réfugiés en exil sont colossales.

En décembre dernier, la communauté internationale a adopté le Pacte mondial pour les réfugiés, pour optimiser la réponse apportée. Le but ? Aider les réfugiés à devenir autonomes, permettre aux communautés d’accueil de résoudre leurs propres problèmes de développement et inciter les pays du monde entier à prendre leur part de responsabilité pour préserver le système international de protection des réfugiés.

La Banque mondiale est déterminée à participer à cette initiative collective, y compris en finançant les pays qui s’efforcent de créer des emplois et des services pour les réfugiés et les communautés hôtes. Ce faisant, nous attacherons une attention particulière aux personnes les plus menacées d’exclusion : les handicapés, les femmes et les filles. C’est un enjeu vital pour les réfugiés et pour les communautés d’accueil, et c’est le seul moyen de parvenir à endiguer ces mouvements chaotiques de population à travers les frontières.

Face à l’afflux de réfugiés, le système est sous tension. Les pays et les communautés d’accueil sont confrontés à une hausse des arrivées, souvent dans des régions en retard déjà victimes d’une pauvreté omniprésente. Et les dépenses à engager pour faire vivre les réfugiés en exil sont colossales.
Kristalina Georgieva
Kristalina Georgieva
Directrice générale de la Banque mondiale

Avec les Nations Unies et la Banque islamique de développement, la Banque mondiale a lancé en 2016 le Mécanisme mondial de financement concessionnel (GCFF) afin d’apporter une aide aux pays à revenu intermédiaire qui accueillent un grand nombre de réfugiés. À ce jour, plus de 500 millions de dollars de dons, mobilisés par neuf pays et par la Commission européenne, ont été approuvés en faveur de la Jordanie, du Liban et de la Colombie. La Banque mondiale travaille également en étroite concertation avec le Haut-commissariat aux réfugiés des Nations Unies (HCR) pour garantir une complémentarité maximale entre les systèmes de protection des réfugiés, d’aide humanitaire et d’aide au développement.

Soucieuse de conforter ses interventions, la Banque mondiale a fait du soutien aux réfugiés et aux communautés d’accueil l’un des piliers de sa future stratégie sur la fragilité, les conflits et la violence. Pour en savoir plus, découvrez la note conceptuelle ici. Et n’hésitez pas à nous faire part de vos idées et suggestions.

Nous sommes parfaitement conscients, à la Banque mondiale, de la nécessité d’agir au plus vite pour résoudre cette crise des déplacements forcés — la plus importante depuis la Seconde Guerre mondiale. Cette Journée mondiale des réfugiés est l’occasion de reconnaître les pertes, les espoirs et les ambitions de ces millions d’hommes, de femmes et d’enfants obligés de fuir leur pays natal pour se réfugier à l’étranger.

Alors, rejoignez-nous et prenez le temps de penser à ceux qui ont été contraints de s’installer dans votre pays ou dans votre communauté et aux événements qui les ont conduits à se retrouver là où ils sont aujourd’hui. Exprimez-vous en leur nom et au nom de ceux qui les accueillent, pour que nous puissions, ensemble, adoucir leur quotidien, grâce à des solutions locales, nationales et mondiales.


Auteurs

Kristalina Georgieva

Ex-directrice générale de la Banque mondiale

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