Publié sur Opinions

L’amour fait loi : oui au mariage homosexuel aux États-Unis et dans le monde

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Groupe d’encadrement sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre*
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Célébration devant la Maison Blanche,
​le vendredi 26 Juin .

​​Vendredi dernier, le 26 juin 2015, la Cour suprême des États-Unis rendait une décision historique en faveur de l’égalité, en légalisant le mariage homosexuel sur tout le territoire américain. Moment de joie pour des milliers de familles, cet arrêt capital vient aussi établir le sens du principe constitutionnel d’« égale protection de la loi ». La Banque mondiale est, comme son nom l’indique, une institution mondiale de développement ; en tant que telle, elle possède un personnel qui reflète la diversité de ses pays membres. Nous saluons cette décision de la plus haute instance judiciaire des États-Unis, non seulement pour la justice qu’elle rend ainsi au personnel LGBT mais aussi parce qu’elle illustre des principes fondamentaux pour un développement durable et sans exclus.


Après le récent référendum en Irlande, le mariage homosexuel est désormais célébré ou reconnu dans 24 pays du globe. Ces États représentent l’ensemble des régions du monde — à l’exception notable de la plupart des pays d’Asie —, de l’Afrique du Sud au Mexique en passant par l’Argentine et la Nouvelle-Zélande.

En quoi le mariage est-il important ? Si l’on se réfère aux conclusions du juge Anthony M. Kennedy, qui a rédigé cette décision historique de la Cour suprême au nom de la majorité, « aucune union n’est plus profonde que le mariage, car le mariage incarne les plus hauts idéaux de l’amour, la fidélité, la dévotion, le sacrifice et la famille. En formant une union maritale, deux personnes deviennent quelque chose de plus grand que ce qu’elles étaient auparavant. » Et à travers l’institution du mariage, les familles LGBT entrent sur les radars de l’État et peuvent donc bénéficier des avantages et des protections découlant d’une telle reconnaissance.

Mais la décision de vendredi dernier laisse un goût amer : les avancées obtenues aux États-Unis et ailleurs font d’autant plus ressortir la permanence, voire l’aggravation, des discriminations en de nombreux points du globe. Les personnes LGBT sont criminalisées à des degrés divers dans 81 pays. Dans de trop nombreux pays, des lois de « propagande homophobe » ont ravivé l’ignorance, la peur et les préjugés sachant que, dans dix pays, le simple fait d’être ce que vous êtes équivaut à une condamnation à mort licite.

Ces lois ont des implications considérables dans les pays en développement, et leur impact sur la pauvreté et la prospérité partagée est au cœur des préoccupations de la Banque mondiale. Des millions de LGBT y vivent dans la crainte de voir leur identité révélée et de subir des discriminations, des violences et des peines d’emprisonnement. Quand des enfants LGBT sont victimes d’intimidations et chassés de l’école ou lorsque des LGBT se voient refuser un travail ou un logement, sont l’objet de violences par leur famille, des étrangers ou la police et ne peuvent pas accéder aux soins de santé, les uns et les autres sont privés de la possibilité de contribuer pleinement à la société. Or, il suffit que certains soient éjectés de la trajectoire du développement pour que tout le monde s’en ressente.

Aucun talent ne peut ou ne doit être gaspillé. Imaginez un instant les contributions que les personnes LGBT pourraient apporter au développement économique et social si elles pouvaient s’affranchir de leurs peurs et des discriminations. Les économies qui réussissent ont des institutions solidaires qui respectent le potentiel de tous les citoyens, sans distinction.

Commentant la décision de la Cour suprême, le président Barack Obama a souligné la rapidité remarquable des changements intervenus aux États-Unis : il y a un peu plus de dix ans, aucun État ne reconnaissait le mariage homosexuel. Aujourd’hui, ce mariage est légal dans les 50 États de l’Union. Ces avancées naguère inconcevables doivent énormément au courage d’une poignée d’hommes et de femmes qui ont choisi de briser le silence et de se dévoiler au reste du monde. L’histoire est du côté de ceux qui ne les ont pas abandonnés et qui les ont défendus.

Cette décision doit nous insuffler de l’espoir. Même lorsque la voie du progrès paraît incroyablement escarpée, bouchée ou inenvisageable en l’état actuel, la bravoure de certains, prêts à se lever pour défendre la dignité et le respect de tous et les liens de l’amour, peut véritablement changer le monde.

La Banque mondiale est fière en cet instant historique de soutenir ces héros dans la marche vers un développement durable et solidaire.
 
* Le Groupe d’encadrement sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre (SOGI) a vocation à servir de ressource institutionnelle pour les équipes pays et les hauts dirigeants du Groupe de la Banque mondiale. Il réunit actuellement des représentants de plusieurs Pôles mondiaux d’expertise, dans le but de définir une approche cohérente de l’exclusion sur la base de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre au sein du Groupe de la Banque mondiale, en prenant l’initiative de la production et la diffusion de connaissances sur la question et en veillant à leur application au niveau opérationnel. Le groupe peut aussi réaliser des actions de sensibilisation, en interne ou à l’extérieur de l’institution, autour de l’impact que l’exclusion fondée sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre peut avoir sur le double objectif du Groupe de la Banque mondiale d’élimination de l’extrême pauvreté et de promotion d’une prospérité partagée.

Auteurs

Nicholas Menzies

Senior Governance Specialist

Caren Grown

Directrice du pôle Genre et égalité hommes-femmes, Groupe de la Banque mondiale

Jeffrey Waite

Adviser, West/Central Africa Education Unit

Maninder Gill

Global Director, Environmental and Social Framework

Maria Beatriz Orlando

Maria Beatriz Orlando, Lead Social Development Specialist, Social Sustainability and Inclusion Global Practice

Jeff Chelsky

Manager, Country Programs and Economic Management Unit

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