Dans le contexte auquel sont confrontées les économies émergentes et en développement, à savoir des ressources publiques très limitées mais d’énormes besoins en infrastructures indispensables pour fournir des services de base, l’investissement privé est plus qu’important : c’est un impératif incontournable. Mobiliser des fonds privés est essentiel pour stimuler la croissance économique et réaliser le double objectif (a) de la Banque mondiale — promouvoir une prospérité partagée et mettre fin à la pauvreté — et, plus largement, pour atteindre les Objectifs de développement durable.
La base de données sur la participation du secteur privé dans les projets d’infrastructure (PPI) (a), qui contient des données couvrant près de 30 années, est aujourd’hui un outil très précieux pour mesurer le niveau de l’investissement privé dans les infrastructures des économies émergentes et en développement.
Outre l’énergie, les transports, l’eau et l’assainissement, la base de données sur la participation du secteur privé dans l’infrastructure collecte aussi, depuis 2017, des données sur le secteur des technologies de l’information et de la communication (TIC) . Les infrastructures des TIC comprennent les câblages de fibre optique, les antennes mobiles et d’autres équipements lourds dont l’installation repose sur les pouvoirs publics. Mesurer le niveau des investissements privés dans ce secteur est de plus en plus important, car les TIC jouent un rôle de premier plan dans le développement. Avec quelque sept milliards de connexions mobiles et une couverture réseau 3G de 60 % à l’échelle mondiale, le secteur des TIC revêt, à l’heure de la quatrième révolution industrielle, une importance capitale pour soutenir les innovations disruptives, accélérer le développement et renforcer son impact.
Une année 2017 marquée par plusieurs mégaprojets et un soutien accru des pouvoirs publics
Selon le dernier rapport annuel qui vient d’être publié (a), la base de données sur la participation du secteur privé dans l’infrastructure révèle une augmentation de 37 % des investissements entre 2016 et 2017 . Toutefois, ce résultat est le deuxième plus faible jamais enregistré au cours des dix dernières années et il est de 15 % inférieur au niveau moyen des investissements des cinq dernières années. En fait, la progression par rapport à 2016 est essentiellement due à quelques mégaprojets en Chine et en Indonésie, ainsi qu’à une reprise des investissements en Asie du Sud, principalement au Pakistan. On constate aussi que la taille moyenne des opérations a augmenté de 26 % en 2017, avec une vingtaine de mégaprojets représentant en moyenne 2,4 milliards de dollars chacun et 51 % du montant total de la participation du secteur privé dans l’infrastructure.
Le rebond des investissements en 2017 s’accompagne d’un appui plus marqué des gouvernements aux projets, ce qui souligne l’importance des politiques, de la réglementation, de la gouvernance et de la transparence des pouvoirs publics pour encourager une plus forte participation du secteur privé dans le développement de l’infrastructure. Ainsi, en 2017, les États ont soutenu 135 projets, contre 94 en 2016. Il convient aussi de noter que la réduction de la part des financements publics était corrélée à la baisse des niveaux d’investissement entre 2012 et 2016.
L’Asie de l’Est-Pacifique et l’énergie, respectivement région leader et premier secteur d’investissement
La région Asie de l’Est et Pacifique a bénéficié du plus fort volume d’investissements, tandis que l’Amérique latine-Caraïbes et l’Afrique subsaharienne enregistraient respectivement leur plus bas et deuxième plus faible niveau en dix ans. Avec 49 milliards de dollars en 2017, l’Asie de l’Est-Pacifique a reçu plus de la moitié du total des investissements privés dans l’infrastructure, dépassant pour la première fois l’Amérique latine-Caraïbes .
L’énergie reste le secteur qui attire le plus d’investissements, mais les transports ont vu leur volume de financement doubler grâce à trois mégaprojets ferroviaires, tandis que le secteur des TIC est lui aussi en forte progression . Les investissements dans les transports ont grimpé de 18,8 milliards de dollars en 2016 à 36,5 milliards en 2017, à la faveur principalement de très grands projets : train à grande vitesse en Chine (6,8 milliards de dollars) et en Indonésie (6 milliards de dollars) ou encore projet de monorail en Thaïlande (3,1 milliards de dollars). En ce qui concerne les infrastructures des TIC, les investissements sont passés de 462 millions de dollars seulement en 2016 à 3 milliards en 2017, du fait essentiellement de deux mégaprojets de développement des réseaux.
La situation au niveau des pays
- Les investissements privés dans des projets d’infrastructure ont concerné 52 pays en 2017, soit une nette augmentation par rapport au niveau de 2016 (37 pays) et à la moyenne des cinq dernières années (41 pays) .
- La Chine, l’Indonésie, le Mexique, le Brésil et le Pakistan sont les cinq premiers bénéficiaires de ces investissements et, ensemble, ces pays ont attiré 58 % des financements mondiaux.
- À l’exception du Mexique dont la part de financements commerciaux atteint 63 %, cette proportion est assez faible dans les quatre autres pays : le financement commercial ne représente que 23 % de la dette de l’Indonésie, 7 % au Pakistan et 4 % au Brésil.
- Si l’Égypte a accueilli un nombre sans précédent de projets d’infrastructure, leur nombre a fortement régressé au Brésil, en Colombie et en Turquie.
- Les investissements dans les pays les plus pauvres représentaient en 2017 8,5 % du volume total mondial, contre 4,3 % en 2016 . Cela représente 7,9 milliards de dollars d’investissements dans 35 projets répartis dans 17 pays, contre 14 pays en moyenne depuis dix ans.
Autres enseignements notables
- Les investissements dans le domaine des énergies renouvelables ont continué d’augmenter en 2017, mais leur part dans les investissements consacrés à la production d’électricité a chuté en raison de la réalisation de grands projets de centrales au charbon en Indonésie, d’une valeur de 7,7 milliards de dollars. Sur les 197 projets de production d’électricité lancés en 2017, 173 (88 %) concernent les énergies renouvelables. Il faut noter que la part des investissements dans les énergies renouvelables a reculé à 57 % en 2017 par rapport à la moyenne des cinq dernières années, qui s’établissait à 64 %.
- Au total, 70 % des investissements ont été financés par la dette, dont 24 % de fonds levés auprès d’institutions bilatérales et 22 % provenant du financement commercial. Une proportion de 55 % de la dette a été levée auprès de sources internationales. Le secteur privé a financé 45 % des investissements, le secteur public en a supporté 25 % et les 30 % restants étaient issus de sources institutionnelles de financement du développement.
Téléchargez le Rapport 2017 sur la participation du secteur privé dans les projets d’infrastructure (a).
La base de données sur la participation du secteur privé dans les projets d’infrastructure (PPI) (a) a été conçue par la cellule Infrastructures, PPP et garanties (IPG) du Groupe de la Banque mondiale et elle est gérée par le pôle de Singapour (a) pour les infrastructures et le développement urbain. Il s’agit de la base de données la plus complète sur les investissements privés dans les infrastructures du monde en développement. L’équipe responsable de la base de données PPI est dirigée par Deblina Saha (a) et composée de Seong Ho Hong, Alex Shao, Akhilesh Modi et Iuliia Zemlytska.
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