Publié sur Opinions

Libérer le potentiel du secteur privé au service de systèmes de santé résilients et équitables

Une infirmière préparant une injection de vaccin au centre de santé de Meshwalekiya à Kirkos, en Éthiopie. (Photo : Michael Tsegaye/Banque mondiale) Une infirmière préparant une injection de vaccin au centre de santé de Meshwalekiya à Kirkos, en Éthiopie. (Photo : Michael Tsegaye/Banque mondiale)

La COVID-19 a mis à nu les vulnérabilités des systèmes de santé et les inégalités dans ce secteur. En perturbant l'accès aux services de santé de base, la pandémie a compromis les perspectives de millions de personnes et remis en cause des années de progrès pour les femmes, les enfants et les adolescent(e)s . Dans les 36 pays partenaires du Mécanisme de financement mondial (GFF), on observe une baisse de 25 % de la couverture des interventions sanitaires essentielles, qui affecte surtout ces populations. Les chaînes d'approvisionnement mondiales ont également été perturbées, ce qui a eu des répercussions sur la fourniture de médicaments, de moyens de contraceptions et d'équipements de protection essentiels pour les agents de santé en première ligne. 

Les gouvernements ont réagi rapidement afin d'atténuer les effets de la pandémie, mais les systèmes de santé sont toujours sous tension. Si le renforcement des capacités de prestation du secteur de la santé publique et la mobilisation des ressources nationales restent une priorité, les prestataires privés jouent eux aussi un rôle essentiel en répondant aux besoins d'une proportion non négligeable de la population dans de nombreux pays à revenu faible ou intermédiaire. 

Mais comment mobiliser avec succès le secteur privé pour contribuer à lutter contre la pandémie et à construire une reprise plus résiliente ? On peut d’ores et déjà mettre en évidence quatre points essentiels : 

  1. Pour un impact porteur de transformation, le secteur privé doit être intégré dans tous les aspects du système de santé : financement, prestation des services, politiques et réglementations, et systèmes d'information, notamment . Le GFF aide les pays à associer le secteur privé par le biais d'une plateforme des parties prenantes pilotée par les autorités de chaque État. L’objectif de cette plateforme est de définir des investissements prioritaires en faveur de la santé des femmes, des enfants et des adolescent(e)s. Grâce à des financements et une assistance technique, le GFF, en collaboration avec la Banque mondiale, contribue à renforcer le dialogue public-privé et à instaurer la confiance entre les deux secteurs, sur la base de données issues d'évaluations complètes, ce qui conduit à un engagement plus stratégique. En voici quelques exemples :

    • Des évaluations récentes réalisées en Éthiopie (a), en République démocratique du Congo (RDC) et en Ouganda (a) ont permis aux ministères de la santé de comprendre le rôle et le champ d'action du secteur privé, ainsi que d'évaluer les possibilités et les défis que représente le recours au secteur privé pour la fourniture de produits et de services. 

    • Dans certains pays, comme en Côte d'Ivoire, le GFF a aidé des acteurs privés à former une association de tutelle et à devenir des interlocuteurs plus efficaces pour dialoguer avec les pouvoirs publics des priorités mutuelles en matière d'investissement. Cette démarche a débouché sur une stratégie de participation du secteur privé et, pour la première fois, sur l’inclusion de prestataires privés dans des contrats de financement basés sur la performance signés avec l’État, soutenus par un projet conjoint de la Banque mondiale et du GFF (a). 

    • Le renforcement de la capacité des pouvoirs publics à gérer ces contrats dans des pays comme le Cameroun, le Nigéria et la RDC a permis d'élargir l'accès et la gamme de services disponibles pour les femmes, les enfants et les adolescent(e)s. 

  2. Tirer parti des innovations porteuses de changement à grande échelle peut modifier la manière dont les soins de santé sont dispensés et utilisés. Grâce à des fonds liés à des financements plus larges de la Banque mondiale, le GFF permet aux pays de développer à grande échelle des technologies, des produits et des modèles de prestation innovants et éprouvés. Par exemple, le Mali, le Rwanda et la Tanzanie ont reçu un soutien par le biais de l’initiative Innovation to Scale du GFF, qui s’inscrit dans le cadre d’un partenariat avec l’organisation Laerdal Global Health et le gouvernement norvégien. Ce partenariat s'est récemment élargi pour inclure l’initiative MSD for Mothers et la Fondation Rockefeller dans le but d’aider les pays à investir dans des innovations évolutives et durables destinées à transformer les systèmes de soins de santé primaires. 
     
  3. Les financements innovants peuvent inciter de nouveaux investisseurs et bailleurs de fonds à investir dans les systèmes de santé. Le GFF fournit des subventions flexibles qui permettent de réduire les risques qui pèsent sur les capitaux privés à l’aide de mécanismes tels que les financements mixtes, les obligations à impact et les instruments des marchés financiers. Ainsi, l'investissement privé peut être mis au service des pays et des régions qui en ont le plus besoin, en mettant l'accent sur l'équité. Par exemple, une collaboration entre le GFF et le département de la Trésorerie de la Banque mondiale reposant sur l'émission d'obligations de développement durable a permis de mobiliser 2 milliards de dollars auprès d'investisseurs en faveur de la santé de la femme et de l'enfant. En raison de la pandémie, beaucoup de prestataires de santé ont besoin d'équipements supplémentaires, mais pour les plus petits d'entre eux, l'accès au financement pour acheter du matériel est problématique. Un partenariat entre le GFF et la Société financière internationale (IFC) portant sur les financements mixtes s'appuie sur les subventions du GFF pour réduire les risques, ce qui permet aux prestataires d'accéder à des financements abordables pour mener leurs activités et faire bénéficier les pauvres de leurs services. IFC vient d'annoncer les premiers investissements entrepris en partenariat au titre du Mécanisme pour l'accès aux équipements médicaux en Afrique. Ce dispositif mis en place dans le cadre de la Plateforme mondiale pour la santé (a) d'IFC, vise à établir des systèmes de partage des risques pour aider les petites entreprises à accéder à des prêts et des crédits-bails d'un montant maximal de 300 millions de dollars. Grâce à cette plateforme, le GFF proposera son assistance technique au Kenya pour améliorer la qualité des soins dans les petites et moyennes structures qui desservent les populations à bas revenu, en particulier les femmes et les enfants.
  1. En amenant l’expertise mondiale du secteur privé au niveau local, il est possible de concevoir conjointement des solutions aux problèmes que rencontrent les pays en matière de santé. Le secteur privé n'est pas uniquement une source de financement, il a aussi une expertise précieuse à offrir. En partenariat avec la Fondation UPS (a), MSD for Mothers (a) et la Fondation Bill & Melinda Gates (a), le GFF apporte au Mozambique l'expertise du secteur privé en matière de logistique et de gestion de la chaîne d'approvisionnement pour l'accès aux médicaments et aux produits de santé ainsi qu'aux services de planification familiale. 

Lorsqu'elle est bien pensée, la collaboration stratégique entre le secteur public et le secteur privé peut aider les pays à protéger les services de santé essentiels dans le cadre de leurs efforts de lutte contre la pandémie de COVID-19  et de relèvement, à récupérer les acquis en matière de santé obtenus avant la pandémie et à mettre en place des systèmes de santé plus résilients et équitables. 

À VOIR : Retrouvez Sneha Kanneganti dans une série de vidéos (a) avec des experts techniques du GFF


Auteurs

Sneha Kanneganti

Spécialiste de la santé, Mécanisme de financement mondial, Banque mondiale

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