Les gouvernements reconnaissent de plus en plus que les économies ne peuvent atteindre leur plein potentiel qu'avec la pleine participation des femmes et des hommes. Pour aider les pays à atteindre cet objectif, le Groupe de la Banque mondiale se concentre sur quatre domaines clés.
Jamais l’école n’aura accueilli autant de filles, tandis que les femmes sont toujours plus nombreuses à rejoindre les rangs de la population active et à diriger des entreprises. Si ces avancées ont de quoi nous réjouir, elles ne doivent pas nous faire oublier que la route est encore longue avant qu’une fillette ait les mêmes chances dans la vie qu’un garçon.
Comme le montrent les travaux de la Banque mondiale (a) et d’autres institutions (a), libérer le potentiel économique des femmes n’est pas seulement une cause juste, c’est aussi un bienfait pour la croissance. Par chance, de plus en plus de pays comprennent que seule une participation égale des femmes et des hommes leur permettra d’atteindre leur plénitude économique.
Le Groupe de la Banque mondiale contribue à la concrétisation de cet objectif fondamental, en actionnant plusieurs leviers : élimination des législations discriminatoires, investissements visant à combler l’écart entre les sexes, amélioration de l’accès aux financements pour celles qui entreprennent et intensification des mesures de prévention contre les violences faites aux femmes.
La dernière édition du rapport Les Femmes, l’Entreprise et le Droit, qui mesure l’impact de la législation et de la réglementation sur les perspectives économiques des femmes dans 190 pays, met en lumière les progrès accomplis dans ce domaine. Depuis 2017, le Népal, Sao Tomé-et-Principe et le Soudan du Sud ont par exemple sensiblement avancé dans la levée des barrières juridiques auxquelles sont confrontées les femmes. De même, l’Arabie saoudite a amendé sa législation pour protéger les femmes des discriminations à l’emploi et interdire le licenciement d’une femme enceinte ou en congé de maternité. Quant aux Émirats arabes unis, ils ont intégré des dispositions juridiques garantissant l’égalité de rémunération entre les sexes et augmentant la représentation des femmes dans les conseils d’administration des entreprises.
Les gouvernements veillent aussi à rééquilibrer vie professionnelle et parentalité : au cours des deux dernières années, les Fidji ont allongé le congé de maternité payé et ont, comme Chypre, institué un congé de paternité rémunéré. Enfin, les États-Unis viennent d’adopter une législation instaurant un congé familial payé pour les agents fédéraux.
Les politiques et les programmes centrés sur l’égalité des sexes sont aussi un moyen d’aider les filles et les femmes à mieux exprimer leur potentiel économique. C’est le cas notamment des investissements destinés à encourager une plus longue scolarisation des filles et leur permettre ainsi d’acquérir les connaissances théoriques et pratiques dont elles auront besoin pour participer pleinement à la vie active une fois adultes. Avec le soutien de la Banque mondiale, le gouvernement du Bangladesh appuie la poursuite des études secondaires chez les filles grâce à l’octroi de bourses et a introduit un volet « vie pratique » dans le cursus scolaire. Ces mesures ont eu pour effet d’inverser (a) l’écart filles-garçons dans le secondaire, les premières étant désormais plus nombreuses dans les salles de classe.
D’autres mesures sont essentielles pour favoriser la mobilité des femmes et les encourager à chercher un emploi rémunéré, comme le fait de combattre le harcèlement dans les transports, de tenir compte des contraintes des mères qui travaillent lors de la fixation des horaires de trains ou de bus et d’assurer la sécurité des déplacements, grâce à une accessibilité et un éclairage optimisés. Au Liban par exemple, la Banque mondiale s’emploie à développer l’usage des transports publics chez les femmes par l’intégration de leurs besoins dans la réorganisation du secteur.
L’accès des femmes aux financements est également un levier déterminant. À l’échelle de la planète, les entreprises dirigées par les femmes se heurtent à un déficit de crédit estimé à 1 500 milliards de dollars, selon la Société financière internationale (IFC) (a), l’institution du Groupe de la Banque mondiale chargée des opérations avec le secteur privé.
Et c’est toute la philosophie qui anime l’Initiative de financement en faveur des femmes entrepreneures (We-Fi), un fonds administré par la Banque mondiale : combler ce besoin de financement et contribuer au démantèlement des autres obstacles à l’activité des femmes chefs d’entreprise. Soutenue par plusieurs donateurs, dont les États-Unis, l’Allemagne, le Japon, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, cette initiative s’emploie à soutenir 115 000 petites et moyennes entreprises féminines dans plus de 50 pays en mobilisant plus de 2,6 milliards de financements, publics et privés. Je viens de participer, avec la directrice générale du Fonds monétaire international, Kristalina Georgieva (a), et Ivanka Trump, au dernier sommet de l’initiative We-Fi à Dubaï. Nous avons pu discuter avec des ministres de pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord de solutions pour libérer le potentiel économique des femmes, en améliorant notamment leur accès à la finance.
À l’image de la dématérialisation croissante des transactions commerciales, les outils technologiques peuvent donner aux femmes un meilleur contrôle sur leurs propres ressources. Sans oublier les retombées positives connexes : selon une étude récente (a) réalisée au Kenya, l’accès des femmes à la finance mobile améliore le taux d’épargne des ménages de plus d’un cinquième et contribue à réduire de 22 % la pauvreté des ménages dirigés par des femmes.
Le secteur privé a joué un rôle moteur dans la généralisation des services financiers numériques : en Égypte, la société de services de paiement Fawry, soutenue par IFC, gère plus de 2,5 millions de transactions par jour. Récemment, elle a lancé le premier réseau féminin d’intermédiaires de paiement électronique, pour permettre à toujours plus de femmes d’accéder aux transactions dématérialisées.
Mais en plus d’être freinées par des lois discriminatoires et les difficultés d’accès au capital et aux actifs, les femmes dans de nombreux pays se heurtent également à des normes sociales qui leur attribuent moins de valeur qu’aux hommes. Les violences à l’encontre des femmes sont l’une des conséquences les plus pernicieuses de ces préjugés profondément ancrés. Les statistiques le confirment crûment : une femme sur trois dans le monde a été victime de violence physique ou sexuelle.
Mais il y a de bonnes raisons d’espérer, car la prévention des violences faites aux femmes et les mesures de lutte contre ce phénomène gagnent partout du terrain. Ainsi, des travaux financés par la Banque mondiale et l’Initiative pour la recherche sur les violences sexuelles (SVRI) dans les îles Salomon montrent (a) qu’à partir du moment où les responsables religieux et les prestataires de services publics condamnent ces violences, leur rejet par les populations augmente. Les bonnes pratiques en matière de soutien aux victimes étant de mieux en mieux connues, il revient aux professionnels sur le terrain de se mobiliser pour les partager. Une aide sociale aux réseaux féminins, des formations sur les risques de violences et des programmes de renforcement de la confiance en soi peuvent également se révéler utiles.
En cette Journée internationale de la femme, j’aimerais réaffirmer l’engagement du Groupe de la Banque mondiale à accompagner les efforts de toutes les parties prenantes œuvrant à l’émancipation des femmes et à la libération de leur potentiel économique.
Cet article a été publié initialement sur Project Syndicate.
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