La Conférence internationale sur le financement du développement (a) se tiendra dans deux mois à Addis-Abeba. Les discussions se concentreront sur l'agenda post-2015 et les prochains Objectifs pour le développement durable (ODD), dont la réalisation exigera d'immenses ressources financières.
D'où viendra cet argent ?
Dilip Ratha (a), économiste principal et responsable du Partenariat mondial pour les connaissances sur les migrations et le développement (KNOMAD) (a) au Groupe de la Banque mondiale, a son idée sur la question. Cette idée repose sur le potentiel des migrations et plus particulièrement des transferts de fonds des travailleurs immigrés vers leur pays d’origine.
Selon Dilip Ratha, il existe quatre moyens de financement qui sont actuellement sous-exploités et qui pourraient canaliser les envois de fonds des migrants au profit de l’investissement et favoriser l’infrastructure du marché des capitaux dans les pays en développement. Son objectif : lever au moins 100 milliards de dollars par an.
Comment ?
En réduisant le coût des envois de fonds (a) : les frais de transfert sont à l’heure actuelle exorbitants, avec une moyenne mondiale qui s'établit à 8 %. L'objectif est de ramener ce coût à 3 % d'ici 2030, ce qui dégagerait 20 milliards de dollars pour les migrants et leur famille. À cet égard, les technologies constituent un atout considérable, notamment grâce aux systèmes de transfert d'argent en ligne et sur téléphone mobile.
En développant l’émission d’obligations destinées à la diaspora : les travailleurs migrants épargnent en général une part de leurs revenus dans leur pays d’accueil, sur des dépôts bancaires qui leur rapportent des intérêts peu élevés. Ils pourraient donc être séduits par des placements dans des obligations d’État émises par leur pays d'origine. Ces « obligations-diaspora » pourraient générer 50 milliards de dollars en faveur du financement de projets de développement.
En réduisant les sommes payées par les migrants pour obtenir un emploi (a) : on pourrait générer jusqu'à 20 milliards de dollars en réduisant les montants que doivent payer les migrants peu qualifiés pour trouver un travail et en soumettant les agences de recrutement à une surveillance plus étroite. Il s’agit aussi, en éliminant ces commissions illégales, de lutter contre l'esclavage moderne et les pratiques abusives.
En faisant appel à la générosité des diasporas : on pourrait récolter 10 milliards de dollars en modifiant les formulaires d'envoi de fonds pour permettre aux migrants de faire un petit don à une cause spécifique : il suffirait par exemple d’ajouter une case à la fin du document pour leur proposer de donner 10 dollars à la lutte contre le paludisme.
En complément de ces quatre pistes, Dilip Ratha propose aussi d’utiliser les envois de fonds des migrants pour garantir les emprunts internationaux et améliorer les notes de crédit des États. Ces transferts d’argent constituent des flux de capitaux plus importants et plus stables que les autres, et ils pourraient faire baisser les coûts d'emprunt, allonger la maturité de la dette et améliorer la note de crédit de l'État destinataire. Cela pourrait ainsi générer de 40 à 50 milliards de dollars, rien que pour l'Afrique. Les envois de fonds peuvent également permettre aux pauvres d'accéder à la microépargne et à la microassurance.
« Les envois de fonds renforcent l'inclusion financière et conduisent à la stabilité financière », explique Atiur Rahman, gouverneur de la Banque centrale du Bangladesh. Le pays a procédé à d'importants changements dans le traitement des envois de fonds. Les États ont commencé à agir, mais des partenariats public-privé restent nécessaires, et le secteur privé doit être soumis à une étroite
Voir aussi :
Note d'information Migration and Development Brief. April 13, 2015 (a)
Les données les plus récentes sur les migrations et les envois de fonds des migrants sont disponibles à l’adresse suivante : http://www.banquemondiale.org/themes/migration
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