Selon la dernière édition du Global Economic Prospects qui vient de paraître, l’économie mondiale devrait connaître en 2017 une reprise timide, après avoir enregistré, l’année dernière, ses plus mauvaises performances depuis la crise financière.
Ce redressement s’explique d’une part par la diminution des obstacles qui ont récemment freiné la croissance chez les pays exportateurs de produits de base et, d’autre part, par une demande restant robuste dans les pays importateurs. Le rapport prévoit une sortie de la récession pour les grandes économies émergentes, et notamment la Russie et le Brésil, à la faveur d’une remontée inévitable des prix des produits de base.
Les auteurs alertent cependant sur le tassement inquiétant des investissements : qu’il s’agisse de la construction d’infrastructures de transport, de l’amélioration des systèmes d’éducation ou du renforcement des équipements de santé, la faiblesse des investissements dans nombre de marchés émergents et d’économies en développement risque d’entraver et d’assombrir leurs perspectives de croissance à moyen terme.
Globalement, l’économie mondiale est plutôt exposée à des risques de dégradation qui pourraient conduire à une croissance plus lente qu’escompté, en raison principalement de l’aggravation des incertitudes pesant sur l’orientation des politiques publiques dans les grandes économies. Il n’est pas exclu toutefois que l’on assiste à une hausse de la croissance plus forte que prévu en cas de relance budgétaire dans les grandes économies.
La croissance économique mondiale devrait s’accélérer pour atteindre 2,7 % en 2017, contre un taux de 2,3 % seulement en 2016. Les prévisions tablent sur une croissance robuste pour l’Asie de l’Est-Pacifique et pour l’Asie du Sud, deux régions de marchés émergents et d’économies en développement qui comptent de nombreux pays importateurs de produits de base. L’économie devrait progresser à un rythme de 6,5 % en Chine et atteindre un taux de croissance supérieur à 7 % en Inde.
Le tableau est contrasté pour les régions qui abritent des pays exportateurs de produits de base. L’Amérique latine-Caraïbes et l’Asie centrale devraient renouer avec la croissance en 2017, sous l’effet principalement de l’amélioration de la situation au Brésil et en Russie, deux pays jusqu’ici en proie à la récession. Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, la remontée des prix pétroliers provoquera une accélération de la croissance de la production.
Le rapport anticipe également un rebond de la croissance en Afrique subsaharienne, où un certain nombre de pays exportateurs de produits de base continuent toutefois de souffrir des effets de la baisse des cours des matières premières depuis 2011, avec pour conséquence une reprise sensiblement inférieure aux prévisions.
Cette édition des Perspectives pour l’économie mondiale se penche en particulier sur les répercussions de l’évolution de l’économie américaine à l’échelle planétaire. Une envolée de la croissance dans la première économie du monde, à la suite notamment d’une politique budgétaire expansionniste, pourrait en effet dynamiser considérablement l’économie mondiale.
De même, les effets d’un resserrement des conditions de crédit aux États-Unis, dû notamment à un durcissement plus rapide que prévu de la politique de la Réserve fédérale américaine (Fed), se feraient sentir sur l’ensemble des marchés financiers mondiaux et pourraient en particulier avoir des conséquences défavorables dans les économies émergentes et en développement qui sont très tributaires des financements extérieurs.
Toute incertitude persistante quant à l’orientation de la politique économique américaine risque de freiner les perspectives de croissance mondiale. De même, l’évolution de la situation dans le reste du monde se répercute aussi sur les États-Unis dans la mesure où ce pays entretient des relations étroites avec des partenaires commerciaux et financiers aux quatre coins du globe.
Le rapport analyse par ailleurs le ralentissement de la croissance des investissements que connaissent depuis 2010 les pays émergents et en développement et, parmi eux tout particulièrement, les grands marchés émergents et les pays exportateurs de produits de base. Dans la majorité de ces pays, la croissance des investissements est inférieure à la moyenne observée ces vingt-cinq dernières années (sans compter les épisodes de grave récession mondiale).
Or ces économies représentent un tiers du PIB mondial et rassemblent près des trois quarts des pauvres de la planète. La faiblesse des investissements est synonyme pour ces pays de difficultés majeures : leurs besoins sont considérables alors qu’ils s’efforcent de développer l’activité économique, de faire face à un processus d’urbanisation rapide et d’atteindre quantité d’autres objectifs de développement. De surcroît, l’atonie des investissements a aussi pour conséquence de retarder les perspectives de croissance future car elle ralentit l’accumulation des richesses et l’accroissement de la productivité.
Les priorités stratégiques de chaque pays seront fonction de son contexte économique particulier et de sa capacité à baisser les taux d’intérêt ou à favoriser la relance en recourant à des politiques fiscales ou axées sur les dépenses. Quoi qu’il en soit, les responsables publics devraient se préparer à déployer toute la batterie de mesures qui sont à leur disposition en vue d’accélérer la croissance des investissements.
Les investissements dans le capital humain et matériel permettraient aux économies émergentes et en développement de combler leurs besoins en compétences et en infrastructures et d’étayer leur croissance à long terme. Reconstituer la marge de manœuvre politique, remédier aux vulnérabilités et améliorer l’intégration internationale grâce à la promotion des échanges commerciaux et des investissements directs étrangers : ce sont autant d’éléments qui contribueront aussi à renforcer la résilience et à améliorer les perspectives de croissance.
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