Publié sur Opinions

Quatre éléments clés à retenir du Rapport sur l'inclusion économique, édition 2021

Mujeres beneficiarias de un programa de desarrollo humano financiado por el Banco Mundial en el pueblo de Soavina en Madagascar. © Sarah Farhat/Banco Mundial
Portrait de bénéficiaires d'un programme de développement humain financé par la Banque mondiale
dans le village de Soavina à Madagascar. Photo: © Sarah Farhat / Banque mondiale

Les gouvernements et leurs partenaires de développement recourent depuis longtemps à des programmes d'inclusion économique pour lutter contre la pauvreté.  Ces dispositifs sont essentiels pour permettre aux personnes les plus démunies et vulnérables de sortir du piège de la pauvreté, en augmentant leurs revenus et leurs actifs et en les aidant à obtenir un emploi productif et à se constituer des moyens de subsistance durables. Mais que sait-on de leur impact, de leur efficacité, de leur coût et des arbitrages nécessaires, ou encore de la faisabilité de leur généralisation ? En réalité peu de choses, faute de travaux structurés et de discussions sur ces questions. Du moins jusqu’à aujourd’hui.

En effet, le Partenariat pour l'inclusion économique (PEI) vient de publier son tout premier rapport sur le sujet, intitulé en anglais State of Economic Inclusion (SEI) Report 2021. Une publication qui vise à remédier à ces lacunes en présentant pour la première fois une analyse systématique des programmes d'inclusion économique mis en œuvre dans le monde. Avec ce rapport, il s'agit aussi de comprendre comment les pays peuvent davantage s’appuyer sur les investissements consentis dans la protection sociale, dans l'emploi et les moyens de subsistance et dans l'inclusion financière pour aider les plus pauvres à améliorer leurs ressources et à se construire un avenir.

Le rapport examine 219 programmes d'inclusion économique lancés par 100 organismes dans 75 pays à travers le monde , soit autant de dispositifs qui s'attaquent à l'un des problèmes les plus tenaces en matière de développement : la transformation des conditions de vie des personnes extrêmement pauvres et vulnérables. Les programmes publics et ceux pilotés par des organisations non gouvernementales y figurent à parts égales, ce qui permet de dresser un large panorama des activités d'inclusion économique. Enfin, le rapport analyse l'évolution spectaculaire que connaît actuellement le paysage des programmes d’inclusion économique dans le monde, en faisant état du débat grandissant autour du rôle de ces dispositifs dans le cadre de la relance post-COVID-19 (voir ici et ici [a]).

Le rapport examine 219 programmes d'inclusion économique lancés par 100 organismes dans 75 pays à travers le monde.

Le rapport SEI est le fruit d'une collaboration sans équivalent menée sous l’égide du Partenariat pour l'inclusion économique (PEI) (a). Le PEI est une plateforme spécialement conçue pour soutenir l'adoption et l'adaptation de programmes nationaux d'inclusion économique, en collaboration avec diverses parties prenantes parmi lesquelles les autorités nationales, des organismes bilatéraux et multilatéraux, des organisations non gouvernementales, des instituts de recherche et le secteur privé.

La collaboration est essentielle au succès de ces programmes en raison du caractère multidimensionnel des prestations qu’ils fournissent.  Tous se fondent sur une même hypothèse : les personnes extrêmement pauvres et vulnérables se heurtent à de multiples difficultés lorsqu'elles tombent dans le piège de la pauvreté. Une réponse « multidimensionnelle » est donc nécessaire, c'est pourquoi les programmes d'inclusion économique englobent différentes interventions coordonnées dans plusieurs domaines pour aider les individus et les familles à augmenter leurs revenus et leurs actifs et, ainsi, tenter d'échapper à ce piège.

On peut tirer du rapport quatre constats principaux, qui montrent la voie à suivre pour aller de l’avant.

Dans le monde entier, les pouvoirs publics s’emploient de plus en plus à étendre les programmes d'inclusion économique. Les programmes publics examinés dans le rapport concernent 95 % des bénéficiaires. Au fur et à mesure de leur évolution, ces programmes s'appuient de plus en plus sur des actions de lutte contre la pauvreté à grande échelle souvent axées sur les filets sociaux, les moyens de subsistance et les emplois, ainsi que sur l'inclusion financière. En général, ils associent transferts en espèces ou en nature, services de formation ou de mentorat, accès à des financements et renforcement des liens avec les marchés.

Dans le monde entier, les pouvoirs publics s’emploient de plus en plus à étendre les programmes d'inclusion économique.

Il est utile de s'appuyer sur les systèmes existants pour étendre la prestation des programmes. Ces dernières années, les fonds consacrés aux programmes de protection sociale du monde entier et leur envergure se sont considérablement amplifiés . On observe, parallèlement à cette progression, la montée en puissance de formules de protection sociale « améliorées », avec des filets de sécurité ou des transferts monétaires qui peuvent s’accompagner d’aides supplémentaires sous la forme de mentorat, de formation, d’accès aux services financiers ou encore d’initiatives permettant d'établir des liens avec d'autres secteurs, comme l'agriculture. L'inclusion économique constitue un élément essentiel du développement de ces dispositifs, avec la possibilité de renforcer l'impact et la rentabilité des programmes en tirant parti des systèmes existants, des registres sociaux et des plateformes numériques de prestation de services.

Cover of the State of Economic Inclusion Report

Les programmes d'inclusion économique donnent la priorité aux femmes. Les gouvernements adaptent de plus en plus leurs interventions aux besoins de groupes vulnérables spécifiques, notamment les femmes marginalisées.  Le rapport révèle que l'autonomisation économique des femmes est au cœur des programmes d'inclusion économique : près de 90 % des dispositifs étudiés mettent l’accent sur l'égalité des sexes. Grâce aux programmes multidimensionnels, les femmes ont davantage de chances de pouvoir faire face à la pluralité des conséquences de la COVID-19 et, quand ils sont conçus dans cette optique, ils ont le potentiel de transformer la vie des femmes pauvres. Ce constat est particulièrement encourageant, sachant que la pandémie a non seulement mis en lumière mais aussi creusé les inégalités entre hommes et femmes, ces dernières étant surreprésentées dans les secteurs et les métiers les plus touchés, tels que l'éducation, le commerce de détail, les voyages, les loisirs, l'hôtellerie et les services à la personne. Il l’est d'autant plus que l’étude des crises passées met en évidence une baisse des opportunités pour les femmes, une moindre priorité accordée aux services de santé spécifiques à la population féminine et une augmentation des violences sexistes, ainsi qu'un réel besoin de garantir une reprise équitable et inclusive.

Il faut encore rassembler des données pour évaluer l'impact et la rentabilité des programmes. Compte tenu des innovations que l'on peut anticiper dans la conception des programmes et des recherches en cours, la base de connaissances sur l'inclusion économique est appelée à se développer. Le rapport recense tout un ensemble d'effets positifs prometteurs et potentiellement durables pour un large éventail de résultats. Un prochain cycle d'études et d'évaluations se centrera probablement sur les programmes gouvernementaux de grande envergure et aidera à isoler les mécanismes d'impact des différents points d'entrée et dans les différents groupes.

Les programmes d'inclusion économique donnent la priorité aux femmes.

Le rapport SEI contribue en temps réel à ces efforts grâce à la mise à disposition de ses données en libre accès. Les données relatives aux 219 programmes d'inclusion économique analysés dans le rapport sont accessibles  sur le site https://www.peiglobal.org/pei-data-portal (a) et chacun est invité à transmettre des informations sur de nouveaux programmes ou à mettre à jour les données existantes afin que ce portail reste une source d'informations actualisées en permanence pour la communauté mondiale.

Le site du rapport SEI (a) propose un accès par chapitres ainsi qu'une synthèse et des diapositives PowerPoint qui permettent de partager les données et les informations contenues dans le rapport.

D'autres billets suivront dans les semaines à venir pour poursuivre la discussion sur les principales conclusions du rapport. Au cours des deux prochains mois, nous nous pencherons sur les aspects suivants :

  • L’utilité des données en libre accès et de ce que nous avons appris jusqu'à présent ;
  • La manière dont les réalités politiques influencent la faisabilité, la conception et le déploiement des programmes d'inclusion économique au même titre que le contexte, avec des exemples tirés de quatre études de cas sur le Sahel, le Bangladesh, le Pérou et l'Inde ;
  • L’impact de ces programmes au travers un large éventail de résultats, les principales conclusions et un état des lieux des recherches en cours ;
  • La rentabilité et la faisabilité des programmes d'inclusion économique, à partir notamment des résultats d'une analyse des coûts dans plusieurs pays qui permet d’éclairer les principaux facteurs et fourchettes de coûts des différents programmes.

Au mois d'avril, le PEI organisera un événement mondial (a) qui sera une occasion majeure de discussion et de partage de connaissances entre les membres de la communauté ayant participé à l'élaboration du premier rapport SEI et ceux qui seront impliqués dans l'édition suivante. Pour en savoir plus, abonnez-vous à notre newsletter.

Nous sommes d'ores et déjà impatients de vous retrouver !

VOIR AUSSI 

Communiqué de presse

En anglais : Page du rapportPEI Data Portal


Auteurs

Michal Rutkowski

Directeur, Protection sociale et Emploi, Banque mondiale

Rakesh Rajani

Vice-président des rogrammes, Co-Impact

Shameran Abed

Directeur principal des programmes de microfinance, BRAC

Birgit Pickel

Directrice Générale de la direction Santé mondiale, préparation aux pandémies et One Health, BMZ

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