Les cours mondiaux des produits de base devraient fléchir d’environ 7 % en 2026, poursuivant une phase de repli pour la quatrième année d’affilée. Cette modération des prix prolongée s'explique par la mollesse de l’activité économique mondiale, la persistance des tensions commerciales et l’incertitude entourant les politiques publiques, ainsi que par l’abondance de l'offre de pétrole. Les prix de l’énergie devraient chuter de 12 % cette année (en glissement annuel), puis de 10 % en 2026. Les prix des métaux et des minéraux devraient quant à eux rester globalement stables, tandis que les prix agricoles devraient connaître une légère baisse grâce à des conditions d’approvisionnement favorables. En revanche, les prix des métaux précieux devraient enregistrer une hausse de 5 % en 2026, après avoir augmenté de plus de 40 % cette année, un renchérissement d’une ampleur historique tirée par l’explosion des achats d’investissement.
Ces six derniers mois, les marchés des matières premières ont été fragilisés par le ralentissement de l’économie, les restrictions commerciales, l’incertitude politique et les aléas climatiques affectant l’approvisionnement. Le Brent a chuté de 14 % au cours des neuf premiers mois de 2025, plombé par une offre excédentaire et une demande en berne, en particulier en Chine, bien que les sanctions américaines sur le pétrole russe aient provoqué de brèves flambées des prix. Les prix du gaz naturel ont bondi sous l’effet de la forte demande européenne de GNL, tandis que les métaux de base ont connu une remontée au troisième trimestre 2025, à la faveur de la bonne tenue de la demande mondiale, d’une réorientation des politiques commerciales et de perturbations dans l’approvisionnement, en particulier en ce qui concerne le cuivre. Les cours des métaux précieux ont continué de grimper, l’or et l’argent atteignant des niveaux records, portés par une forte demande d’investissement, les achats des banques centrales et la montée des incertitudes géopolitiques. Dans le même temps, les prix des denrées alimentaires ont baissé pour le troisième trimestre consécutif du fait d’une offre de céréales abondante, tandis que les coûts des engrais ont grimpé en flèche en raison d’une forte demande, de restrictions commerciales et de déficits de production.
Les prix du pétrole ont évolué à la baisse tout au long de l’année 2025. Les tensions commerciales existantes et les craintes d’offre excédentaire exercent des pressions à la baisse sur les prix du pétrole, et ce malgré des hausses sporadiques liées aux soubresauts géopolitiques. La hausse progressive des objectifs de production de l’OPEP+ depuis le mois d’avril a entraîné cette année une hausse d’environ 3 millions de barils par jour (Mb/j) de l’offre mondiale de pétrole par rapport à 2024. L’offre devrait continuer d’augmenter en 2026, tandis que la demande reste atone, avec une croissance inférieure à 1 Mb/j en 2025 et 2026. Faute de demande suffisante par rapport à l’offre, le marché pétrolier pourrait être confronté à un surplus conséquent. Selon les projections, le prix du baril de Brent s'établira en moyenne à 68 dollars en 2025 (soit un fléchissement de 13 dollars par rapport à 2024) et poursuivra sa baisse à 60 dollars en 2026.
Après avoir atteint des niveaux records, les prix du gaz naturel se sont légèrement repliés, avec toutefois des écarts significatifs selon les régions. L’indice des prix du gaz naturel du Groupe de la Banque mondiale a légèrement baissé en octobre, dans le prolongement d’un repli de 5 % au troisième trimestre 2025, marquant ainsi une tendance à la normalisation après la forte hausse du début de l’année. On observe ces derniers mois une divergence notable entre l’indice de référence aux États-Unis et le marché de référence européen. Le premier a augmenté de 44 % au troisième trimestre 2025 en glissement annuel, à la faveur d’une forte demande de GNL, tandis que le second est resté largement inchangé. L'envolée des cours observée en début d’année s’explique par une baisse de la production d’énergies renouvelables en Europe due aux conditions météorologiques, ainsi que par des températures inférieures à la normale en Amérique du Nord. À moyen terme, les prix du gaz naturel devraient évoluer de manière contrastée entre les États-Unis, l’Europe et l’Asie. Aux États-Unis, après une flambée des prix de 60 % en 2025, le prix de référence du gaz naturel devrait progresser encore de 11 % en 2026, avant de se stabiliser en 2027, porté par la hausse des exportations de GNL. En Europe, en revanche, après une hausse de 10 % attendue en 2025, les cours pourraient reculer de 11 % en 2026, puis de 9 % en 2027, sous l’effet d’une demande plus modérée et d’une disponibilité plus importante de GNL importé.
Les prix agricoles reculent à la faveur de bonnes conditions d’approvisionnement. L’indice des prix des produits agricoles établi par le Groupe de la Banque mondiale a chuté en octobre, les récoltes saisonnières dans l’hémisphère Nord et l’abondante offre de céréales et de boissons de base (café et cacao) pesant sur les marchés. L’indice avait déjà reculé de 4 % au troisième trimestre 2025, ce qui marque la deuxième baisse trimestrielle consécutive, dans un contexte porté par l’amélioration des conditions météorologiques dans les régions productrices de cacao et de café et par une offre importante de céréales. L’indice des prix agricoles devrait rester stable en 2025 avant de fléchir légèrement de 2 % en 2026. Les prix des denrées alimentaires et des produits agricoles non alimentaires devraient rester largement inchangés en 2026, la croissance de l’offre suivant le rythme de la demande ; les prix des boissons devraient quant à eux reculer de 7 % l’année prochaine en raison de l’augmentation de la production. La balance des risques pesant sur ces prévisions est globalement équilibrée : des conditions météorologiques extrêmes, l’apaisement des tensions commerciales sur des produits de base clés comme le soja américain et la hausse du coût des intrants (gaz naturel pour les engrais notamment) pourraient faire grimper les prix, tandis que le fléchissement de la demande de biocarburants et le ralentissement de la croissance mondiale pourraient les faire baisser encore plus qu'anticipé.
Les prix des engrais ont sensiblement augmenté dans un contexte de forte demande et de restrictions commerciales. L’indice des prix des engrais du Groupe de la Banque mondiale a augmenté de près de 14 % par rapport au trimestre précédent — soit sa cinquième hausse trimestrielle consécutive — pour s'établir à un niveau supérieur de 28 % à celui de l'année dernière. L’urée, le TSP (superphosphate triple) et le DAP (phosphate de diammonium) ont tous affiché de fortes hausses, tandis que le prix du MOP (muriate de potasse) a légèrement fléchi après des augmentations marquées au cours des deux trimestres précédents. Cette tendance globale à la hausse s’explique par une demande soutenue, les restrictions commerciales en vigueur et des déficits de production, en particulier en ce qui concerne l’urée. L’indice des prix des engrais devrait grimper de 21 % en 2025 avant de redescendre en 2026 et 2027, tout en demeurant bien au-dessus de la moyenne de 2015-2019. Les prix devraient rester élevés du fait de la hausse des coûts des intrants (en particulier de l’azote), de la résilience de la consommation, ainsi que des restrictions commerciales et des sanctions affectant les producteurs. Les principaux risques concernent, d’une part, un renchérissement accru des coûts des intrants, qui entraînerait une hausse plus forte que prévu du prix des engrais, et, d’autre part, une augmentation des exportations chinoises, qui les orienterait à la baisse.
Les prix des métaux de base ont grimpé sur fond de demande mondiale soutenue. Après une progression de 4 % au troisième trimestre (en glissement trimestriel), les prix des métaux de base ont poursuivi leur tendance haussière en octobre, portés par la résilience de la croissance des principales économies. D’importants investissements dans les énergies renouvelables et les infrastructures connexes, en particulier en Chine, ont boosté la demande d’aluminium, de cuivre et d’étain. Dans le même temps, les difficultés du secteur immobilier en Chine continuent de freiner la demande de métaux liés à la construction, tels que le minerai de fer. Dans l’ensemble, les prix des métaux de base devraient augmenter de 3 % en 2025, rester globalement stables en 2026 et progresser de 2 % seulement en 2027. En cause, des facteurs conjoncturels persistants, dont une activité économique atone, qui brident la hausse des cours. En revanche, les prix du minerai de fer devraient chuter de 10 % en 2025 (en glissement annuel), avec des baisses supplémentaires de 4 % en 2026 et 2027.
Les prix des métaux précieux ont bondi vers des sommets historiques, emmenés par l’or et l’argent, tandis que le platine enregistrait lui aussi de solides gains. La flambée des cours, particulièrement marquée pour l’or, a été alimentée par une demande d’investissement robuste, les tensions géopolitiques et le climat d’incertitude ambiant. Les achats des banques centrales ont plus que doublé depuis 2022 par rapport à la moyenne observée sur la période 2015-2019. Les prix ont commencé à se tasser au début du mois d’octobre, sous l’effet d’un renforcement du dollar et des prises de bénéfices des investisseurs après la montée en flèche des cours. Selon les projections, le prix du métal jaune devrait s’envoler de 42 % en 2025, puis connaître des hausses plus modérées de 5 % en 2026 et de 6 % en 2027. La tendance reste portée par les achats persistants — quoique moins soutenus — des banques centrales et par la perspective d’un assouplissement monétaire aux États-Unis dans un contexte géopolitique et commercial toujours incertain.
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