Dans une économie mondiale en mutation rapide, le capital humain — nos connaissances, nos compétences et notre santé collectives — reste le fondement de la croissance économique. Mais à l’ère du numérique, un nouveau pilier de la prospérité réside dans notre aptitude à accéder aux technologies digitales et à les utiliser de manière efficace. Le développement et la mobilisation du capital humain, ainsi que l’adoption de l’innovation numérique, sont des leviers essentiels pour stimuler la croissance économique et créer des emplois.
Dans une nouvelle publication intitulée From Promise to Productivity: Making Digital Work for People and Jobs (a), la Banque mondiale se penche sur la manière dont la technologie peut être mise au service des populations. Cette note d’orientation propose des stratégies pour faire en sorte que le développement numérique donne la priorité aux individus et à l’emploi, et décrit les mesures concrètes que les pouvoirs publics peuvent prendre pour maximiser cet impact.
Les technologies numériques peuvent transformer le capital humain
La technologie peut être un outil puissant pour relever les grands défis du développement et améliorer l’accès de tous aux services essentiels. Mais cela implique de placer l’humain au centre des priorités. Si l’on veut que les outils numériques aient un réel impact, il faut que chacun dispose des compétences nécessaires pour les concevoir, les utiliser et même les adapter. Renforcer le capital humain aujourd’hui, c’est donc aussi développer la capacité à évoluer dans un monde numérique, aussi bien au travail que dans la vie quotidienne.
De nombreux exemples à travers le monde illustrent la manière dont la technologie peut transformer positivement les conditions de vie :
Soins de santé : Les solutions numériques facilitent l’orientation des patients et le diagnostic (a). Au Kenya (a), par exemple, l’entreprise de santé Penda Health a recours à un service de consultation basé sur l’intelligence artificielle (IA) afin d’accroître la qualité des soins fournis par les praticiens.
Éducation : À Lima, au Pérou (a), Copilot aide les enseignants à élaborer des plans de cours personnalisés pour répondre aux besoins des élèves. Au Nigéria (a), grâce à des agents conversationnels, des lycéens ont pu faire en six semaines les mêmes progrès en anglais qu’ils auraient normalement réalisés en une année complète.
Inclusion financière : Au Pakistan (a), la Banque mondiale a utilisé l'IA pour développer des algorithmes qui améliorent la gestion des prêts au logement pour les populations travaillant dans le secteur informel.
Pourtant, la fracture numérique persiste. Dans de nombreuses communautés, surtout parmi les plus vulnérables, les outils numériques restent inaccessibles : les appareils coûtent cher et la connexion internet demeure hors de prix ou peu fiable. Même lorsque la connectivité est assurée, les initiatives numériques sont fréquemment cloisonnées au sein de ministères spécifiques (comme la santé ou l’éducation), limitant ainsi la circulation d’informations qui pourraient servir les individus ou le bien commun en général.
En outre, il est urgent de recueillir davantage de données sur les technologies les plus efficaces selon les contextes, et sur les moyens de gérer leurs risques de manière appropriée. Dans ce contexte d’incertitude, et alors que de nombreuses autres solutions de développement ont déjà fait leurs preuves et se disputent les financements, il est difficile de prioriser les investissements dans les nouvelles technologies, quand bien même elles recèlent un formidable potentiel pour accélérer le développement.
Que peuvent faire les pouvoirs publics ? Quatre priorités pour un développement centré sur les personnes
Il n’en reste pas moins que les pouvoirs publics peuvent poser les bases en prenant des mesures indispensables pour faire en sorte que les données et la technologie soient mises au service des populations. La note d’orientation identifie quatre domaines d’investissement clés pour construire un avenir véritablement numérique et centré sur l’humain :
- Élargir l'accès et les compétences numériques : investir dans des infrastructures de connexion robustes, la diffusion d’appareils à un coût abordable, l’accès à une électricité fiable et des programmes généralisés d’alphabétisation numérique. Il s’agit d’éléments fondamentaux pour ouvrir la voie à de nouvelles opportunités et stimuler la croissance économique.
- Développer une infrastructure numérique intégrée : éliminer les cloisonnements en reliant les services de différents secteurs. Pour relever les défis technologiques, il faut une collaboration sans faille entre tous les ministères. Par exemple, dans le cadre du programme HOPE (a), la Banque mondiale aide le Nigéria à mettre en place des plateformes digitales pour le partage de données sur la santé, tout en renforçant les mécanismes de reddition de comptes et en développant des compétences numériques essentielles.
- Forger de solides partenariats public-privé : encourager la collaboration afin d’accroître les investissements, d'encourager l’innovation et de créer des emplois. Cela passe par la définition de rôles clairement établis, des réglementations judicieuses et des valeurs partagées garantissant des bénéfices mutuels. En Indonésie (a), par exemple, l’appui de la Banque mondiale au système d’identité numérique InaPas favorise une plus grande participation du secteur privé et le développement des services financiers numériques.
- Protéger les populations vulnérables : instaurer une gouvernance numérique solide, apporter un soutien coordonné et mettre en place des systèmes inclusifs à même de gérer efficacement les risques sans brider l’innovation. Ces mesures garantissent que les avantages de la technologie profitent à tous, en particulier à celles et ceux qui en ont le plus besoin.
Pour conclure : l’humain doit passer avant tout
La technologie seule ne suffit pas à assurer le développement. Pour en tirer pleinement parti, il faut placer l’humain au cœur des priorités. Cela suppose des investissements stratégiques dans la santé, l’éducation, la protection et les compétences numériques, afin que chacun puisse participer à l’innovation, en tirer profit et être protégé contre des usages préjudiciables. Les décideurs publics doivent s'attacher à articuler les politiques de capital humain et les stratégies numériques pour favoriser une croissance inclusive et un impact à long terme sur le développement.
À votre avis, quelles actions les gouvernements devraient-ils entreprendre pour que la technologie profite réellement à tous ?
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