Publié sur The Water Blog

Crise mondiale de l’eau : il n’est pas trop tard pour nouer des partenariats transformateurs

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Staff of the national water utility in Ghana display materials from a leadership training session. Staff of the national water utility in Ghana display materials from a leadership training session.

Inondations, sécheresses et mauvaises conditions d’assainissement sont les trois faces d’une même crise mondiale. Une crise qui peut se résumer ainsi : de l’eau, il y en a trop, ou trop peu, ou elle est trop polluée. Aujourd’hui, 1,81 milliard de personnes sont exposées à des risques importants d’inondation, 2,3 milliards n’ont pas accès à une eau gérée en toute sécurité et 3,5 milliards sont privées d’installations sanitaires sûres. Et ces défis sont exacerbés par l’intensification des effets du changement climatique, la croissance démographique rapide et la montée de l’insécurité alimentaire.

Avec une population en plein essor, la planète pourrait être confrontée d’ici 2030 à un déséquilibre de 40 % entre l’offre et la demande en eau. À l’horizon 2050, 3,2 milliards de personnes risquent de vivre dans des régions en proie à de graves pénuries d'eau. En outre, le manque d’accès aux services d’approvisionnement en eau, d’assainissement et d’hygiène nuit aux résultats scolaires et constitue un facteur de risque majeur pour la propagation des maladies. Les populations pauvres et celles qui vivent dans des régions en situation de conflit sont plus durement touchées : en Afrique de l’Ouest, par exemple, l’accès à des services d’assainissement de base ne concerne que 16 % (a) de la population en Sierra Leone, 17 % (a) au Libéria et 25 % (a) au Ghana.

Ces défis sont complexes, touchent de multiples secteurs et transcendent les frontières nationales. Pour toutes ces raisons, les pays en développement ne peuvent pas y faire face seuls et doivent  adopter une approche globale et collaborative, ce que propose le Partenariat mondial pour la sécurité hydrique et l’assainissement (GWSP).

Pas de développement sans eau

Laboratoire d'idées orienté vers l’action et plateforme de collaboration, le GWSP s’emploie à créer des solutions innovantes et urgentes aux défis mondiaux de l’eau.  Il est placé sous l'égide du pôle mondial d’expertise en eau de la Banque mondiale, le plus important bailleur de fonds multilatéral pour l’action climatique et le secteur de l’eau dans les pays en développement. L’eau concerne presque tous les aspects du développement : sans sécurité hydrique, les pays ne parviendront pas à atteindre la plupart des autres Objectifs de développement durable (ODD). Consciente de ces enjeux, la Banque mondiale a investi à ce jour 28,12 milliards de dollars dans 163 projets portant sur le secteur de l’eau, auxquels s’ajoutent au moins 34,1 milliards de dollars de prêts concernant d’autres secteurs connexes.

La Banque prévoit de lancer ce printemps un nouveau programme, dénommé en anglais Fast Track Water Security and Climate Adaptation Global Challenge Program. L’objectif est de renforcer la sécurité hydrique et l’adaptation climatique grâce à des changements systémiques et des investissements ciblés dans l’eau, l’assainissement, l’irrigation et la gestion des ressources, ainsi qu’à la réduction des risques d’inondation et de sécheresse. Ce programme bénéficiera du soutien du GWSP sous la forme d’une expertise technique, de solutions, d’outils et de diagnostics mondiaux et nationaux. Il aidera les pays à élaborer des feuilles de route ambitieuses pour guider les réformes et à concevoir des projets assortis d’analyses spécifiques leur permettant d’atteindre les ODD liés à l’alimentation, à l’eau et au climat.

Le GWSP aide les pouvoirs publics à renforcer leurs politiques, leurs institutions et leurs réglementations, à accroître les investissements dans les infrastructures et les services d’eau et à gérer leurs ressources hydriques de manière à promouvoir un développement vert, résilient et inclusif. Ses projets couvrent un large éventail de domaines et s’articulent autour de plusieurs axes d’action : assurer l’accès universel à des services d’approvisionnement en eau salubre et d’assainissement ; améliorer les modèles d’irrigation et la productivité de l’eau ; mettre en œuvre une gestion durable des ressources en eau pour réduire les risques d’inondation et de sécheresse ; et renforcer la sécurité hydrique dans les régions fragiles et touchées par des conflits.

Une vague de projets en Afrique de l’Ouest

En Afrique de l’Ouest, le GWSP a de solides antécédents dans la réalisation d'activités d’assistance technique et de diagnostic destinées à aider les pouvoirs publics à relever les défis de l’eau. Un rapport consacré au Ghana (a) explore ainsi l’utilisation de nouveaux modèles pour l’accès à des services d’assainissement gérés en toute sécurité en milieu urbain (des systèmes de toilettes avec bac de récupération). Au Libéria, le GWSP a financé la production d’un document de diagnostic (a) qui se penche sur les services d’eau, d’assainissement et d’hygiène et leur importance cruciale pour de meilleurs résultats en matière de santé infantile, de capital humain et de développement. En Sierra Leone, il a soutenu la réalisation d’une étude pilote (a) visant à tester la faisabilité et l’utilité d’un cadre mondial d’indicateurs pour harmoniser et faciliter les efforts de suivi nationaux et mondiaux sur la fourniture des services d’eau en milieu rural et, partant de là, améliorer ces services. D’autres projets bénéficiant aussi des financements du GWSP sont en cours. Au Ghana, notamment, un projet s'attache à améliorer les performances opérationnelles et financières de la Ghana Water Company en formant des leaders du changement, tandis qu’une autre initiative s’emploie à élargir l’accès à des services améliorés d’assainissement et d’approvisionnement en eau dans les quartiers défavorisés des zones métropolitaines du Grand Accra et de Kumasi.

Le socle de la sécurité hydrique de demain

Les partenariats constituent le socle de la sécurité hydrique de demain. Ils favorisent, et offrent un cadre pour le partage des connaissances, la mobilisation de financements et la fourniture d’une assistance technique. Un volet essentiel des activités du GWSP consiste à promouvoir la collaboration entre gouvernements, acteurs des secteurs public et privé et partenaires de développement multilatéraux autour des priorités liées à l’eau. Notre force consiste à mettre en pratique les connaissances, et promouvoir une approche globale et intersectorielle. Nous ne sommes en mesure de remplir ce rôle qu’avec le soutien de partenaires qui œuvrent au service du programme d’action mondial pour l’eau et dont nous bénéficions des orientations stratégiques, de l’expertise technique et des contributions financières. Nos partenaires nous aident à proposer des technologies de pointe et des solutions innovantes aux clients de la Banque mondiale, et les partenariats noués dans les pays, sur le terrain, sont essentiels pour garantir la mise en œuvre efficace des projets du GWSP.

Cette démarche collaborative sera au cœur de la réunion du Conseil du GWSP, qui se tient cette année à Accra, du 20 au 22 février. Ce rendez-vous, qui réunira représentants des pays clients, partenaires de développement mondiaux et régionaux et membres du secteur privé, permettra de faire le point sur les tendances mondiales dans le domaine de l’eau, les réalisations du GWSP au cours de l’exercice 2023 et son plan de travail futur. Les délégués examineront les défis et les priorités dans un certain nombre de pays, notamment le Ghana. Cet évènement sera également l’occasion pour les partenaires locaux d’en savoir plus sur notre modèle de mise en œuvre des connaissances et sur les modalités de collaboration dans le cadre du Global Challenge Program de la Banque mondiale. Des visites sur des sites de projets au Ghana et en Sierra Leone permettront aux délégués d’observer par eux-mêmes comment nos programmes contribuent à améliorer l’approvisionnement en eau, à promouvoir l’hygiène dans les écoles et à renforcer les capacités des institutions gouvernementales.

Certes, nous sommes confrontés à une crise mondiale de l’eau, mais il n’est pas trop tard pour œuvrer tous ensemble à l’élaboration d’interventions pour y remédier à court et long terme.  Les solutions existent, tant sous la forme de financement que d’expertise technique, et les partenariats sont le meilleur moyen d’y parvenir.


Auteurs

Robert Taliercio O'Brien

Directeur des opérations pour le Ghana, le Libéria et la Sierra Leone

Saroj Kumar Jha

Global Director, Water Global Practice

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