Publié sur Voix Arabes

Les défis liés au chômage dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord expliqués en trois graphiques

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Ce billet est le deuxième d’une série d’articles consacrés à l’édition de juillet du Bulletin trimestriel d’information économique de la région MENA   : Prévisions, perceptions et réalité économique – Les défis de sept pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord résumés en 14 graphiques.

Image En Égypte, en Iran, en Jordanie, au Liban, en Libye, en Tunisie et au Yémen (sept pays de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord), le chômage reste obstinément élevé chez les jeunes (15-24 ans) : il représente en moyenne 22 % chez les hommes et 39 % chez les femmes des sept pays de la MENA (graphique 1). À titre d’illustration, certaines estimations montrent que le chômage des jeunes peut atteindre 40 % en Tunisie et bien plus dans les gouvernorats de l’arrière-pays. Les chiffres officiels les plus récents l’estiment à 25 % en Iran, alors qu’officieusement, il représenterait le double. Les disparités entre hommes et femmes sont importantes, à l’exception du Liban : le taux de chômage chez les jeunes femmes est presque le triple de celui des jeunes hommes en Égypte, et le double en Iran, en Jordanie et au Yémen. Il se situe à 65 % en Égypte, 50 % en Jordanie et au Yémen, et 40 % en Iran. 
Graphique interactif 1. Le chômage reste élevé, particulièrement chez les femmes

Un trait marquant du chômage dans ces pays est qu’il est plus élevé au sein de la population la plus éduquée : plus de 30 % des personnes ayant une éducation de niveau supérieur étaient sans emploi en Égypte, en Tunisie et en Jordanie en 2011 et 2012. Les taux de chômage dépassent respectivement 60 % et 40 % parmi les femmes les plus éduquées en Jordanie et en Égypte (graphique 2). Une des raisons qui expliquent le niveau élevé du chômage des jeunes est que bon nombre de personnes éduquées préfèrent attendre des offres d’emploi dans l’administration. Le secteur public est attrayant car il offre des salaires élevés, la sécurité de l’emploi et des avantages intéressants. Un sondage Gallup réalisé en 2011 montre que plus de la moitié des jeunes au chômage en Égypte, en Tunisie et en Jordanie cherchait un emploi au sein de l’administration, contre 10 % dans le privé. L’administration propose une grande part des emplois structurés : dans les années 2000, plus de 70 % des emplois non agricoles en Égypte et en Libye, et 40 % au Yémen, en Jordanie et en Iran, relevaient du secteur public.
 
Tableau interactif 2. Le chômage est le plus élevé chez les personnes plus éduquées

Et les jeunes recherchent invariablement des emplois dans le secteur public qui sont rares et inaccessibles (graphique 3). L’écrasante majorité des personnes interrogées pense que la wasta (mot arabe désignant le piston et le favoritisme) est nécessaire pour obtenir un emploi dans l’administration. Une enquête réalisée en Jordanie en 2000 révèle que 86 % des personnes interrogées considèrent la wasta comme une forme de corruption et 87 % souhaitent sa disparition. En même temps, 90 % des répondants affirment qu’ils pourraient y recourir à l’avenir, au moins « occasionnellement », 42 % pensent que le besoin d’y recourir pourrait augmenter, tandis que 13 % à peine pensent avoir de moins en moins besoin de cette solution. Dans un récent sondage Gallup, 36 % des jeunes Tunisiens considèrent que la corruption est généralisée au sein de l’appareil étatique, alors que 83 % pensent qu’avoir des relations haut placées est essentiel pour obtenir un emploi.
 
Graphique interactif 3. Les jeunes préfèrent les emplois publics au secteur privé

Conséquence, l a majeure partie de la population active travaille dans l’informel, dont les emplois ne présentent aucune sécurité. Le secteur informel est vaste et ne cesse de se développer dans les sept pays étudiés. Il se compose de petites entreprises déconnectées du secteur formel et en proie à une faible productivité en raison de la nature de leur activité qui requiert moins de capitaux, une main-d’œuvre moins qualifiée et moins d’investissements. Les travailleurs du secteur informel ne disposent ni d’une couverture sociale ni d’une assurance maladie, et ont encore moins de possibilités de participer à un programme d’éducation et de formation structuré. Ce sont des personnes vulnérables dont le niveau de vie s’approche très vraisemblablement du seuil de pauvreté et qui sont particulièrement exposées à des chocs exogènes. Le Fonds monétaire international estime que la taille du secteur informel dans les pays étudiés varie entre 17 % en Jordanie et 35 % en Tunisie.
 

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