Publié sur Voix Arabes

Agir ensemble contre les violences de genre au Moyen-Orient et en Afrique du Nord

Agir ensemble contre les violences de genre au Moyen-Orient et en Afrique du Nord Ruban violet : Mettre fin à la violence contre les femmes. (Crédit photo: Doidam 10/Shutterstock)

Les violences basées sur le genre (VBG), y compris l’exploitation, les abus et le harcèlement sexuels, constituent un fléau tragique qui touche les individus, les familles et les communautés à travers le monde, et la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (MENA) n’échappe pas à cette réalité. On estime que 40 % des femmes de la région ont subi des violences physiques et/ou sexuelles de la part de leur partenaire intime au cours de leur vie. Les filles et les jeunes femmes sont particulièrement vulnérables : chaque année, des millions de filles sont mariées avant 18 ans, et les mutilations génitales féminines demeurent fréquentes dans certains pays. Par ailleurs, la violence en ligne, ou violence de genre facilitée par la technologie, est en augmentation et limite l'accès des femmes à l'économie numérique. Les situations de conflit et de crise exposent encore davantage les femmes à ces risques : les femmes déplacées de force sont deux fois plus susceptibles de subir des violences conjugales au cours de leur vie.  

Les violences basées sur le genre portent atteinte à la dignité, à la sécurité, à la santé et au bienêtre des individus. Elles représentent également un obstacle majeur au développement. Les problèmes de sécurité et la peur du harcèlement sexuel dans les espaces publics limitent la capacité des femmes à participer à l'école, au travail et à la vie publique. Les coûts économiques associés à ces violences sont considérables, estimés à 1 500 milliards de dollars, soit 2 % du PIB mondial.

Le Groupe de la Banque mondiale prend des mesures pour lutter contre les violences basées sur le genre. En effet, l'élimination des violences basées sur le genre constitue un objectif stratégique clé de la nouvelle stratégie du Groupe de la Banque mondiale en matière de genre, ainsi que du prochain Plan d'action pour le genre de la région MENA. Notre Plan d'action régional sur la violence basée sur le genre dans la région MENA, en place depuis plusieurs années se structure autour de trois leviers majeurs : les données et les connaissances, les conseils sur les politiques à mener et les opérations. En intégrant des mesures de prévention et d'atténuation des risques de violence basées sur le genre dans notre travail, nous aidons les pays à prendre des mesures concrètes pour lutter contre ces violences. À Djibouti, par exemple, le Projet de promotion de la résilience des femmes et des communautés dans la lutte contre les violences basées sur le genre soutient le renforcement des compétences et des moyens de subsistance des femmes et des filles à titre préventif, tout en améliorant l'accès à des services psychosociaux de qualité pour les victimes de violences basées sur le genre.

Je m'engage personnellement à renforcer l'impact de notre action pour aider à mettre fin aux violences faites aux femmes dans tous les pays et dans tous les secteurs où nous intervenons.  Mon équipe de direction partage pleinement cet engagement et apporte également ses perspectives sur les mesure concrètes à prendre pour lutter contre les violences sexistes. 

Fadia Saadah, directrice régionale pour la région MENA, secteur DÉVELOPPEMENT DES PERSONNES : La réduction des violences sexistes est essentielle pour réaliser d'importants gains en capital humain, promouvoir des environnements plus sûrs et plus inclusifs et renforcer la résilience des communautés. Nos interventions dans les secteurs de la santé, de l'éducation et de la protection sociale jouent un rôle clé dans la prévention et la fourniture de services aux victimes de violences sexistes. Par exemple, en Cisjordanie et Gaza (a),  nous avons soutenu le renforcement des capacités des travailleurs sociaux et des efforts de sensibilisation de sensibilisation du public. Au Maroc, notre Programme d'enseignement supérieur pour les résultats inclut une formation obligatoire sur les violences sexistes pour les étudiants dans un module dédié à la lutte contre le harcèlement sexuel.  Pour les victimes de violences sexistes, l'accès à des services de santé physique et mentale de qualité est essentiel pour atténuer les effets à long terme. Ainsi, notre programme de réforme de la santé au Maroc aide les agents de santé de première ligne à mieux prendre en charge ces victimes.

Meskerem Brhane, directrice régionale pour la région MENA, secteur PLANÈTE : Bien que la prévalence des violences sexistes soit élevée dans la région MENA, il est important de noter que ces violences sont évitables. Les données disponibles sur les mesures efficaces pour prévenir les violences faites aux femmes et aux filles continuent de croître. Le secteur Planète œuvre activement sur le plan opérationnel contre les violences sexistes, avec une approche à deux volets. Le Cadre environnemental et social de la Banque inclut des mesures explicites pour atténuer l'exploitation, les abus et le harcèlement sexuels dans le cadre de nos opérations d'investissement. Cette approche repose sur une prise en charge centrée sur les victimes et le principe de ne pas nuire. Par ailleurs, nous nous attaquons aux violences sexistes sur le plan opérationnel en élargissant les composantes de prévention et de riposte à l'ensemble de nos projets. Par exemple, dans le cadre de la phase II du Projet d'appui aux besoins de relèvement social des groupes vulnérables au Liban, nous élargissons le soutien aux besoins immédiats des populations vulnérables, incluant des services de soutien spécifiques aux victimes de violences sexistes.

Nadir Mohammed, directeur régional pour la région MENA, secteur PROSPÉRITÉ La contribution des femmes au développement économique est essentielle pour parvenir à une croissance inclusive : réduire l'écart entre les sexes en matière d'emploi pourrait augmenter le PIB par habitant de 51 % dans l'économie moyenne de la région MENA. Pour favoriser la pleine participation des femmes à l'économie, il est crucial de comprendre et de surmonter les nombreux défis auxquels sont confrontées les femmes de manière disproportionnée dans notre région, y compris la violence sexiste. Compte tenu des nombreuses contraintes réglementaires, nos opérations en soutien aux politiques de développement peuvent jouer un rôle clé pour faire avancer la situation. Par exemple, l'appui de la Banque mondiale à l'initiative de croissance inclusive pour une reprise durable en Égypte a agi comme catalyseur pour aider les parties prenantes à lutter contre les violences sexistes dans tous les secteurs. Il est également essentiel d'élargir les données sur ce sujet pour éclairer les politiques et les programmes sur le terrain.

Paul Noumba, directeur régional pour la région MENA, secteur INFRASTRUCTURE : La sûreté et la sécurité des femmes sont essentielles dans notre portefeuille d'infrastructures, avec un accent particulier sur la prévention et l'atténuation des risques. Par exemple, la mobilité des femmes est cruciale pour accéder à l'emploi, à l'éducation, aux services de santé et à la participation sociale. Nos recherches révèlent que de nombreuses femmes inactives dans la région MENA souhaitent travailler, mais se heurtent à des obstacles liés aux transports : trois sur cinq à Amman, une sur deux à Beyrouth et deux sur cinq au Caire mentionnent le manque de transports sûrs, abordables et fiables comme un frein à leur entrée sur le marché du travail. L'émergence de solutions de transport en commun dans la région MENA est en train de changer la donne. En Jordanie, le réseau de bus rapides par autobus (BRT) a considérablement augmenté la fréquentation des transports publics par les femmes. Lorsqu'on leur a demandé les cinq principales raisons d'utiliser le BRT, plus de la moitié d’entre elles ont évoqué des préoccupations liées à la sécurité. Les projets ferroviaires en cours en Égypte contribuent également à améliorer la sécurité dans les gares grâce à des mesures spécifiquement conçues pour renforcer la sécurité des femmes.   

Ce ne sont là que quelques exemples des stratégies, innovations et programmes mis en œuvre par la région MENA pour lutter contre les violences sexistes. Pour construire un avenir digne de toutes les femmes et filles de cette région, il est essentiel que nous agissions tous ensemble pour mettre fin aux violences faites aux femmes.


Ousmane Dione

Vice-président, Moyen-Orient et Afrique du Nord

Fadia Saadah

Regional Director for Human Development in Middle East and North Africa Region

Meskerem Brhane

Directrice régionale, Développement durable, Moyen-Orient et Afrique du Nord

Nadir Mohammed

Directeur régional Croissance équitable, finance et institutions pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord

Paul Noumba Um

Directeur régional Infrastructures, Moyen-Orient et Afrique du Nord

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