Préparer les filles pour l'avenir de l'Afrique : Approches de l'autonomisation par les compétences numériques

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little girl going to school La Journée des filles dans les TIC nous donne l'opportunité de travailler pour réduire l'écart numérique entre les gendres afin de garantir que les femmes ne soient pas exclues. Copyright: Yaw Niel/Shutterstock

Akalisa est une étudiante de 19 ans dans un collège de formation des enseignants au Rwanda. Pendant les confinements de la pandémie de COVID-19, Akalisa a eu du mal à accéder aux supports de cours en ligne, même quand elle empruntait le smartphone de son voisin. Maintenant qu'elle s'apprête à entrer sur le marché du travail, elle doit s'inscrire en ligne pour trouver un emploi et payer les frais de certification d'enseignante en utilisant de l'argent mobile. Akalisa est anxieuse de perdre des opportunités et d'être laissée pour compte, surtout par rapport à ses amis masculins qui accèdent aux médias numériques et les utilisent plus facilement qu'elle.

Que vous soyez un habitant urbain ou rural, un travailleur du secteur formel ou informel, un enseignant, un directeur d'école ou un étudiant, les compétences numériques sont maintenant un aspect essentiel de notre vie quotidienne, et il est important que tout le monde ait une culture numérique. Les compétences numériques sont utilisées pour communiquer ou entrer en contact avec d'autres personnes, chercher un emploi, trouver des informations, travailler, étudier à distance et faire des affaires.

En Afrique subsaharienne (ASS), il y a une fracture numérique entre les hommes et les femmes de 43% en ce qui concerne l'accès à l'internet. Selon l'UNESCO, seulement 21% des femmes de Kampala et 20% des femmes de Nairobi utilisent internet, comparé à 61% et 57% des hommes, respectivement. Cette disparité est due à des facteurs tels que le manque de compétences numériques, un accès médiocre à internet, des normes sociales et des stéréotypes discriminatoires, et le coût élevé des données et des appareils.

L'économie numérique de l'Afrique se développe rapidement. La Société financière internationale (IFC) estime que 230 millions d'emplois en Afrique subsaharienne nécessiteront des compétences numériques d'ici 2030, et près de 65% des personnes recrutées pour des emplois dans les entreprises africaines nécessitent au moins des compétences numériques de base. Une expansion rapide, si elle n'est pas ciblée pour l'équité, peut entraîner un élargissement des écarts entre les différentes sections de la société. Les femmes sans compétences numériques de base continueront de rencontrer des obstacles pour accéder à des emplois et développer leur indépendance financière.  Il est bien établi que les rendements du marché du travail pour les femmes ayant des compétences en TIC sont plus élevés que les rendements générés par d'autres compétences, et le coût de maintenir les femmes et les filles hors ligne est estimé à environ 1 milliard de dollars. Fournir des compétences numériques aux filles et aux femmes est manifestement ce qu’il y a de plus intelligente à faire !

Accroître le niveau d'éducation contribue à réduire la fracture numérique.

À chaque niveau d'éducation atteint par les filles et les femmes, l'écart entre les genres en matière de compétences numériques diminue. L’obtention d’un diplôme de l’éducation supérieure conduit à un accès et une utilisation d'internet plus équitables chez les femmes - environ 80% des diplômées de l'enseignement supérieur utilisent internet.

Malheureusement, la plupart des filles n'achèvent pas un cycle complet d'éducation de base. Seul un tiers des filles et des garçons africains en âge d'être scolarisés le sont actuellement dans l'enseignement secondaire, ce qui est nettement inférieur à la moyenne mondiale nette de 66%. L'inadéquation de l'infrastructure physique et numérique constitue un obstacle important à un accès équitable à l'éducation. Avec la plus grande part de la population mondiale hors de l'école, en particulier des filles, l'Afrique subsaharienne aura du mal à gérer et à capitaliser ses investissements dans l'expansion de l'économie numérique. Il est essentiel de doter les filles et les garçons de compétences fondamentales en matière d'alphabétisation, de numératie et de compétences numériques pour permettre à l'Afrique subsaharienne de réaliser véritablement son programme de transformation numérique.

Les filles ont besoin d'un soutien plus fort pour surmonter les défis socio-économiques cumulatifs afin de passer au-delà des niveaux d'éducation de base. Leur participation et leur maintien dans des formations supplémentaires ou des opportunités d'emploi en sciences, technologies, ingénierie et mathématiques (STEM) sont encore plus difficiles. Dans certains pays d'Afrique subsaharienne, de plus en plus de femmes poursuivent des carrières en STEM. Elles représentent plus de 30% des diplômées en STEM (la moyenne mondiale) au Cap-Vert, au Rwanda et à Madagascar ; tandis qu'au Ghana, au Mozambique et au Niger, elles représentent 20% ou moins. Cependant, même lorsque les femmes obtiennent leur diplôme, il y a un "effet d'évaporation" car elles sont plus susceptibles que les hommes de quitter les carrières en STEM une fois sur le marché du travail.

Alors, que peut-on faire ?

Pour soutenir les filles et les jeunes femmes en Afrique subsaharienne, nous proposons quelques recommandations politiques qui peuvent encourager leur participation à la formation aux compétences numériques :

Commencer tôt : La recherche montre que les changements dans l'auto-efficacité des filles en matière de compétences numériques se produisent au niveau primaire supérieur et deviennent plus prononcés au fur et à mesure qu'elles progressent dans l'enseignement secondaire. Il est donc essentiel d'encourager les filles à s'intéresser aux TIC et à les utiliser dès leur plus jeune âge.

Être holistique : Pour encourager les filles dans les TIC, une approche globale est nécessaire. Cela implique d'aligner différents composants tels que la formation des enseignants, les campagnes de communication et de plaidoyer, le soutien à l'éducation continue, l'accès à l'équipement et à l'infrastructure adéquats et l'implication de l'écosystème plus large, y compris le secteur privé. C'est parce que changer les mentalités est une entreprise complexe qui nécessite l'implication de la communauté, des parents, des enseignants et des élèves eux-mêmes. Les composants suivants sont critiques:

  • Enseignants : Des modules de sensibilisation au genre devraient être inclus dans le développement professionnel des enseignants et leur formation continue sur les compétences numériques pour traiter toute pratique d'exclusion qui pourrait affecter les filles. Par exemple, les enseignants devraient allouer un temps égal avec les dispositifs pour les garçons et les filles. De plus, il convient d'encourager la présence de plus de femmes enseignantes en STEM aux niveaux secondaire et tertiaire.
  • Communications : Les campagnes et la sensibilisation devraient cibler les filles et leur famille pour susciter l'intérêt pour les STEM et expliquer les énormes opportunités disponibles pour les filles. Elles devraient mettre l'accent sur l'utilisation concrète et les avantages tangibles des compétences numériques, aborder les préoccupations et les craintes, et souligner comment les compétences numériques peuvent aider à augmenter la sécurité des filles en ligne.
  • Éducation supérieure, STEM et emplois : L'autonomisation des filles par des transferts d'argent, le paiement des frais aux niveaux inférieurs et l'octroi de bourses aux niveaux supérieurs ont eu un impact positif. Au niveau postsecondaire et au-delà, de solides mentors et réseaux favorisent la persistance dans les domaines STEM chez les diplômées. Les modèles fournissent des exemples de réussite auxquels les filles et les jeunes femmes peuvent aspirer, en constatant que quelqu'un de leur communauté ou de leur région poursuit cette voie professionnelle.
  • Accès à l'équipement et à l'infrastructure appropriés : Les écoles dotées de laboratoires, de dispositifs, de supports d'apprentissage (y compris des bibliothèques numériques) où les filles et les garçons peuvent apprendre de manière engageante et collaborative sont nécessaires.
  • Engagement avec l'écosystème au sens large : Le secteur privé peut jouer un rôle important en apportant un soutien financier (pour les appareils et les infrastructures), en promouvant les communautés de pratique et en fournissant des informations que les pays peuvent utiliser pour réduire l'inadéquation des compétences. En outre, au niveau gouvernemental, une approche multisectorielle devrait être poursuivie, impliquant les secteurs des TIC et de l'énergie.

Aujourd'hui marque la Journée des filles dans les TIC. Le thème de cette année, "Compétences numériques pour la vie", nous donne l'opportunité de travailler à la réduction de la fracture numérique entre les genres pour s'assurer que les femmes ne sont pas laissées pour compte. Pour aider des millions de femmes comme Akalisa à atteindre leur plein potentiel et réussir dans leur carrière, nous devons donner la priorité aux programmes d'éducation et de formation qui autonomisent les femmes et les filles avec les compétences numériques dont elles ont besoin pour prospérer dans un paysage numérique en rapide évolution. Cela les soutiendra dans les secteurs intensifs en TIC ou en STEM ou leur donnera un avantage considérable dans n'importe quel autre domaine qu'elles peuvent choisir de poursuivre. En agissant ainsi, nous pouvons libérer le potentiel de millions de femmes et contribuer à construire une société plus inclusive et équitable. La promesse de l'éducation pour un avenir meilleur et l'accès à davantage d'opportunités pour les filles sont en jeu. 

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Nous remercions tout particulièrement Sarah Helena Ady Kleinmann pour la version française


Auteurs

Maria Barron

Co-responsable de l’équipe EdTech de la Banque mondiale

Alex Twinomugisha

Senior Education Technology Specialist

Huma Kidwai

Senior Education Specialist, leading basic education and women empowerment projects in Rwanda and Somalia

Ekua Nuama Bentil

Spécialiste senior en éducation, Banque mondiale

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