Le lancement du Projet pour le capital humain est venu mettre en lumière l’importance des investissements dans les connaissances, les compétences et la santé des populations, en somme dans ce que chaque individu accumule tout au long de sa vie pour réaliser son potentiel et devenir un acteur productif de la société. En révélant l’ampleur et les conséquences des déficits de capital humain, cette initiative a provoqué une mobilisation mondiale et poussé les pays à l’action.
L’éducation joue un rôle déterminant pour permettre aux jeunes de réaliser leur potentiel, ce qui exige d’améliorer l’accès à l'éducation à la fois sur le plan quantitatif et qualitatif. À cet égard, l’enseignement des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques (STIM) est fondamental, non seulement pour répondre aux besoins de main-d’œuvre de demain, mais aussi pour former des chercheurs et des innovateurs qui contribueront à résoudre des problèmes a priori insolubles.
À l’échelle mondiale, la parité dans l’enseignement primaire est un progrès remarquable de ces dernières années, qu’il s’agisse de scolarisation ou d’achèvement des études. Si des écarts entre les sexes subsistent dans certains pays à faible revenu, principalement en Afrique subsaharienne, les disparités s’inversent dans quelques pays d’Amérique latine (a), où les garçons ont moins de chances de fréquenter et d’achever l’école primaire. Globalement, les écarts filles-garçons (quand ils existent) sont faibles en comparaison avec les fossés entre pays riches et pays pauvres.
À l’école primaire, il n’y a pas de différence entre les sexes dans les résultats en sciences dans plus de la moitié des 47 pays où les performances sont mesurées (figure 1), et les filles obtiennent de meilleures notes que les garçons dans 26 % des pays. L’écart de résultats est presque trois fois plus élevé quand les filles réussissent mieux que les garçons, comparé à celui qui existe quand les garçons ont de meilleures notes que les filles. En mathématiques, la situation est similaire : il n’y a pas de différence entre les sexes dans la moitié environ des pays étudiés, mais les garçons obtiennent de meilleurs résultats que les filles dans 37 % des pays.
Figure 1 : À l’école primaire, les filles réussissent aussi bien que les garçons en sciences et en mathématiques
Dans l’enseignement secondaire, les taux de scolarisation et d’achèvement des études sont plus faibles et les écarts en fonction du revenu des pays se creusent, mais les tendances globales sont similaires.
C’est en Afrique subsaharienne que le taux d’achèvement du premier cycle du secondaire est le plus faible (43 %), alors qu’au moins deux tiers des enfants terminent ce cycle dans les autres régions. L’Afrique subsaharienne présente également le plus grand écart entre les sexes, 46 % des garçons achevant le premier cycle de l’enseignement secondaire contre 41 % des filles. La situation est inverse en Amérique latine, où ces taux présentent un écart de 5 points de pourcentage en faveur des filles.
Dans le secondaire, les données de la moitié environ des pays couverts ne montrent aucune différence entre les sexes dans les résultats en sciences. Les filles obtiennent de meilleurs résultats que les garçons dans 36 % des pays et, le cas échéant, cet écart est 2,5 fois plus élevé que celui observé quand les garçons réussissent mieux que les filles. En mathématiques, les filles réussissent aussi bien que les garçons (figure 2).
Figure 2 : Dans le secondaire, les filles réussissent aussi bien que les garçons en mathématiques et en sciences
C’est dans l’enseignement supérieur que le déséquilibre hommes-femmes dans les filières STIM est flagrant . Dans le monde, il y a plus de femmes que d’hommes inscrits à l’université (112 femmes pour 100 hommes) et les taux d’obtention de diplômes sont plus élevés chez les femmes. L’Afrique subsaharienne fait toutefois figure d’exception : outre le très faible taux de poursuite des études au-delà du secondaire en général, les femmes sont encore moins nombreuses à s’inscrire à l’université (8 % contre 11 % pour les hommes).
Mais alors que les femmes, à l’échelle mondiale, affichent des taux plus élevés d’inscription et d’obtention de diplômes que les hommes, elles sont moins susceptibles de se spécialiser dans des disciplines scientifiques (figure 3). Seules 7 % d’entre elles s’orientent vers les filières d’ingénierie, contre 22 % des hommes. Et parmi les étudiants en technologies de l’information et de la communication (TIC), 28 % sont des femmes et 72 % sont des hommes.
L’écart entre les sexes dans les filières STIM augmente avec le niveau de revenu (figure 4). Ainsi, dans les pays à faible revenu, l’écart entre les hommes et les femmes est de 9 points de pourcentage dans les formations de la filière « Ingénierie, industrie et construction ». Dans les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure et les pays à revenu élevé, la différence s’élève, respectivement, à 15 et 17 points de pourcentage. On observe une tendance similaire, mais avec des écarts moins importants, dans les filières des TIC.
Paradoxalement, dans les pays où les écarts entre les sexes en ce qui concerne le capital humain et les possibilités économiques sont plutôt faibles, les femmes sont moins susceptibles de choisir les métiers des STIM.
À l’échelle mondiale, les femmes ont moins de chances que les hommes d'intégrer la main-d'œuvre scientifique et sont plus susceptibles de la quitte r. Cela s’explique en partie par le fait que moins de femmes que d’hommes choisissent d’étudier ces disciplines, mais aussi par la composition de la population active. La parité en matière de scolarisation et d’achèvement des études est très récente, de sorte que le vivier actuel de femmes actives est composé des femmes qui pouvaient aller à l’école à l’époque où les filles étaient beaucoup moins scolarisées. Bien que des progrès importants aient été faits, l’évolution du profil des étudiants et des professionnels des STIM ne sera pas rapide, car elle dépend à la fois de la quantité et de la qualité de l’éducation.
Par ailleurs, les raisons pour lesquelles les femmes sont moins nombreuses à s’orienter vers les filières STIM sont complexes et doivent encore être analysées en détail. Les résultats des filles en sciences et en mathématiques n’expliquent pas les écarts observés dans l’enseignement supérieur ou sur le marché du travail. La faible représentation des femmes dans les métiers scientifiques trouverait donc en partie son origine dans différents facteurs individuels, communautaires et sociétaux. Parmi ces facteurs figurent notamment la perception individuelle des thématiques liées aux STIM et le sentiment d’efficacité personnelle, mais aussi l’existence de réseaux et de systèmes sociaux, de règles, de règlements, de stéréotypes et de normes qui définissent les professions traditionnellement « féminines » ou « masculines ».
À l’évidence, il reste beaucoup à faire pour intensifier la représentation des femmes dans des domaines scientifiques habituellement considérés comme réservés aux hommes. Néanmoins, agir de façon « précoce » sur deux fronts pourrait renforcer la confiance en elles des femmes et des filles, et par conséquent avoir un impact réel sur l’augmentation de la part des femmes dans les domaines des STIM : leur permettre d’acquérir une expérience concrète pendant leurs études et leur faire découvrir la réussite exemplaire de femmes exerçant ces métiers.
Consultez notre portail de données sur le genre et l’égalité entre les sexes (a) pour mieux connaître la situation des filles dans les domaines des sciences et de la technologie.
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