Rallier le secteur privé pour qu'il contribue à la création d'infrastructures résilientes au changement climatique et à la réalisation des objectifs de développement en général n'est pas chose aisée. Pour atténuer la pauvreté et atteindre les objectifs de développement durable, il faut des infrastructures adaptées, efficaces et résistantes. En d'autres termes, il faut produire de la connectivité, de l'énergie, des ports, des routes, des réseaux de transport urbain et des voies fluviales, tout en maîtrisant l'empreinte environnementale de ces infrastructures. La réussite de notre mission exige de relier les entreprises, les gouvernements, et la société civile, mais aussi de prendre en compte les risques pour le milieu naturel et les communautés locales.
Mobiliser le secteur privé est indispensable pour bien comprendre les technologies, innovations et outils financiers à déployer et à démultiplier pour produire un changement à échelle. Nous avons tout à gagner de l’engagement résolu des acteurs du secteur privé prêts à promouvoir un développement durable et à faire preuve de responsabilité sociétale et environnementale.
C'est particulièrement le cas en Afrique, où des conditions climatiques extrêmes, une urbanisation rapide et la pollution dégradent les milieux côtiers, empêchent le développement local. De plus, les problèmes liés à la mal gouvernance entravent la compétition entre acteurs du secteur privé.
En Afrique de l'ouest, plus de la moitié du PIB est générée par les zones du littoral. La prédominance de l’économie côtière est alarmante si on se rapporte aux projections de la Banque mondiale. En effet, celles-ci prévoient que d’ici 2050, l’Afrique de l'ouest devra faire face à : l’ élévation du niveau de l'océan de 0,6 mètre ; l’inondation de 5 500 kilomètres carrés de côte ; l’ incidence accrue des précipitations extrêmes ; et l’augmentation de 2°C de la température moyenne. Ceci se matérialisera par des villes et des villages entiers submergés, sans compter la disparition d’ habitations et d’infrastructures telles que bureaux, commerces, dispensaires, écoles et points d’eau.
Pour préserver les moyens de subsistance sur le littoral et aider les pays à accélérer leur développement, il faut mettre en place des infrastructures climato-résilientes et se préparer à gérer les risques de catastrophe . Nous devons aussi compter sur la nature, par exemple en tirant parti des mangroves et des zones humides pour lutter contre l’érosion côtière et les inondations. Et ce, sans attendre.
Comment, dans de brefs délais, relever de tels défis et aider les secteurs public et privé à jouer leurs rôles respectifs ? Par la collaboration avant tout. Piloté par la Banque mondiale, le Programme de gestion du littoral ouest-africain (WACA) est un exemple de démarche visionnaire. Conçu pour transformer les conditions de vie des populations côtières, WACA réunit des partenaires qui apportent leurs fonds, leurs connaissances et un esprit de dialogue fructueux. Car nul ne saurait de manière isolée enrayer l'érosion côtière, ni l'élévation du niveau des eaux, ni la pollution, freins à une croissance durable.
Le programme WACA et le pôle d'expertise en Financement des infrastructures, partenariats public-privé et garanties (IPG) de la Banque mondiale ont récemment mis leurs forces en commun. Cette collaboration met à profit l'expérience financière de l'IPG en matière de rapprochement public-privé, en l’appliquant à l’enjeu spécifique du développement durable des zones côtières.
Nous ne saurions souligner assez la nécessité d’aménager des infrastructures vertes, grises et hybrides, essentielles pour la protection du littoral et sa préservation (fixation des dunes, restauration des mangroves, rechargement des plages...). C'est pourquoi l'IPG a soutenu le récent l’ appel à innovation lancé dans le cadre du programme WACA afin de promouvoir des solutions en faveur d’un développement portuaire durable. Ce projet a été rendu possible grâce au Fonds nordique de développement, partenaire de la Banque mondiale en matière de lutte contre le changement climatique et de développement, et au Partenariat pour l'investissement dans des infrastructures de qualité (QII). Établi au sein de l'IPG et financé par le Japon, QII a pour objectif de promouvoir la qualité des infrastructures dans les pays en développement.
En effet, la construction d'infrastructures côtières, en l'absence d’une planification clairvoyante et d’une prévision de leur impact, est un facteur manifeste d'érosion : les conséquences peuvent se manifester jusqu'à 50 kilomètres en aval. Par exemple, la construction du barrage hydroélectrique d'Akosombo au Ghana a modifié la dynamique du littoral togolais, avec une réduction du flux sédimentaire, un recul accéléré des terres et la destruction de villages et de plantations.
Bouclé en fin novembre 2020, l’appel à innovation a produit des idées novatrices, notamment celles des trois lauréats :
- WAC-App, outil interactif d'étude des conséquences environnementales des infrastructures côtières (HKV et IHE Delft Institute for Water Education)
- Trans-Sand, système de gestion transnational des sédiments financé par un fonds public-privé pour le dragage (Egis, Deltares et Finance for Impact)
- SA-POD, approche systémique intégrée pour le développement portuaire (Witteveen+Bos, CDR International, Boskalis, PENAf et Wetlands International)
L'IPG et WACA se sont engagés à coopérer pour accroître la faisabilité de ces innovations et réaliser en amont des analyses de rentabilité sur des partenariats public-privé. L'IPG a en outre, proposé son aide aux pays et partenaires pour mobiliser des fonds auprès du secteur privé. Le but de l’IPG est non seulement de stimuler les idées innovantes, mais aussi et surtout de les reproduire.
Un futur engagement considéré par l’lPG est le «WACA Marketplace » qui lui permettra d’agir de promouvoir le développement des projets PPP pour la résilience côtière, et à répondre aux demandes des pays ainsi que investisseurs privés.
Par ces actions, nous espérons maximiser l'impact positif des infrastructures, augmenter leur efficacité économique et intégrer les enjeux du développement durable dans les investissements. Ceci nous permettra de transformer de façon effective les conditions de vie des communautés côtières.
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