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Des systèmes de santé solides sont indispensables pour assurer la distribution des vaccins anti-COVID

Une femme se faisant vacciner (Ghana). Photo : © Curt Carnemark / Banque mondiale Une femme se faisant vacciner (Ghana). Photo : © Curt Carnemark / Banque mondiale

Lors des Assemblées annuelles virtuelles de la Banque mondiale, le mois dernier, la pandémie de coronavirus et ses conséquences sur notre quotidien et les économies du monde entier étaient au centre de tous les débats. La table ronde sur la santé dans le monde a abordé la question des investissements à consentir pour fournir des vaccins contre la COVID-19 et renforcer les systèmes de soins de santé primaires.

À ce moment-là, le nombre des infections dans le monde avait déjà franchi la barre des 41 millions, tandis que l’on déplorait plus d’un million de morts. Et une deuxième vague pandémique était en train de se propager à l’ensemble de la planète. Selon des estimations de la Banque mondiale, la pandémie devrait faire basculer jusqu’à 150 millions d’individus dans l’extrême pauvreté d’ici la fin 2021. 

C’est dans ce contexte marqué par l’urgence que notre table ronde a réuni plus d’une vingtaine de ministres de pays en développement et de responsables d’agences des Nations Unies et d’organisations sanitaires internationales. Le constat a été unanime : la priorité absolue pour la planète consiste à accélérer la mise au point et la distribution de vaccins à même de contrôler la propagation du virus. Parallèlement, nous devons garantir un accès équitable aux vaccins, en particulier pour les pays les plus pauvres qui manquent de moyens pour les acquérir et les distribuer. 

Aider les pays les plus démunis à combattre la COVID-19 et renforcer la résilience

Chaque être humain, où qu’il vive, a droit à une protection sanitaire. En cas de pandémie, personne n’est totalement à l’abri tant que nous ne sommes pas tous protégés. D’accord sur ces points, les participants à la table ronde virtuelle ont souligné néanmoins l’immensité du défi pour garantir une distribution juste et équitable du vaccin dans les pays et aux populations pauvres.

Le Groupe de la Banque mondiale est déterminé à faire son maximum. Pendant les Assemblées, le président David Malpass a rappelé l’annonce d’une enveloppe de 12 milliards de dollars afin d’aider les pays à financer l’achat et la distribution de vaccins, de tests et de traitements contre le nouveau coronavirus. Cette initiative, d’une ampleur sans précédent s’agissant des financements de la Banque dans le secteur de la santé, vient s’ajouter aux opérations d’urgence déjà en cours dans plus de 100 pays. En mobilisant les ressources de la Banque mondiale, d’IFC et de la MIGA, le Groupe entend débloquer 160 milliards de dollars d’ici la mi-2021 afin d’accompagner la riposte des pays à revenu faible et intermédiaire pour atténuer les conséquences sanitaires, économiques et sociales de la pandémie. 

Au-delà de ces mesures d’urgence, nous devons aider les pays à renforcer leur résilience. Notre nouveau fonds fiduciaire multidonateurs pour la préparation et la réponse aux situations sanitaires d’urgence (le HEPRF, selon l’acronyme anglais) peut ainsi soutenir les efforts visant à mieux anticiper de futures pandémies, même pour les pays n’ayant pas accès à nos financements habituels. Le fonds vient ainsi de valider sa première opération en faveur du Soudan (a), grâce à des partenaires donateurs que nous tenons à remercier : le Japon, pour avoir pris l’initiative de créer ce fonds, et le Royaume-Uni, qui assure une assistance technique.

Renforcer les systèmes de santé et les soins primaires

La distribution rapide et équitable des vaccins va exiger un niveau de collaboration inédit . Plusieurs intervenants ont souligné la nécessité de disposer d’une infrastructure d’approvisionnement solide — systèmes de transport, logistique et congélateurs à très basse température notamment — pour acheminer les vaccins et les traitements, y compris en s’appuyant sur des technologies numériques et des systèmes d’information innovants. Le secteur aéronautique aura un rôle particulièrement crucial à jouer car, comme le remarquait un intervenant, « les vaccins ne vont pas se livrer tout seuls ».

Le renforcement des systèmes de soins de santé primaires est depuis longtemps au cœur des interventions de la Banque mondiale dans les pays en développement. Aujourd’hui, leur résilience sera décisive pour distribuer les vaccins et veiller au maintien d’autres services essentiels pendant la pandémie, en particulier en matière de santé maternelle et infantile. Selon de premières estimations, la limitation de l’accès aux services de santé et aux denrées alimentaires pourrait faire bondir la mortalité infantile de 45 %.

De l’avis de tous les ministres participant à la table ronde, la riposte à la pandémie de COVID-19 doit privilégier les soignants, les agents communautaires et les autres populations à risque,  de même qu’il faut impérativement garantir l’accessibilité financière des vaccins en résolvant les problèmes de paiement et d’accès.

Et de souligner la difficulté de lever suffisamment de ressources financières intérieures à la fois pour assumer le coût abyssal de la lutte contre la pandémie et pour renforcer les systèmes de santé en vue de futures flambées épidémiques. À travers l’IDA, la Banque mondiale s’emploie à apporter des investissements critiques et une assistance technique aux pays les plus pauvres. Elle réalise aussi des examens des dépenses publiques afin d’en renforcer l’efficacité. La coopération des donateurs internationaux continuera d’être vitale pour garantir des financements et un accompagnement opportuns.

Les participants ont noté que la collaboration du secteur privé sera déterminante pour fabriquer les vaccins et les distribuer dans les pays en développement.  IFC, la branche du Groupe de la Banque mondiale dédiée au secteur privé, a annoncé la constitution d’une plateforme sanitaire mondiale de 4 milliards de dollars afin d’accélérer la production de vaccins et de traitements contre la COVID-19 dans les économies avancées comme dans les pays en développement — et veiller à ce que les marchés émergents y aient accès. IFC s’est associée également à la Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies (CEPI) dans le but d’identifier les capacités de production de vaccins et les points de blocage.

Lutter contre la désinformation

Les participants ont souligné leur préoccupation face à la circulation de fausses informations, la propagation de rumeurs et le sentiment de scepticisme que suscitent les vaccins anti-COVID et la vaccination en général. Ils sont convenus de la nécessité d’organiser des campagnes de communication à l’échelle nationale et des communautés pour dissiper la montée de la défiance vis-à-vis des vaccins et mieux apprendre aux gens à se protéger, eux et leurs familles.  Pour communiquer des informations correctes, il faut notamment s’appuyer sur les responsables communautaires et religieux dont la parole inspire confiance.

Travailler en partenariats et investir dans un redressement résilient

L’efficacité de la lutte contre la pandémie est conditionnée à la solidité des partenariats et à la coopération, au sein de chaque pays et entre régions. Le Groupe de la Banque mondiale travaille à une échelle inédite avec un large éventail de partenaires internationaux, y compris des donateurs bilatéraux, des banques multilatérales de développement, des agences des Nations Unies, des fondations, des organisations sanitaires, le secteur privé et la société civile.

Le Groupe de la Banque mondiale collabore ainsi avec le dispositif pour accélérer l’accès aux outils de lutte contre la COVID-19 (Accélérateur ACT), une initiative mondiale dont l’objectif est d’accélérer la mise au point et la distribution de tests, de traitements et de vaccins ; il soutient également le mécanisme COVAX mis en place par l’alliance Gavi, l’OMS et la CEPI. Convaincu de l’intérêt d’un mécanisme de partage des risques pour garantir l’accès aux vaccins, il continuera de collaborer avec Gavi et d’autres partenaires pour affiner le dispositif.

Le cheminement vers un redressement résilient nécessitera des investissements massifs dans tous les pays, mais également des engagements et un soutien financier durable de la communauté internationale. Pour reconstruire en mieux, il faudra engager des réformes ambitieuses et mener des politiques qui permettent de dégager des marges de manœuvre budgétaire et d’investir plus et mieux dans la santé  et la préparation aux risques de pandémie. Face au choc sans précédent subi par le capital humain des pays, nous devons aussi assurer la continuité de l’apprentissage des enfants, améliorer l’accès au numérique et accélérer la création d’emplois.

Le Groupe de la Banque mondiale se met en ordre de bataille pour aider les pays en développement à affronter cette crise et jeter les bases d’un redressement plus résilient et inclusif.


Auteurs

Muhammad Ali Pate

Directeur mondial Santé, nutrition et population à la Banque mondiale | Directeur du Le Mécanisme de Financement mondial pour les femmes, les enfants et les adolescents (GFF)

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