Publié sur Opinions

L’indice du capital humain fait déjà bouger les lignes

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Des élèves de l'école primaire Zanaki à Dar es Salaam, Tanzanie. © Sarah Farhat/Banque mondiale

Il est là, enfin !

Le 11 octobre 2018, le Groupe de la Banque mondiale a dévoilé son tout premier indice du capital humain, un nouvel outil qui mesure la contribution de la santé et de l’éducation à la productivité de la prochaine génération d’un pays.

Cet indice cherche à répondre à la question suivante : « Quel capital humain un enfant né aujourd’hui est-il susceptible d’atteindre d’ici ses 18 ans, compte tenu des risques liés à la médiocrité des services de santé et d’éducation dans son pays ?  ». À l’échelle mondiale, 56 % des enfants nés aujourd’hui seront privés de plus de la moitié de leurs revenus potentiels à l’âge adulte.  Pourquoi ? Parce que les États et autres parties prenantes ne consentent pas les investissements nécessaires pour se doter d’une population éduquée, résiliente et bien portante, prête pour le monde du travail de demain.


Outre l’indice du capital humain, le Projet pour le capital humain du Groupe de la Banque mondiale s’appuie sur deux autres piliers pour susciter l’adoption de mesures urgentes : la recherche et les évaluations d’une part, et l’accompagnement des pays d’autre part.

Deux mois se sont écoulés depuis la présentation de l’indice du capital humain à Bali, lors des Assemblées annuelles du Groupe de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international, et voici en quelques lignes les premiers progrès accomplis :  

  1. De plus en plus de pays adhèrent au Projet pour le capital humain. Pour préparer le lancement de l’indice, la Banque mondiale a travaillé avec 28 « pays pionniers » et, dans la foulée de l’événement de Bali, 11 autres pays ont rejoint le Projet au cours des dernières semaines. La première vague de pays a désigné un référent de haut niveau au sein du gouvernement – généralement au cabinet du Premier ministre, au ministère des Finances ou de la Planification –, capable de mobiliser et de coordonner l’action « pangouvernementale » en faveur du Projet pour le capital humain. Chaque pays a en outre élaboré une présentation générale des défis et des objectifs stratégiques qui lui sont propres dans ce domaine.
  2. Les pays utilisent l’indice du capital humain pour détecter et évaluer les disparités sur leur territoire. Au Pérou, la Banque mondiale travaille avec ses interlocuteurs du gouvernement pour reproduire la méthodologie de l’indice du capital humain (a) à l’échelon infranational afin de mieux appréhender les écarts entre régions. Quand les données sur les cinq composantes de l’indice sont disponibles aux niveaux de désagrégation pertinents pour un pays (régional, niveau de revenu, etc.), le calcul de l’indice est relativement simple. Et le gouvernement péruvien estime qu’une version régionale mettra en évidence les variations importantes à l’intérieur du pays et permettra ainsi des interventions politiques plus ciblées et adaptées. Des coopérations similaires sont en cours dans de nombreux autres pays, dont la Guinée, le Malawi, le Mali, le Niger et le Sri Lanka.
  3. Les pays expérimentent une démarche « pangouvernementale ». En novembre, l’Arménie et la Géorgie ont ainsi organisé des discussions interministérielles de haut niveau sur le Projet pour le capital humain et sur leurs orientations respectives en tant que pays membre du réseau. Que ce soit à Tbilissi ou à Erevan, ces événements étaient présidés par le vice-premier ministre et ont rassemblé des représentants des ministères des Finances, de l’Économie, du Travail, de la Santé, des Affaires sociales, de l’Éducation et des Sciences. Ensemble, ils ont réfléchi aux priorités nationales en matière de capital humain qui avaient été préparées pour Bali et ils ont défini les modalités de travail, les rôles et les responsabilités interministériels pour les prochaines étapes.
  4. La société civile participe au débat. En Pologne, l’indice du capital humain a fait la une du plus grand quotidien consacré à l’économie et à la politique, Dziennik Gazeta Prawna, et il a été expliqué sur TVP, l’un des principaux journaux télévisés du soir qui rassemble en moyenne deux millions de téléspectateurs. Grâce à cette médiatisation, les citoyens, les familles, les employeurs et les organisations non gouvernementales peuvent participer aux discussions sur le capital humain et son importance pour le pays. Par ailleurs, fin octobre, le Partenariat mondial pour la responsabilité sociale (GPSA) (a) a placé le forum 2018 des partenaires mondiaux du GPSA sous le thème « Money Matters: Public Finance and Social Accountability for Human Capital » (La finance publique et la responsabilité sociale au cœur des investissements dans le capital humain). Des centaines de responsables de terrain et d’influenceurs de la société civile, de représentants du monde politique, universitaire et des affaires se sont réunis à Washington pour réfléchir au rôle essentiel que joue la responsabilité sociale dans l’élaboration des politiques budgétaires et la mise en œuvre d’un programme de développement du capital humain. Enfin, début décembre, le Groupe de la Banque mondiale a accueilli le Sommet de la jeunesse 2018, dont le slogan était « Libérer le potentiel du capital humain ». L’événement a rassemblé 400 jeunes de 117 pays et plus de 10 000 personnes ont suivi les débats en ligne pour réfléchir à la façon dont les jeunes peuvent maximiser leur capital humain et celui d’autres personnes tout au long de leur vie.
  5. Des dirigeants de haut niveau apportent leur soutien au Projet. De nombreux dirigeants du monde entier ont cosigné une lettre ouverte au monde pour appeler au développement du capital humain, publiée par le Financial Times le 11 octobre. Le président du Groupe de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, a récemment participé au Festival de Global Citizen (a) à Johannesburg, en Afrique du Sud, pour inciter les citoyens à demander à leurs dirigeants de donner la priorité aux investissements dans la population. Il a aussi annoncé l’engagement du Groupe de la Banque mondiale d’investir un milliard de dollars supplémentaire dans la santé et l’éducation en Afrique au cours de l’année prochaine.

Et ce n’est qu’un début ! Si vous avez connaissance d’actions menées dans ce domaine ou si vous avez des idées à proposer au Projet pour le capital humain, n’hésitez pas à nous contacter : humancapitalproject@worldbank.org.  


Auteurs

Jason Weaver

Senior Economist, Education Global Practice

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