L’art est la reine de toutes les sciences, qui transmet le savoir à toutes les générations du monde. — Léonard de Vinci
Les scientifiques savent de mieux en mieux prévoir l’arrivée d’un ouragan, un glissement de terrain imminent ou une prochaine inondation, toutefois la communication scientifique sur ces catastrophes n’est pas à la hauteur des progrès. Selon Léonard de Vinci, l’art possède le pouvoir inégalé de communiquer ce type de savoirs à tous les peuples du monde.
Les événements naturels et les catastrophes passées (a) ont influencé certaines des œuvres artistiques les plus emblématiques de notre histoire. Ainsi, les couchers de soleil de Turner (a) comme le Frankenstein de Mary Shelley ont vu le jour peu après la plus grande éruption volcanique connue, celle du Mont Tambora en 1815. La Grande vague de Kanagawa (autour de 1829-1833), du peintre japonais Hokusai, a été interprétée comme une mise en garde contre le risque de tsunami. À une époque où les risques naturels et les changements climatiques s’amplifient, l’art peut aussi nous informer sur les risques futurs qui nous menacent.
L’art peut provoquer dans le public une réflexion sur les risques de catastrophes et la résilience que la science, les données et les chiffres ne pourraient inspirer. C’est pourquoi le Laboratoire d’innovation de la Facilité Mondiale pour la Prévention des Risques de Catastrophes et le Relèvement (GFDRR) (a) et le Programme artistique du Groupe de la Banque mondiale lancent un appel à projets mondial (a) en vue d’une prochaine exposition intitulée L’Art de la résilience. La poésie, la peinture, la photographie, la musique et les spectacles savent nous raconter des histoires qui franchissent les barrières culturelles et renforcent l’empathie envers les communautés aux prises à des menaces grandissantes en raison des risques et des changements climatiques. Les émotions véhiculées par l’art peuvent transmettre un sentiment d’urgence pour prévenir les catastrophes et s’y préparer.
Nous avons déjà observé que l’art peut rassembler, lancer des débats et être source d’espoir et de motivation pour les populations du monde entier. L’an dernier, en marge des événements FOSS4G et Understanding Risk Tanzania (a), de jeunes artistes tanzaniens ont participé à un concours de fresques murales sur le thème des risques et de la résilience. Nickson Jeremiah, un artiste autodidacte de 19 ans vivant au nord de la Tanzanie, s’est rendu à Dar es-Salaam pour prendre part au concours et il a remporté le deuxième prix. Nickson Jeremiah avait remarqué que les bouleversements du climat affectaient surtout les femmes de son village, qui parcourent de longues distances pour aller chercher de l’eau, ramasser du bois de chauffage, tout en prenant soin de leur famille. Son œuvre, inspirée par tous ces défis que doivent relever les femmes, représente une jeune femme tenant délicatement dans ses mains la ville de ses rêves.
Les équipes du Laboratoire, en liaison avec le Centre climatique de la Croix-Rouge/Croissant-Rouge, ont exploité les possibilités de l’art pour communiquer sur les risques, notamment grâce à des DataSculptures , des œuvres en 3D qui traduisent les données numériques sur les catastrophes en formes avec lesquelles le public peut interagir, virtuellement ou physiquement. Ces sculptures invitent à un dialogue qui n’aurait probablement jamais eu lieu face à une matrice de données. L’artiste à l’origine de ces DataSculptures novatrices, Pablo Suarez, pense que « les artistes peuvent faire vivre des expériences qui vous poussent à vous engager, qui vous poussent à réfléchir ». L’une de ces DataSculptures (a) fait revivre toutes les catastrophes survenues dans le Pacifique au cours des 25 dernières années. Une autre sculpture représentant le volume des pluies qui arrivent au barrage de Nangbeto, au Togo, permet d’expliquer l’utilité des financements basés sur les prévisions pour faire face aux inondations. Une sculpture sur la Catalogne, en Espagne, est associée à la réalité augmentée pour retracer un siècle d’évolution de la population de cette région et le public peut ainsi, de façon tangible, observer les répercussions des guerres ou des changements politiques sur la population au fil du temps.
Dans cette vidéo, Simone Balog-Way, responsable de la communauté Understanding Risk (a), discute avec l’artiste Pablo Suarez du rôle de l’art dans la communication sur les risques de catastrophe et explique comment chacun peut participer.
Nous connaissons donc de nombreux exemples de créations innovantes qui incitent le public à s’arrêter, à réfléchir et à s’engager en faveur du climat et de la lutte contre les risques de catastrophe. Et nous attendons les vôtres ! L’exposition L’Art de la résilience, qui se tiendra au siège de la Banque mondiale en octobre 2019, présentera des formes d’art qui mettent en lumière, concrétisent ou renforcent la perception par la société des catastrophes et du changement climatique. Nous recherchons des œuvres représentatives d’une grande variété de démarches artistiques, et notamment :
- des pièces bi ou tridimensionnelles qui appellent à l’action en soulignant l’urgence de l’atténuation des conséquences des catastrophes et de l’adaptation aux modifications du climat, ou encore des créations qui imaginent un avenir d’espérances dans un monde frappé par ces bouleversements ;
- des œuvres de visualisation de données, car l’art des données est une forme émergente de la communication scientifique ;
- des projets d’art public, à savoir des œuvres conçues pour diffuser des connaissances sur les catastrophes et le changement climatique dans un contexte local ;
- des œuvres musicales ou scéniques, comme des ensembles de performances ou d’événements faisant appel au mouvement, au chant ou à l’expression musicale pour mettre en évidence l’immensité des risques climatiques et des catastrophes naturelles ;
- des programmes artistiques communautaires, c’est-à-dire des initiatives qui font participer le public à la production artistique pour soutenir la reconstruction après une catastrophe ou la gestion participative des risques de catastrophe
L’Art de la résilience cherche à réunir ceux qui savent, ceux qui agissent et ceux qui créent pour imaginer de nouvelles façons de réfléchir aux catastrophes. Joignez-vous à nous afin d’amplifier le mouvement qui utilise l’art pour communiquer sur les risques et favoriser la résilience. Merci de diffuser largement l’appel à projets aux artistes, aux designers et aux créateurs qui soutiennent cet objectif essentiel. Pour en savoir plus et pour proposer un projet avant la date limite (17 mai 2019), rendez-vous sur le site gfdrr.org/en/art-of-resilience (a).
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