Dans les pays à faible revenu, la reprise a marqué le pas en 2019, avec un taux de croissance revu à la baisse à 5,4 %. Un ralentissement de l’activité économique imputable à la fois à la situation internationale et à des facteurs nationaux. La conjoncture mondiale a ainsi été marquée par un essoufflement de la demande extérieure et un effritement des prix des matières premières, tandis que, localement, un certain nombre de pays ont souffert des effets de l'instabilité politique et des conséquences dévastatrices de conditions météorologiques extrêmes. En tablant sur un redressement sur le front des aléas climatiques et sur une stabilité renforcée, ainsi que sur des investissements soutenus dans l’infrastructure et la mise en œuvre de réformes visant à améliorer l’environnement des entreprises, la croissance devrait rester stable en 2020, avant de repartir à la hausse. Elle sera toutefois sensiblement plus faible dans les pays à faible revenu en situation de fragilité, de conflit et de violence. Ces prévisions sont en outre exposées à divers risques de dégradation : croissance inférieure aux anticipations chez les principaux partenaires commerciaux, vulnérabilité croissante liée au poids de l’endettement, montée de l'insécurité, fréquence accrue des catastrophes naturelles et crises sanitaires.
1. Remontée de la croissance après 2020, mais nettement plus faible qu’attendu
Le déclin prononcé de la croissance dans les États fragiles explique la contre-performance économique enregistrée par les pays à faible revenu en 2019. Ces derniers devraient parvenir à stabiliser leur taux de croissance à 5,4 % en 2020, puis à progresser jusqu’à 5,7 % en moyenne sur la période 2021-22. Ces projections reposent sur l'hypothèse d’une reprise dans les États fragiles à la faveur de conditions politiques plus stables (Afghanistan, Guinée-Bissau), d’une hausse des investissements dans de nouvelles capacités de production qui permettra de compenser la baisse de la demande extérieure (Mozambique, Tchad) et d’une activité dopée par les efforts de reconstruction (Mozambique). Ailleurs, la croissance sera tirée par des investissements publics soutenus dans l’infrastructure et par le dynamisme du secteur privé (Bénin, Ouganda, Rwanda). Dans des pays qui connaissent des taux d’inflation relativement bas (Malawi, Tanzanie), elle bénéficiera de l’assouplissement de la politique monétaire. L’Éthiopie, qui est la première économie parmi les pays à faible revenu, devrait en revanche enregistrer un ralentissement de sa croissance en raison d’un resserrement de sa politique budgétaire et monétaire ayant pour objectif de contenir l’inflation.
Croissance
2. Faibles perspectives de réduction de la pauvreté dans les pays fragiles
La croissance du revenu par habitant dans les pays à faible revenu devrait se stabiliser autour de 2,9 % en moyenne sur la période 2021-22. Un taux de progression qui ne suffira pas pour obtenir des avancées significatives sur le front de la pauvreté, sachant que la croissance n’est souvent pas inclusive dans ces pays et que sa traduction en termes de réduction de la pauvreté est faible. En outre, dans les pays fragiles, plus particulièrement, où les taux d'extrême pauvreté sont généralement plus élevés, les revenus par habitant ne devraient progresser que de 1 % à peine. Par conséquent, le nombre de personnes dans les pays à faible revenu qui vivent sous le seuil international de pauvreté (1,90 dollar par jour) va rester élevé et il est voué à augmenter dans les États fragiles.
Variation des taux d'extrême pauvreté dans les pays à faible revenu entre 2015 et 2020
3. Des risques de dégradation liés aux problèmes de viabilité de la dette
La dette publique des pays à faible revenu représentait en moyenne 55 % du PIB en 2019, soit une hausse de 19 points depuis 2013. Selon le cadre de viabilité de la dette de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI), 12 pays sur 28 sont en situation de surendettement ou exposés à un risque élevé de surendettement. Le recours accru — et plus coûteux — au marché financier dont témoigne la hausse de la part des emprunts non concessionnels dans la composition de la dette publique des pays à faible revenu a pour effet d’accroître l’exposition de ces pays aux risques de taux d'intérêt et de refinancement.
Pays à faible revenu en situation de surendettement
4. Une vulnérabilité accrue aux catastrophes naturelles due à la dépendance à l’agriculture et à des infrastructures moins résilientes
Les catastrophes naturelles liées à la hausse des phénomènes climatiques extrêmes, tels que les inondations et les vagues de sécheresse graves et prolongées, constituent un risque majeur pour l’économie de nombre de pays à faible revenu, et ce principalement pour deux raisons : d’une part, parce que la production agricole y représente souvent une part importante de la valeur ajoutée intérieure et, d’autre part, parce que les infrastructures y sont en général moins résilientes que dans les pays plus développés.
Épisodes météorologiques extrêmes dans les pays à faible revenu
LIENS UTILES
Rapport : Perspectives économiques mondiales
Les perspectives de croissance économique mondiale en cinq graphiques
Comment raviver la croissance de la productivité, en cinq graphiques
Pourquoi l’explosion récente de la dette est préoccupante, en quatre graphiques
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