Accompagner les pays dans leur transition énergétique tout en répondant à la demande croissante d’énergie est l’un des plus grands défis du développement aujourd’hui. L’accès à l’électricité est en effet essentiel pour créer de nouveaux emplois et permettre d'assurer des services fondamentaux, des systèmes d’éclairage et de refroidissement à l’internet haut débit , en passant par des soins de santé modernes et une meilleure éducation.
Or la production de cette énergie si nécessaire à la vie quotidienne et à l'activité économique constitue aussi le principal facteur du changement climatique. Le secteur de l’énergie est actuellement à l’origine d’environ 75 % de la totalité des émissions de gaz à effet de serre (a). En grande partie à cause du charbon, première source d’énergie dans le monde, mais aussi la plus intensive en carbone.
L’abandon du charbon est donc l’une des mesures les plus décisives pour lutter contre le changement climatique. Cette transition vers une économie bas carbone est urgente et indispensable, mais elle doit aussi être juste (a) et ne laisser personne au bord du chemin.
Une tâche difficile nous attend, parce que l’élimination progressive du charbon est complexe (a) et qu'elle prendra du temps. La fermeture des mines de charbon supprime les emplois de ceux qui y travaillent, mais pas seulement : elle touche aussi les travailleurs d’autres secteurs connexes et a des répercussions sur l’ensemble des habitants des régions charbonnières. Cela vaut particulièrement pour les territoires isolés où les infrastructures et les services sont tributaires de l’exploitation minière. Et où la fermeture d’une mine aura des effets en cascade sur toute l’activité économique. Les pays producteurs de charbon ne disposent souvent pas des ressources nécessaires pour protéger les travailleurs et les communautés, réhabiliter les sites et tirer parti des opportunités économiques qu’offre la sortie du charbon. Le potentiel est immense et la promesse d’un avenir meilleur irréfutable. Les économies bas carbone pourraient créer plus de 200 millions de nouveaux emplois nets au cours de la prochaine décennie dans 24 grands marchés émergents. Mais les pays doivent prévoir des politiques d'accompagnement pour veiller à ce que les retombées de l'économie verte soient largement partagées.
La façon dont les pays gèrent la transition revêt une importance capitale. Alors que la transition créera des millions de nouveaux emplois dans le secteur des énergies propres, les ouvriers du charbon et les communautés les plus sinistrées auront du mal à y accéder. En outre, l’impact de la transition sur le plan culturel, psychologique et social (a) risque d'avoir des effets négatifs durables, en particulier dans les régions charbonnières qui connaissent déjà de très fortes inégalités et des taux élevés de pauvreté.
La mise en place d’une transition juste pour tous exige une approche qui mobilise l'ensemble de la société en associant un large éventail de parties prenantes : pouvoirs publics, secteur privé, collectivités, milieux de la recherche et société civile. Une approche intégrée permettra d’atténuer les effets de la sortie du charbon sur les individus et les communautés et de créer des débouchés économiques dans des secteurs plus durables, à la fois localement et au-delà.
Il est notamment crucial de prévoir des dispositifs de protection sociale visant à réduire au minimum l’impact sur les familles et à aider les travailleurs à accéder aux nouveaux emplois disponibles, mais aussi de consentir des investissements publics dans la transition écologique — éducation et formation, infrastructures, services d'aide à la recherche d’emploi et autres programmes liés au marché du travail, sans oublier les interventions menées au niveau communautaire. Le secteur privé et la société civile peuvent apporter des points de vue essentiels et des fonds supplémentaires précieux pour soutenir le développement de modèles économiques viables dans des contextes difficiles. Soutenir une transition juste pour tous nécessite également de s'engager en amont, de nouer de véritables partenariats avec les travailleurs et les communautés concernés et de les associer aux décisions qui permettront de concevoir des solutions pour la transition vers une économie régénératrice et la construction d’une société plus inclusive.
La Banque mondiale accompagne depuis plusieurs décennies la fermeture des mines et des centrales à charbon, en apportant son soutien à des pays situés à diverses étapes du processus de transition. Cet appui consiste à examiner les interdépendances dans le démantèlement des actifs liés au charbon — exploitation minière, transport et centrales électriques, notamment — et à élaborer des programmes de développement des énergies renouvelables pour s’y substituer. Depuis 1995, nous avons fourni plus de 3 milliards de dollars en soutien à la sortie du charbon.
Dans le cadre de notre Plan d’action sur le changement climatique 2021-2025, nous avons renforcé notre engagement à aider les pays à accélérer leur transition vers l’abandon du charbon tout en protégeant les travailleurs, en investissant dans les communautés et en préservant l’environnement.
Forte de plusieurs décennies d'expérience en matière de transition énergétique, la Banque mondiale a développé une approche qui lui permet aujourd’hui d’aider, dans l’ensemble du monde, les autorités nationales, régionales et locales à élaborer des feuilles de route précises en faveur d’une transition juste pour tous. Dans chacune de ces activités, notre appui contribue à bâtir des structures de gouvernance, à soutenir la participation et le bien-être des travailleurs et des communautés touchés, et à réhabiliter et reconvertir les sites miniers et les centrales électriques au charbon mis à l'arrêt. Nous continuons de tirer les leçons de notre action et de mettre à jour notre approche, afin d’améliorer la manière dont nous traitons les conséquences sociales et environnementales de la transition et dont nous favorisons la participation des populations à la prise de décision.
Nous travaillons auprès de pays producteurs de charbon de toutes tailles et, dans chaque région du monde, nous aidons des gouvernements à assimiler, planifier et mettre en œuvre les principes et les pratiques de la transition juste pour tous qui placent l’individu et l’environnement au centre des politiques de sortie du charbon. En outre, nous collaborons de manière étroite avec des partenaires internationaux pour mettre en place des financements, un soutien technique et des orientations stratégiques cohérents et coordonnés pour les pays en transition. Enfin, la Société financière internationale (IFC) travaille également avec le secteur privé et les populations pour concilier enjeux socio-économiques et écologiques dans la transition vers une économie bas carbone.
Notre réponse à la crise climatique est l'enjeu déterminant de notre époque. Une transition juste pour tous est possible, mais elle doit être correctement planifiée afin d’accompagner les travailleurs, les communautés et les entreprises sur la voie d’une économie moins carbonée et d’un environnement plus propre. Cela prendra du temps et c'est pourquoi il faut agir maintenant.
Voir aussi :
- Soutien de la Banque mondiale en faveur d’une transition juste vers la sortie du charbon (a)
- La Banque mondiale et les enjeux de viabilité et inclusion sociales (a)
- La Banque mondiale et le secteur de l'énergie
- La Banque mondiale et le changement climatique
- La Banque mondiale et la protection sociale
- Plan d’action de la Banque mondiale sur le changement climatique
- L’action climatique à l'œuvre dans les pays (a)
- [REPLAY] Assemblées annuelles 2021 : Maximiser l'action climatique
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