Niché sur la côte ouest-africaine, le Bénin compte 13 millions d'habitants et s'engage résolument dans un ambitieux processus de transformation. Le gouvernement a fait preuve d'une ferme volonté dans ses efforts pour faire évoluer la structure de son économie, par l'intermédiaire de réformes et de programmes ambitieux dans des secteurs de développement clés tels que la santé, le tourisme, l'agriculture et les infrastructures. La métropole du Grand Nokoué qui englobe la capitale économique du Bénin, Cotonou, la capitale administrative, Porto-Novo, et deux communes résidentielles, Abomey-Calavi et Sèmè-Podji, est au cœur de ces aspirations. Bouillonnante d'activités économiques et de richesses culturelles, elle compte 2,5 millions d'habitants et contribue pour un tiers au PIB national. Mais malgré son vaste potentiel économique, la région du Grand Nokoué est particulièrement vulnérable au changement climatique, subit des inondations récurrentes et se heurte à des défis environnementaux, notamment dans le domaine de la gestion des déchets solides et liquides. Si aucune solution n'est apportée, ces problèmes risquent d'étouffer le potentiel de la métropole et d'avoir un impact sur la santé et le bien-être de ses habitants.
Relever le défi de l'assainissement : une réalité concrète
Moins de 4 % de la population urbaine béninoise a accès à des systèmes d'assainissement gérés de manière sûre, c'est-à-dire des installations qui ne sont pas utilisées par plusieurs familles et dans lesquelles les excréments sont éliminés en toute sécurité sur place ou enlevés et traités hors site. Alors que les villes continuent de s'étendre à un rythme sans précédent, il devient de plus en plus important de résoudre les problèmes d'assainissement urbain. Dans le Grand Nokoué, la plupart des ménages utilisent des latrines à fosse étanche, des latrines à fosse sèche, des toilettes à chasse d'eau et des fosses septiques, installations gérées par des opérateurs privés qui pratiquent des vidanges manuelles ou utilisent des camions vidangeurs. Malheureusement, pendant longtemps, les boues collectées par ces camions ont été déversées dans une installation inopérante et n'ont pas été traitées avant d'être rejetées dans la mer. Les conséquences ont été désastreuses, affectant la qualité de l'eau, du sol et de la santé publique en général.
Pour remédier à ce problème et pour que davantage de personnes bénéficient d'un service correctement géré, le gouvernement du Bénin a lancé un plan directeur de l'assainissement en 2015. Ce plan préconisait la construction de deux grandes stations de traitement des boues de vidange pour couvrir les besoins en assainissement du Grand Nokoué.
En 2017, la Banque mondiale a contribué à la réalisation de l'une de ces stations de traitement grâce au projet d’accès à l’eau potable en milieu rural et d’assainissement en milieu urbain (PEPRAU).
Le rôle du secteur privé
Une nouvelle station de traitement des boues de vidange, à Sèmè-Kpodji, est devenue opérationnelle en mai 2023 et bénéficie aujourd'hui à plus d'un million de personnes. Une société privée ayant fait ses preuves dans la sous-région exploite l'installation dans le cadre d'un contrat de partenariat public-privé d'une durée de dix ans. Le gouvernement a confié à la Société de gestion des déchets solides (SGDS) la gestion de tous les équipements de l'usine en plus de son mandat initial de gestion des déchets solides. Cela permettra de suivre les performances de l'opérateur privé et d'améliorer la chaîne de valeur de la gestion des boues de vidange en général.
L'impact de ce projet va bien au-delà des chiffres et des infrastructures : il change la vie, et les habitants du Grand Nokoué font état désormais d'un environnement plus propre, d'une réduction des maladies et d'un sentiment de fierté retrouvé.
Retour d'expérience et enseignements pour un avenir plus sai
Huit ans sont passés entre la conception et la mise en service de l’installation, et ce délai n’a rien d’inhabituel dans les pays en développement. Il souligne la nécessité d'une planification à long terme et d'une adaptation dynamique dans les projets d'assainissement. La bonne anticipation dans le choix du site du projet PEPRAU permettra des extensions, ce qui témoigne d'un engagement non seulement pour les besoins actuels, mais aussi pour les demandes futures. Ce long parcours démontre toute l'importance de la collaboration entre les gouvernements, les organisations internationales et les communautés locales pour relever les défis mondiaux.
À l'occasion de la Journée mondiale des toilettes, nous saluons les progrès accomplis au Bénin. Il ne s'agit pas seulement de construire des installations, mais de jeter les bases d'un avenir plus sain et plus durable. À la faveur d’une volonté et d’une collaboration soutenues, les enseignements tirés de ce projet peuvent ouvrir la voie à des transformations similaires dans le monde entier et ainsi faire en sorte que l'assainissement ne soit pas un luxe, mais un droit fondamental pour tous.
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