Ce billet est le troisième d’une série de 11 publications détaillant les points abordés dans la dernière édition du Commodity Markets Outlook (octobre 2022), le rapport de la Banque mondiale sur les perspectives des marchés des produits de base.
Les prix des produits alimentaires ont baissé au troisième trimestre de 2022, mais ils devraient rester élevés au regard des tendances historiques. L’indice des prix alimentaires de la Banque mondiale a cédé 12 % par rapport au trimestre précédent, après avoir atteint un niveau record en avril. Il reste cependant supérieur de près de 20 % à celui enregistré il y a un an. Par ailleurs, en raison des dépréciations monétaires, les prix alimentaires en monnaie nationale demeurent élevés. Les prix des denrées alimentaires devraient baisser de 5 % en 2023, avant de se stabiliser en 2024. Malgré ces prévisions à la baisse, les prix de la plupart des matières premières alimentaires resteront élevés au regard des tendances historiques. Les prévisions sont en outre sujettes à de nombreux risques.
L'offre mondiale de céréales devrait se réduire en 2022-2023. Alors que l’offre mondiale de blé devrait augmenter légèrement au cours de la campagne actuelle (qui a débuté en août), les approvisionnements en maïs et en riz devraient diminuer de 5 % et 2 %, respectivement. Ces baisses sont imputables au déclin de la production aux États-Unis et dans l’Union européenne (maïs) ainsi qu’en Chine et en Inde (riz). En revanche, l’offre d’huiles alimentaires devrait progresser de 4 %, à la faveur principalement d’une hausse de la production d’huiles de palme, de colza et de soja.
Les stocks alimentaires mondiaux devraient diminuer pour une troisième année consécutive. La baisse de l’approvisionnement mondial en céréales va ramener à 27 % le ratio stocks/utilisation des matières premières alimentaires, un agrégat qui mesure le niveau de l'offre par rapport à celui de la consommation pour 12 produits. Ce ratio, en déclin par rapport au niveau record de 30,6 % atteint en 2017, est beaucoup plus élevé que son niveau le plus bas (17,2 % en 2006-2007).
L’inflation des prix alimentaires intérieurs perdure dans de nombreux pays. Les ruptures d’approvisionnement, l’augmentation des coûts de production et l’appréciation du dollar ont exercé une pression à la hausse sur les prix alimentaires intérieurs dans la plupart des pays. Au cours des trois premiers trimestres de 2022, l’inflation alimentaire s’est établie en moyenne à 20 % (en glissement annuel) en Asie du Sud et à 14 % dans la plupart des autres régions. L’Asie de l'Est-Pacifique fait exception : l’inflation des prix alimentaires n'a atteint que 6 % en moyenne, ce qui s’explique en partie par la stabilité des prix du riz, principale denrée de base dans cette région.
Les prévisions relatives aux prix alimentaires sont sujettes à de nombreux risques (a). Ces risques concernent principalement l'éventualité d’une hausse plus forte que prévu du prix des intrants ou les incertitudes quant aux perturbations de l’approvisionnement énergétique. Par ailleurs, une détérioration plus prononcée des perspectives économiques mondiales pourrait restreindre le pouvoir d’achat des consommateurs, tandis qu'un nouveau resserrement des conditions monétaires, conjugué à une appréciation plus marquée du dollar, pourrait encore accentuer la hausse des prix intérieurs. Des conditions météorologiques défavorables (dont notamment la présence du phénomène La Niña pour la troisième année consécutive) et le recours à des politiques commerciales restrictives pourraient également faire grimper les prix des denrées alimentaires. Enfin, un autre risque majeur qui pèse sur ces prévisions réside dans la prolongation (ou non) de l’accord sur les exportations de céréales en mer Noire, négocié sous l'égide de l’ONU.
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