Partenariats de gestion collaborative (PGC) : comment les PPP font progresser la conservation et le développement en Afrique ?

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Dans le parc national de l?Akagera, au Rwanda, un partenariat de gestion collaborative a suscité des investissements privés qui ont entraîné une augmentation du tourisme et de l?emploi local. | © BGStock72, Shutterstock Dans le parc national de l’Akagera, au Rwanda, un partenariat de gestion collaborative a suscité des investissements privés qui ont entraîné une augmentation du tourisme et de l’emploi local. | © BGStock72, Shutterstock

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Eugène Mutangana est l’expert en gestion de la conservation du Rwanda Development Board (RDB), le service chargé des incroyables parcs et faune du Rwanda. Il était auparavant le gardien en chef du parc national de l’Akagera, situé dans l’est du pays. Fervent défenseur de l’environnement, Eugène se souvient des incursions permanentes de bétail, des incendies et du braconnage, ainsi que du déclin dramatique de la faune qui s’en est suivi. Sans un budget, une équipe et une capacité adéquats, le personnel du parc n’aurait jamais pu surmonter ces défis. 

Convaincues de la valeur du parc national de l’Akagera, les autorités du Rwanda ont décidé en 2010, de s’associer à l’ONG African Parks pour le gérer dans le cadre d’un PGC. Avec le temps, la gestion du parc a gagné en efficacité, et la faune - rhinocéros et lions - s’est rétablie. Grâce à  l’amélioration de la gestion, du rebond écologique et de la perspective d’un accord de PGC à long terme, des investisseurs touristiques de premier plan tels que Wilderness Safaris et Mantis ont implanté des installations de calibre mondial à l’Akagera. En 2020, le parc générait plus de 2,5 millions de dollars annuels grâce au tourisme axé sur la nature, et employait 273 personnes (dont 99 % de Rwandais). Le partenariat entre le RDB et African Parks a permis de convertir une aire de conservation non opérationnelle en un moteur de l’économie locale et nationale, fournissant des moyens de subsistance, protégeant une faune d’importance mondiale et préservant les écosystèmes essentiels.  

Qu’est-ce qu’un partenariat de gestion collaborative ?  

Un PGC est un accord contractuel entre une autorité d’aire protégée (AP) (publique, privée ou communautaire) et un partenaire (privé ou ONG) en vue de gérer une AP de manière collaborative.  À travers ce partenariat public-privé (PPP), l’autorité d’AP délègue au partenaire certaines responsabilités de gestion, et dans la plupart des cas, des obligations de financement. La durée du contrat varie et dépend des objectifs de l’autorité d’AP.  

Tous les PGC ne sont pas les mêmes  

Il en existe de trois types différents :  

  • l’appui financier et technique dans lequel l’autorité d’AP conserve le contrôle de la gouvernance et le partenaire apporte son soutien ;  
  • la cogestion qui peut être : bilatérale lorsque l’État et le partenaire conviennent de collaborer dans le cadre d’un accord de gestion et œuvrent côte à côte au sein de l’AP, ou bien intégrée lorsque l’État et le partenaire gèrent une aire de manière collaborative à travers une entité ad hoc (SPV – special purpose vehicle) avec égale représentation au conseil d’administration ;  
  • délégué, similaire au partenariat intégré, mais avec davantage de droits accordés au partenaire et une majorité du conseil d’administration nommée par lui. Ces modèles sont décrits dans la Boîte à outils pour les partenariats de gestion collaborative.  

À l’instar du Rwanda, 14 autres pays d’Afrique ont conclu des PGC de cogestion et délégués, couvrant plus de 11 % de l’étendue des AP en Afrique.  

Pourquoi autant d’États participent-ils à des PGC ?  

Même s’il est aujourd’hui reconnu que les AP ont une réelle valeur pour la biodiversité et jouent un rôle important dans la protection du capital naturel et des services écosystémiques de la planète ainsi que dans l’atténuation des impacts du changement climatique, leur bonne gestion souffre encore d’un énorme déficit de financement. La recherche a établi par exemple, qu’en Afrique, 1,5 milliard de dollars sont nécessaires chaque année pour gérer efficacement les AP comportant des lions. Cet écart de financement et d’autres facteurs ont entraîné une sous-performance de nombreuses AP, mettant en péril les espèces, les écosystèmes et le développement inclusif.  

Alors que certains des premiers PGC avaient été développés dans les années 2000 en réponse au braconnage des éléphants, les partenariats plus récents stratégiquement forgés par les États pour la gestion d’AP dans le cadre de PGC visent à combler les déficits budgétaires des AP, à améliorer le développement rural, à réaliser les engagements de conservation nationaux et mondiaux, et à attirer l’investissement touristique. Une nouvelle publication de la Banque mondiale montre que pour chaque dollar investi par les États dans les aires protégées et le soutien au tourisme axé sur la nature, le taux de rentabilité économique est d’au moins six fois supérieur à l’investissement initial. 

Le Programme mondial pour la vie sauvage (GWP – Global Wildlife Program), un partenariat financé par le Fonds pour l’environnement mondial (FEM), aide les États à tirer pleinement parti du potentiel de leurs AP. Ainsi, le Projet de diversification économique et forestière appuyé par le FEM et administré par la Banque mondiale soutient le parc national de Nouabalé-Ndoki, actuellement géré dans le cadre d’un PGC entre la République du Congo et la Wildlife Conservation Society. Le projet améliore l’accès au parc et à ses infrastructures touristiques, y compris l’hébergement et la restauration. En employant des guides locaux et en soutenant les activités culturelles, le projet cherche à diversifier les moyens de subsistance dans la région et à garantir que la population locale profite du succès du parc. Une campagne de marketing est un atout essentiel pour la promotion du parc. 

Les PGC, ça fonctionne !  

La recherche a mis en évidence qu’en Afrique, le financement médian des AP ayant des PGC est 2,6 fois supérieur au niveau de référence des AP sans PGC, et 14,6 fois plus élevé pour les PGC délégués . Cette augmentation du financement permet aux autorités d’AP de concevoir  des plans de manière appropriée, d’embaucher du personnel et d’attirer des investissements durables.  

Le Mozambique a reconnu ce potentiel et mis en place cinq PGC de cogestion et délégués, ainsi que d’autres PGC de soutien financier et technique. La faune du parc national de Gorongosa avait été décimée pendant la guerre civile, avec une perte d’environ 95 % de ses grands mammifères. Grâce à un PGC entre l’État et la Fondation Greg Carr, le parc est aujourd’hui l’un des plus beaux exemples mondiaux de rétablissement d’une aire protégée. Fort de ce succès, un projet du GWP réalisé par l’Administration nationale des aires de conservation et le projet Gorongosa, soutenu par le PNUD, aide à renforcer la gestion communautaire de la faune. 

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Les gardes du parc de Gorongosa distribuent des rations alimentaires d’urgence durant les jours qui ont suivi le cyclone Idai en mars 2019. Crédit photo : Parc national de Gorongosa
Les gardes du parc de Gorongosa distribuent des rations alimentaires d’urgence durant les jours qui ont suivi le cyclone Idai en mars 2019. Crédit photo : Parc national de Gorongosa


« J’espère que le modèle de Gorongosa créera de nouveaux défenseurs et bailleurs de fonds pour des projets intégrés de conservation et de développement au Mozambique et en Afrique, en promouvant une nouvelle vision positive des parcs nationaux africains en tant que “moteurs du développement humain durable” »
– Dominique Gonçalves, écologiste mozambicaine spécialisée dans la protection des éléphants dans le parc national de Gorongosa.

 

Ce sont cette réussite et le vif intérêt des pouvoirs publics et autres parties prenantes pour les PGC qui ont amené le GWP à développer sa Boîte à outils pour les PGC. Celle-ci constitue pour les pouvoirs publics, les ONG, les communautés, le secteur privé et les donateurs du monde entier, une ressource expliquant comment s’engager dans des PGC. À mesure que les États envisageront de gérer et d’étendre leurs réseaux d’AP pour se préparer au cadre de la biodiversité post-2020, le besoin de PGC augmentera.  

Si vous souhaitez en savoir plus sur la manière dont les PGC peuvent faire avancer les objectifs de conservation et de développement des aires protégées, cliquez ici

N.B. : Ce billet ne reflète pas nécessairement le point de vue du Groupe de la Banque mondiale, de son personnel ou des gouvernements qu’il représente. Le Groupe de la Banque mondiale ne garantit pas l’exactitude des données, des constats et de l’analyse qui y figurent. 

 

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Auteurs

David Maleki

Environmental Specialist, World Bank

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